Le texte qui suit est l’intervention d’Albert Salon, ancien ambassadeur et président d’Avenir de la langue française, à la XXIXe Université du Club de l’Horloge (Le cosmopolitisme, idéologie dominante mondiale) les 23 et 24 novembre 2013. Seconde partie.
III) Résister : comment ?
III.1. Agir sur le plan politique général
Si la France veut assurer sa survie en tant que nation et puissance, et sauvegarder ses intérêts, la langue française dans le monde et chez elle, elle doit retrouver une volonté française, intensifier considérablement sa résistance, décider d’un sursaut salutaire, et, pour cela :
- changer une bonne partie de sa classe politique ;
- sortir de l’empire anglo-saxon et écarter du pouvoir les présidents gouverneurs de province qui la mettent en liquidation de manière tragiquement accélérée ;
- sortir, donc, de l’OTAN, de l’euro et de l’UE, et retrouver un degré suffisant d’indépendance et de maîtrise de son destin ;
- accomplir ses réformes urgentes et son redressement financier, économique, scientifique et industriel, comme elle sut le faire en 1958-62 sous De Gaulle et Debré ;
- reprendre ses fondamentaux, en politique extérieure ; et à l’intérieur: refaire une école, ascenseur social, d’égalité des chances, et assimilatrice des jeunes immigrés ;
- retrouver une maîtrise de ses flux migratoires ;
- rétablir la langue française dans toutes ses fonctions, dans tous les domaines ;
- jouer les énormes atouts que constituent ses DOM-COM et les immenses richesses de son espace maritime de 11,2 M. de km2 (le 2e du monde !), la langue française et son réseau culturel mondial à redynamiser, ses relations à conforter avec l’Afrique continent d’avenir, et, enfin, la Francophonie organisée, notamment dans l’O.I.F.
III.2. En ce qui concerne la langue française, résister, c’est
- Rétablir un enseignement de qualité et ses fonctions d’ascenseur social et d’assimilation ;
- Transmettre en famille un français riche et correct, et surtout l’amour de cette langue ;
- Multiplier les protestations individuelles contre les dérives des dirigeants, des médias, de la publicité, des universitaires ; suivre l’appel de Michel Serres à la « grève de l’anglais » ;
- Écouter et soutenir Radio Courtoisie et adhérer à Avenir de la langue française ou aux associations en synergie, et militer en leur sein.
III.3. Se joindre à deux combats vitaux des associations ALF et autres
III.3.1. Pour l’enseignement supérieur en français : L’affaire du projet de loi Fioraso, bilan et perspectives ; le combat doit continuer !
L’article 2 du projet de réforme des universités (Mme Fioraso) a été voté par le Parlement qui l’a amendé. ALF et 30 associations amies avaient lancé dès janvier 2013 une vigoureuse campagne, amplifiée par des académies, institutions et grandes voix opportunément saisies, exprimées dans tous les médias, y compris les plus fermés à notre lutte Contre la pensée unique (Hagège) et sa langue unique. Ces voix ont, avec nous, remporté une demi-victoire.
Une demi-victoire, en ce que les vannes de l’américanisation en globish-pour-tous sont, dans le texte voté, beaucoup moins ouvertes qu’elles ne l’étaient dans l’avant-projet.
Les amendements des deux Chambres sont substantiels : pas d’enseignements uniquement en anglais ; obligation pour les étrangers qui reçoivent des enseignements en anglais de justifier de leur connaissance du français validée par des épreuves comptant dans leur diplomation ; évaluation obligatoire de cet aspect de la réforme au bout de trois ans…
Une demi-victoire au goût amer, cependant. Car, au sein de ce gouvernement peu intéressé par la Francophonie, c’est la fonction et la voix de Mme G. Fioraso (**) qui l’ont emporté sur celles des ministres A. Filippetti, Y. Benguigui, et L. Fabius, pourtant chargés respectivement du français en France, de la Francophonie, et de notre beau réseau culturel mondial, ainsi que de la coopération avec les pays francophones. Ce gouvernement légalise ce que Mme V. Pécresse, MM. P. Tapie et R. Descoings, avaient discrètement développé dès 2007 : les enseignements illégaux en anglais, et il admet dans les textes que des disciplines doivent être enseignées en anglais, proclamant ainsi – nouveauté insoutenable ! – que le français ne peut pas tout dire.
