En amont du colloque sur « L’univers esthétique des Européens », qui se tiendra à Paris le 25 avril, Polémia édite un entretien que nous avons eu avec Jean-Yves Le Gallou, co-fondateur de l’Institut Iliade.
« Il peut y avoir choc de civilisations : la charia n’est pas compatible avec les valeurs européennes et la burka peut difficilement cohabiter avec la minijupe ».
Polémia : L’ILIADE organise son deuxième colloque samedi 25 avril 2015 sur le thème de « L’univers esthétique des Européens ». Vous êtes avec Bernard Lugan et Philippe Conrad le co-fondateur de cet Institut pour la longue mémoire européenne, pourquoi ?
Jean-Yves Le Gallou : Cet institut de formation et de transmission de la mémoire européenne a été voulu par Dominique Venner. L’écrivain au cœur rebelle nous a chargés de sa création avant d’accomplir son geste sacrificiel en mai 2013 : créer cet Institut était pour nous un engagement d’honneur. Le 21 juin 2014 l’ILIADE a été fondé au sommet du mont Olympe. Notre analyse est la suivante : le Grand Remplacement (de population) est rendu possible par le grand effacement (de notre mémoire) ; nous devons y faire face par le grand ressourcement (dans notre culture et nos traditions).
Le thème de ce deuxième colloque « L’univers esthétique des Européens » n’est-il pas excessivement intellectuel ?
Je ne crois pas. Bien sûr on se bat contre ce qui nous menace. Mais on se bat mieux quand on a une claire conscience de son
identité, une vue du monde, et quoi de plus fort que l’esthétique pour la traduire ? Notre colloque sera « total » : des communications fortes, bien sûr, mais aussi des images de hauts lieux européens (Brocéliande, le Mont Palatin, la Tour de Belem, le Château de la Wartbourg), bref, une évocation des univers celte, latin et germanique. Et une salle décorée notamment d’une grande tenture représentant Diane, la gardienne de la nature. Il s’agit d’un grand panneau décoratif réalisé en Anjou par des artistes françaises. Nous avons aussi fait appel à des peintres et des graphistes pour réaliser des affiches illustrant le thème du colloque. Elles seront en vente sur place. Ce colloque est une pièce majeure dans le dispositif de reconquête culturelle, donc également artistique, qu’il nous faut bâtir.
Vous n’intervenez pas vous-même à ce colloque, pourquoi ?
Précisément parce qu’il ne s’agit pas d’un colloque politique mais d’un colloque culturel. Métapolitique aussi. Nous avons fait appel à de grands intellectuels et à des écrivains reconnus qui marient le talent et l’esprit de dissidence : Alain de Benoist, qui interviendra sur « L’art européen, un art de la représentation », Slobodan Despot (« L’art européen et le sentiment de la Nature »), Christopher Gérard (« La beauté et le sacré »), Jean-François Gautier (« La polyphonie du monde ») ou encore Javier Portella (« La dissidence par la beauté »). D’autres invités (Duarte Branquinho, Adriano Scianca, Philip Stein, Marie Monvoisin) présenteront chacun « un lieu où souffle l’esprit » de la civilisation européenne.
Ce colloque s’inscrit-il dans la perspective du choc de civilisations ?
Tout dépend de ce qu’on entend par là.
Je ne crois pas que le concept de choc de civilisations soit pertinent géopolitiquement : on peut être allié avec des Etats représentant des peuples de civilisation différente et s’opposer à des ensembles culturellement plus proches.
Mais il est vrai que sur un territoire donné il peut y avoir choc de civilisations : la charia n’est pas compatible avec les valeurs européennes et la burka peut difficilement cohabiter avec la minijupe.
Plus globalement, n’y a-t-il pas un conflit entre un art européen de la représentation et les tendances iconoclastes venues d’Orient ?
Assurément. La civilisation européenne est une civilisation de la représentation humaine et divine ; une civilisation de l’incarnation où il y a du divin dans l’homme (tradition de l’Antiquité et de la Renaissance) et où Dieu se fait homme (christianisme). Rien de comparable dans le judaïsme, encore moins dans l’islam.
Et nous traversons une période iconoclaste…
Beaucoup de musulmans veulent interdire la représentation de Mahomet par la caricature, mais aussi dans la peinture : à Bologne des fresques du XVe siècle sont menacées d’interdits. Et l’enseignement de Dante qui a représenté Mahomet en Enfer fait polémique…
Il y a d’autres formes de pensée iconoclaste ?
Oui, la dictature du (non)–art contemporain en est une. C’est la fumisterie de « l’art conceptuel » doublé de l’interdit sur le figuratif.
La dictature de la laideur aussi ?
Oui.
La France et l’Europe sont belles. L’utilitarisme marchand et les lobbys imposent leur dénaturation : infrastructures de transport traumatisantes, grandes surfaces commerciales étendant leurs entrepôts à l’infini, éoliennes normalisant les paysages du Jutland au Péloponnèse, détritus spéculatifs imposés à la vue de tous dans les musées…
Quelle conclusion ?
Ce sera l’essayiste espagnol Javier Portella qui la tirera en nous parlant de « La dissidence par la beauté ».
Jean-Yves Le Gallou
15/04/2015
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