Par Jean-Yves Le Gallou, ancien député européen, créateur et président de la Fondation Polémia, essayiste, auteur de nombreux livres politiques. ♦ Brexit, échec du référendum constitutionnel de Renzi en Italie, élection de Trump, élimination de Juppé de la primaire des Républicains : les médias du Système n’en finissaient pas d’accumuler les échecs. Avec la qualification de Macron pour le second tour de l’élection présidentielle et sa victoire quasi certaine, ils tiennent leur revanche.
Le succès de Macron a été construit en quatre temps
1-Elaboration d’un produit marketing : le vide sidéral d’un projet électoral pour conseil municipal des enfants porté par une personnalité présentée comme neuve. Pour éviter de changer le contenu de la potion politique hollandaise (libérale/libertaire) on change le flacon. Tout dans la pub rien dans la tête. « Un Beppe Grillo en costume Armani » (Accoyer).
Voir aussi : 2-Une fois le produit défini, grand battage médiatique à coups de « unes » des hebdos, une publicité politique hors frais de campagne. Et une peopolisation intensive organisée par Mimi Marchand, la chargée d’images des stars qui va glamouriser le couple Macron. A la suite d’un dîner organisé par deux magnats des médias : Xavier Niel, groupe Le Monde, et Delphine Arnault, groupe LVMH.
La starification des Macrons à 20’28’’ :
https://www.youtube.com/watch?v=8NXjSjy0scY&t=2253s
3-La notoriété étant assurée, les sondeurs participent à la construction du vote. Comme l’a avoué – dans un lapsus révélateur – Jérome Fourquet, patron de l’IFOP : « On a installé dans l’opinion l’idée que Macron serait présent au deuxième tour ».
Comment les sondages construisent le vote :
https://www.youtube.com/watch?v=k0PzmaQSEDw
4-Pour assurer le coup, ce qu’il faut bien appeler un « cabinet noir » organise le calage du calendrier judiciaire et du calendrier médiatique à propos d’« affaires » feuilletonnisées : contre François Fillon principalement mais aussi –on n’est jamais trop prudent – contre Marine Le Pen.
Cette admirable opération de propagande médiatique permet de rassembler autour de Macron un électorat centriste et un l’électorat de type Terra nova (bobos de centre-ville et une partie de la banlieue). Le marais suiviste se mobilise aussi dans une double démarche : rejoindre au moins symboliquement le camp du « bien » (« contre la droite réactionnaire et l’extrême droite ») et celui des vainqueurs de la mondialisation.
La revanche de l’upper class
https://www.polemia.com/emmanuel-macron-la-revanche-de-lupper-class/?utm_source=La+Lettre+de+Pol%C3%A9mia&utm_campaign=71d91caab4-lettre_de_polemia&utm_medium=email&utm_term=0_e536e3990e-71d91caab4-57760273
Macron : la quadruple soumission
Ce succès de Macron, s’il devait se confirmer par sa très probable élection, traduirait une quadruple soumission :
- Soumission des élites aux convenances conduisant toute la direction politique des Républicains à se rallier à la réincarnation de Hollande et au candidat de l’oligarchie de la finance et des lobbies. Même les plus conservateurs d’entre eux comme « Sens commun » se refusant d’appeler à faire barrage à un candidat partisan de la loi Taubira, de la PMA et de la GPA.
- Soumission du peuple au conformisme médiatique politiquement correct : les électeurs votent là où on leur dit de voter et surtout contre qui on leur dit de voter. Il faut pouvoir avoir un vote « valorisant » à la table familiale et surtout au restaurant d’entreprise (c’est plus sûr pour la carrière ou la tranquillité).
- Soumission à l’islamiquement correct : Macron c’est le candidat sans programme face au terrorisme ; Macron c’est aussi la complaisance vis-à-vis des islamistes : ainsi Mohamed Saou, référent En Marche du 95, fort compréhensif à propos de l’attentat contre les « blasphémateurs » de Charlie Hebdo, est qualifié de « type bien » par Macron. C’est aussi la reconnaissance de la culpabilité coloniale de la France. C’est enfin la promesse de largesses pour les banlieues de l’immigration.
- Soumission aux Intérêts étrangers mondialistes et pro-OTAN : la promotion éclair de Macron ne peut s’expliquer que par sa sélection précoce comme « Young leader» de la « French American Foundation » à 32 ans et invité du groupe Bilderberg à 34 ans. Au fait, qui paie ce type de déplacement privé plus cher qu’un costard ? (https://www.polemia.com/macron-plus-que-le-choix-des-medias-le-choix-des-reseaux-de-pouvoir/)
Alors Macron est-il encore arrêtable ? Oui, s’il était attaqué frontalement et démasqué pour ce qu’il est : le candidat du parti de l’étranger. De la mondialisation et de l’immigration. Oui, si les médias qui l’ont fait étaient dénoncés pour ce qu’ils sont : des MédiasDePropagande.
Jean-Yves Le Gallou
24/04/2017
Image : « Moi, je n’ai pas de leçon à recevoir du petit milieu parisien », a lancé Emmanuel Macron, dimanche 23 avril, à La Rotonde, brasserie du VIe arrondissement choisie pour célébrer sa victoire.
(Voir http://www.rtl.fr/actu/politique/emmanuel-macron-s-explique-sur-sa-soiree-de-victoire-a-la-rotonde-7788261047)
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