En Europe, comme en France, une crise chasse l’autre. Pendant quelques jours ou quelques semaines tous les médias se focalisent sur un événement majeur puis le délaissent au profit d’une actualité encore plus brûlante, voire dramatique. Ces derniers mois, nous avons connu trois crises en lien avec l’Union européenne : la grecque avec l’élection de Tsipras (qui rebondit à la suite des nouvelles élections), la crise agricole autour du marché du porc et enfin celle que nous vivons actuellement avec les quotas de « migrants » désormais appelés « réfugiés » car les clandestins ont disparu… de la bouche de nos dirigeants. Ces crises qui se succèdent et s’effacent les unes après les autres nous empêchent de les situer dans un ensemble et de discerner les liens entre elles.
« Marine Le Pen n’a jamais été aussi proche du pouvoir car la crise actuelle valide ses analyses et les Français s’en rendent de plus en plus compte. »
Or, il y a bien un fil commun très clair : pour échapper à ces crises, à défaut de les résoudre, il faut prendre le contre-pied des principes fondateurs de l’Union européenne, du traité de Maastricht comme des accords de Schengen.
Rappelons les piliers de la construction européenne : libre circulation des personnes, des biens et des capitaux dans le cadre d’une « concurrence libre et non faussée ». C’est précisément tout cela qui est actuellement battu en brèche. Prenons la « libre circulation des capitaux » : celle-là n’existe plus depuis que la Grèce, avec l’approbation empressée de Bruxelles, a instauré le contrôle des changes empêchant les transactions internationales mais aussi et surtout intra-européennes ; la « concurrence libre et non faussée » ? Berlin s’est plaint auprès de la Commission de Bruxelles à propos de l’attitude de la France face à la crise porcine : le gouvernement de Valls incite les consommateurs français à privilégier les produits français en général et plus particulièrement le porc, même s’il est plus cher. Ce qui, a contrario, implique de boycotter le porc allemand, contrevenant ainsi aux règles européennes qui interdisent de privilégier sa production nationale au détriment de celle des autres pays membres ; quant à la « libre circulation des personnes à l’intérieur de l’espace Schengen », elle se réduit comme peau de chagrin à mesure que, à l’exemple de l’Allemagne, les frontières qui devaient disparaître à terme se ferment. Même Manuel Valls ne l’a pas exclu pour la France. Il est bien temps d’y songer !
Qu’est-ce que cela signifie ? Que, lorsque tout se passe bien en Europe, qu’elle est relativement prospère et que les difficultés ne sont que locales, elle fonctionne à peu près bien. Mais quand la récession pointe, tous ses vices structurels, jusque-là masqués, se révèlent et, pour tenter d’y remédier, il faut faire machine arrière en remettant en cause pratiquement ce que l’on continue à défendre en théorie.
À moyen terme, l’Union européenne est condamnée à cause de ses contradictions internes
On songe ici à la fin de l’URSS : l’Union s’effondrera comme elle. En façade, les maîtres du Kremlin continuaient à professer les utopies marxistes mais, voyant que ça ne marchait pas plus de leur temps que du temps de Lénine, ils prirent leurs distances avec les grands principes.
Ce fut l’opération Gorbatchev, dans l’espoir de sauver l’empire rouge. Mais cela n’a servi à rien ! Tout était vermoulu et le régime communiste s’est effondré comme une maison depuis longtemps minée par les termites.
Comment cela pourrait-il se terminer pour l’Union européenne ?
D’abord par le provisoire qui dure.
Tous les pays, dont l’Allemagne, prétendent que la fermeture de frontières est temporaire, le temps nécessaire pour résorber le stock de « réfugiés ». Mais leur flot ne se tarira pas. « L’Union européenne est en mesure d’accueillir un million de réfugiés » a annoncé le Haut Commissaire aux droits de l’homme pour les Nations Unies, Zeid Raad Al Hussein. Dès que les frontières aujourd’hui fermées s’entrouvriront, le flot reprendra de plus belle et plus intensément de peur qu’elles ne se referment à nouveau. Sans compter qu’il existe en ce moment même des itinéraires de contournement dont usent les clandestins pour pénétrer dans l’espace européen. Petit à petit, on s’installera dans un provisoire… permanent qui restaurera, de fait, les frontières nationales.
Ensuite, par l’avènement démocratique de gouvernements hostiles à cette invasion essentiellement musulmane en terre chrétienne.
Déjà les pays de l’Est sont entrés en dissidence et n’ont pas l’intention de céder aux menaces de représailles économiques de la part de Bruxelles. Mais à l’Ouest aussi, il semble qu’une majorité de Britanniques penchent pour le « non » au référendum qui se tiendra sur l’appartenance à l’Union et, ailleurs, les mouvements souverainistes et nationalistes, appelés péjorativement « populistes » par les arrogants de Bruxelles, gagnent du terrain et gagneront bientôt les élections.
Marine Le Pen n’a jamais été aussi proche du pouvoir car la crise actuelle valide ses analyses et les Français s’en rendent de plus en plus compte. La sagesse voudrait que l’Union décide elle-même de sa fin au lieu d’attendre qu’elle se dissolve dans le chaos et la panique, comme on le constate actuellement avec l’explosion du nombre de « réfugiés » qu’elle est incapable de maîtriser. Cette analyse vaut aussi pour l’euro dont la disparition semble inévitable malgré des manœuvres de retardement.
André Noël
Source : Bulletin d’André Noël – n° 2438
Semaine du 21 au 27 septembre 2015