Entretien avec Marion Maréchal réalisé par Le Salon Beige ♦ L’ISSEP a récemment accueilli ses premiers étudiants. L’occasion pour Marion Maréchal d’expliquer au Salon Beige que cette école offre bien de nombreux débouchés grâce à un solide réseau professionnel. La présidente de l’ISSEP a par ailleurs souligné que, contrairement à d’autres écoles de commerce, la formation lyonnaise mettait fortement l’accent sur la culture générale. Une différenciation qui passe également par une « ouverture sur le monde [n’impliquant] pas le détachement de son pays ».
Une culture générale solide pour former des esprits critiques libres
Qu’est-ce qui distingue l’ISSEP d’une autre école de commerce ?
L’ISSEP est avant tout une école supérieure privée de sciences politiques qui a l’originalité de proposer des cours de management en complément. Nous allions les savoirs des affaires publiques et les connaissances fondamentales du monde entrepreneurial en vue de former de futurs dirigeants aptes à travailler en mode projet dans l’univers politique comme dans l’entreprise privé.
Nous n’adhérons pas à la vision utilitariste de l’éducation qui prédomine malheureusement dans de nombreuses grandes écoles. Celle-ci consiste à vendre uniquement des compétences “rentables” immédiatement exploitables et mesurables sur le marché du travail. Ces compétences sont évidemment indispensables mais prennent tout leur sens lorsqu’elles s’articulent avec un savoir-être. Nous poursuivons cet objectif à l’ISSEP: former la personne dans son entièreté.
Pour prendre un exemple emblématique, la culture générale est trop souvent considérée dans ces écoles comme un simple “bagage”, un “avoir” optionnel et non comme un préalable incontournable à la formation intellectuelle et morale de la personne. Pourtant la culture relève bien de l’ “être” et non de l’ “avoir”. C’est précisément à travers une culture générale solide que nous formerons des esprits critiques, libres et aptes au discernement mais aussi des personnes enracinées dans une culture et une histoire. Car voilà une autre originalité de l’ISSEP: nous souhaitons faire émerger une nouvelle génération de dirigeants patriotes, autrement dit attachés à la réussite, à l’indépendance et à l’intégrité de leur pays. Le “patriotisme” est un mot qui a disparu depuis longtemps des bancs des écoles chargées de la formation de nos futures élites. Celles-ci transmettent plus ou moins ouvertement tous les poncifs sur la mondialisation heureuse, le libéralisme débridé, la fin des frontières etc. Certaines vont même jusqu’à adhérer ouvertement à tous les délires contemporains de la théorie du genre à l’écriture inclusive.
L’ISSEP offre donc une véritable alternative éducative à tous les étudiants et parents qui n’en peuvent plus de ces écoles “moules à gaufre”.
« La culture générale, c’est l’art du commandement »
Le management est un peu au gouvernement,des hommes ce que le “globish” est à la langue maternelle. Comment peut-on concilier management et enracinement ?
Sur le terme avant tout, en dépit des apparences le terme management est un mot anglais d’origine française issu du vieux français mesnager. Voilà qui nous console un peu! Le management est la science de la direction des hommes ou plutôt l’art de la direction des hommes car il n’y a pas de règles mathématiques pour encadrer/commander/diriger des hommes et des femmes. Le management des business school classiques a son intérêt dans la transmission de certains outils, processus, indicateurs ou réflexes basiques qui peuvent faciliter l’encadrement d’équipe. Mais cette matière peut rapidement sembler insatisfaisante ou “vaseuse” (d’autant plus si elle recoupe le fameux “coaching”! ) si elle n’est pas associée à une connaissance presque anthropologique des besoins et du fonctionnement humain. Le chef est avant tout celui qui fait grandir l’autre et lui permet de donner du sens à son travail. Par ailleurs, la capacité du vrai chef à porter une vision et à fixer de bons objectifs passe principalement par son esprit critique et de discernement. En matière de discernement, il ne peut y avoir meilleure formation que la culture générale et les Humanités. “La culture générale, c’est l’art du commandement” disait de Gaulle. Partant de ce pré-supposé sur la formation, comment concilier management et enracinement ? et bien tout simplement en formant des dirigeants/managers intégrés dans un territoire et une culture, qui n’ont pas l’argent comme seule clé de lecture de leur réussite et qui abordent l’environnement humain, les conditions sociales et la démarche écologique comme partie intégrante de leur projet professionnel et comme facteur clé de succès.
« Nous avons construit un réseau de chefs d’entreprise et de managers »
Combien avez-vous d’inscrits pour cette première promotion ?
Formation continue et magistère compris nous sommes à une soixante d’élèves pour cette première année. Ce qui était dans nos objectifs. Nous nous donnons trois ans pour atteindre notre vitesse de croisière. Par ailleurs un deuxième cycle de formation continue ouvrira en janvier pour accueillir 50 étudiants supplémentaires. Les inscriptions sont déjà ouvertes.
Comment envisagez-vous les débouchés pour les élèves qui seront passés par cette formation ?
Nous ne vendons pas un diplôme mais bien une formation d’excellence et une insertion réussie dans la vie professionnelle. C’est pourquoi nous avons construit un réseau de chefs d’entreprise et de managers qui assurent un tutorat, garantissent les stages de nos étudiants et pourront offrir des opportunités professionnelles en sortie de cursus de magistère. Nous sommes dans un cadre parfaitement classique et plusieurs écoles supérieures privées de grande qualité en France proposent des diplômes non reconnus et intégrant parfaitement leurs étudiants dans la vie active. De plus en plus d’employeurs recherchent des personnalités en dehors des champs classiques.
Pour la formation continue, le programme se déroule un week-end par mois sur dix mois et repose sur quatre piliers: la direction des hommes, le management de projet, la communication et la culture générale autour de grands enjeux de société. Elle s’adresse à un public actif ou étudiant qui recherche des connaissances et des outils en vue d’un engagement politique ou métapolitique à venir. Les managers ou chefs d’entreprise peuvent également trouver des éléments à exploiter dans leur vie professionnelle.
« L’ouverture sur le monde n’implique pas le détachement de son pays »
Avez-vous pu trouver des partenariats avec d’autres établissements pour les diplômes ?
Nous sommes actuellement en pourparler avec plusieurs établissements au sein de l’Union européenne et en dehors. Cela avance bien et je suis très optimiste sur notre capacité à construire la dimension internationale de l’ISSEP dès l’année prochaine. Il est très important pour nous de construire ces partenariats pour enrichir notre pédagogie et démontrer que l’ouverture sur le monde n’implique pas le détachement de son pays. Nous cherchons à construire un équilibre entre le local et le global dans un monde globalisé qui a besoin des forces nationales pour poser des limites.
Pour sa première rentrée, l’ISSEP accueille des élèves de magistère de management de projets et de sciences politiques. Envisagez-vous d’élargir la palette de vos formations, soit par d’autres thématiques, soit en développant des licences ?
L’objectif à terme est de proposer aux étudiants l’ensemble de la formation initiale post-bac sur 5 ans ainsi que des formations en “e-learning” autrement dit des formations digitales et à distance. Si le succès attendu est au rendez-vous nous pourrons également imaginer l’ouverture d’autres magistères spécialisés ou des formations continues thématiques. Nous ne manquons ni d’idées, ni d’ambition et nous tablons sur la phrase géniale de Victor Hugo: “Rien n’est plus fort qu’une idée dont l’heure est venue”.
Marion Maréchal
06/10/2018
Source : Le Salon Beige
Crédit photo :
Gage Skidmore [CC BY-SA 2.0] via Flickr