Il est toujours tentant, lorsque l’on manque de courage politique, de demander aux autres d’en avoir pour deux. C’est cet art consommé de l’esquive qui conduit François Hollande, abrité derrière le « dialogue social à la française », à sous-traiter au patronat et aux syndicats ce qu’il n’ose lui-même décider pour réformer la France. Après un premier test à moitié réussi sur les retraites complémentaires – qui a de facto débouché sur un report de l’âge de départ à 63 ans dans le privé – voici donc venir l’affaire de l’assurance-chômage.
De quoi s’agit-il ? Lesté de 30 milliards de dettes, ce système doit être réformé par les partenaires sociaux. Relayé par ses ministres, le chef de l’État, dont le quinquennat restera marqué au fer rouge par l’échec de la lutte contre le chômage, leur suggère la voie à suivre : rendre les allocations dégressives. Autrement dit, assumer une déclaration de guerre à toute la gauche, qu’il n’était pas question, par les temps qui courent, de réduire les droits des chômeurs… L’avenir dira si ces savants calculs produiront l’effet escompté ou feront long feu. Mais une chose est sûre : cette stratégie du contournement, par une sorte de marche de crabe, n’est pas le chemin le plus court pour redresser le pays.
De l’autre coté des Alpes, Matteo Renzi a décidé de faire tout l’inverse. Pendant que François Hollande distribue les contrats aidés, le premier ministre italien désigne les problèmes par leur nom et les traite sans biaiser. C’est ce qui l’a conduit à modifier en profondeur le marché du travail en quelques mois seulement, en y introduisant davantage de flexibilité et en créant un contrat unique. Il en retire aujourd’hui les bénéfices, avec une amélioration spectaculaire sur le front de l’emploi. Ce qui vaut en Italie vaut aussi en Espagne, en Angleterre ou en Allemagne : chez tous nos voisins, la croissance revient et le chômage recule, sous l’effet des réformes. La France, elle a désespérément opté pour l’immobilisme. Elle en paie chaque jour le prix.
Gaëtan de Capèle
Source : Le Figaro du 02/02/2016