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La médiocratie à l’épreuve de l’affaire Finkielkraut

La médiocratie à l’épreuve de l’affaire Finkielkraut

par | 19 février 2019 | Société

La médiocratie à l’épreuve de l’affaire Finkielkraut

Par Pierre Boisguilbert, journaliste spécialiste des médias et chroniqueur de politique étrangère ♦ Alain Finkielkraut a un phrasé difficile à suivre. Mais quand on fait le tri, sa pensée est assez claire. Il est bien plus lucide en tout cas que les journalistes qui l’interrogent et, d’ ailleurs déçus par ses réponses, feignent de ne pas le comprendre. Pour eux, le sujet de façon obsessionnelle est le retour de l’antisémitisme des années 30 par des méchants néo-nazis ayant infiltré les Gilets jaunes. Finkielkraut leur explique patiemment qu’il n’en est rien, mais il n’est pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre.


La réalité est pourtant aveuglante. Le philosophe chantre d’Israël et grand imprécateur de l’islamisation de la société française n’a pas été victime d’insultes antisémites, mais d’insultes antisionistes. Le problème c’est que pour la caste journalistique, cet amalgame-là est un devoir, contrairement à tous les autres — notamment entre islam et terrorisme. Elle a tout de même du mal à expliquer que les termes « facho » et « raciste » accolés à l’académicien sont des insultes… antisémites !

Finkielkraut, lui, a tout compris. Le nouvel antisémitisme qui menace les juifs de France est fondé sur l’idée gauchiste et islamiste que les Israéliens sont devenus les nazis des Palestiniens. C’est plus difficile à combattre que ces bons vieux néo-nazis condamnés moralement puisque la morale est passée du côté des victimes de l’état hébreu. Mais la Mediaklatura formatée depuis soixante ans par un antiracisme non évolutif et dogmatique est incapable de percevoir et de nommer la nouvelle réalité.

L’islamogauchisme est présent dans les Gilets jaunes comme le prouve un manifestant salafiste à la barbe teinte appelant à la punition de Dieu sur l’intellectuel et affirmant que la France est « à nous » — c’est à dire aux musulmans et pas aux juifs, forcément sionistes.

Bien sûr, il y a parfois amalgame entre le juif français et le partisan d’Israël et l’antisionisme rejoint par sa jambe d’extrême gauche l’antisémitisme, mais pas celui des années 30 de l’autre siècle.

Alain Finkielkraut pose une autre bonne question : celle de la conjonction des détestations des juifs. Il est très inquiet de la stratégie Dieudonné-Soral qui viserait à un front Grand Black/Petit blanc et Beurs contre les partisans de Sion et la religion de la Shoah. C’est sans doute donner beaucoup d’importances à un courant de pensée marginal, de plus dynamité par les attentats islamistes. On ne peut s’unir à ceux que l’on veut égorger.

Le mouvement des Gilets jaunes, sorte de trumpisme à la française, peut il déboucher par l’antisionisme militant sur une résurgence de l’antique antisémitisme européen ?

Les risques sont infimes, sauf si les médias et les organisations antiracistes continuent volontairement à tout mélanger et persistent par leur stupide amalgame à créer une très dangereuse convergence.

Pierre Boisguilbert
19/02/2019

Source : Correspondance Polémia

Crédit photo : Claude Truong-Ngoc [CC BY-SA 3.0]

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