En attendant de pouvoir obtenir l’abrogation de cet article, une grande vigilance s’impose à tous. Nous devons sans cesse fustiger les beaux esprits qui professent que la « modernité » nous condamne à rejeter le français, notre reste d’indépendance et la voix originale de la France, et à abandonner ces « quelques arpents de forêts et de sables » de la Francophonie mondiale, à l’instar des « quelques arpents de neige du Canada » d’un Voltaire préférant ses intérêts dans le « commerce triangulaire » avec les « îles à sucre » – alors que la Francophonie constitue un atout de premier ordre pour la France, comme l’ont souligné MM. Pouria Amirshahi, J. Attali, C. Hagège, A. Compagnon, B. Pivot, M. Serres…
Nous savons bien qu’un certain milieu universitaire dérouté, dévoyé, nous est hostile, et que des pressions diverses risquent de s’exercer sur des étudiants qui se voient imposer des cours en anglais qu’ils rejettent, alors qu’ils attendent et veulent des cours en français.
Il y aura – il y a déjà – des infractions assez nombreuses aux amendements adoptés.
Nos associations ont donc créé un comité de vigilance inter-associatif, avec le soutien de divers parlementaires, et en liaison avec des médias, afin de détecter, recueillir et bien noter, signaler à qui de droit, lesdites infractions, obstructions et pressions, et informer de leurs droits, soutenir leur courage et guider dans leurs recours devant les tribunaux administratifs les personnes concernées directement qui veulent les faire cesser.
Tous ceux parmi vous qui ont dans leur famille des étudiants qui se plaignent de subir des cours entièrement en anglais – et les pressions de leurs professeurs pour les empêcher de protester – sont invités :
- à signaler ces cas à ALF (cf. adresse ci-dessous) avec des références très précises et si possible des décisions écrites des établissements qui imposent l’anglais unique ;
- à insuffler à ces étudiants (surtout aux « bons » risquant moins les représailles !…) le courage de dire non et d’adresser à leur établissement une requête écrite recommandée AR, pour justifier ensuite un éventuel recours en tribunal administratif qui serait nécessairement gagnant et que nos associations soutiendraient.
III.3.2. La grande campagne nationale « Communes de France pour la langue française »
Contre les élites de la superclasse, Avenir de la langue française (ALF) et le Forum pour la France (FPF), et 30 associations françaises, appellent les maires de France à se joindre à leur grande campagne nationale « Communes de France pour la langue française ».
Le peuple, lui, ne veut pas du changement de langue nationale. Le référendum étant cadenassé, les associations font remonter la vox populi par les communes, et veulent présenter à Noël 2014 un ensemble de votes de municipalités représentatif de notre variété géographique, politique et culturelle, en équivalent d’un référendum d’initiative populaire.
La campagne a déjà recueilli les votes de plusieurs dizaines de communes, dont les emblématiques Brantôme, Chablis, Maisons-Laffitte, Montfermeil, Pompadour, Saumur, Verdun (Meuse), Vézelay, Dumbéa en Nouvelle-Calédonie, et Ans en Belgique…
Nos associations proposent aussi aux votantes d’entrer dans un réseau international de solidarité et de coopération entre communes francophones, en se présentant sur un site dédié : www.nousvotonspourlefrancais.com en cours de lancement.
Les maires sont appelés à proposer à leur Conseil de voter le manifeste (franco-québécois) dont texte et mode d’exploitation sont à demander à Avenir de la langue française, 34 bis rue de Picpus, 75012 Paris, avenir-langue-francaise.fr
Et chacun de vous est appelé à approcher le maire de sa commune et d’autres élus pour obtenir les votes des conseils municipaux, à l’aide de ces textes à demander !
Albert Salon
24/11/2013
Albert Salon est docteur d’État ès lettres, ancien ambassadeur, président d’Avenir de la langue française (ALF) et co-animateur de réseaux francophones en France et au-dehors.