« Elle se présente sous la forme bénigne de l’organisation de la vie quotidienne des enfants dans les familles « recomposées »».
Il ne faudrait pas croire que le pouvoir a définitivement renoncé à ses projets destructeurs de la famille ! Certes, après avoir imposé le « mariage pour tous », il a dû reculer sur la loi famille. Son aile gauche, les Verts, le lobby gay s’indignent de cette « reculade ». Le gouvernement, en proie aux turbulences internes de sa précaire majorité et à défaut de pouvoir lui faire des concessions sur le plan économique, va donc s’efforcer d’avancer sur le plan des problèmes dits «sociétaux». Mais, cette fois, il avancera masqué ! Et cette loi famille, il espère pouvoir l’imposer en détail et en catimini après y avoir prétendument renoncé en bloc.
C’est dans ce contexte qu’il convient de considérer la création d’un « mandat d’éducation quotidienne », élément principal d’une proposition de loi déposée par les socialistes et les écologistes, avec l’approbation du gouvernement. Déjà votée en commission, elle sera examinée par les députés les 19 et 20 mai. Elle se présente sous la forme bénigne de l’organisation de la vie quotidienne des enfants dans les familles « recomposées ». Le tiers « vivant de manière stable avec l’un des parents » disposera d’un mandat qui lui permettra de gérer la vie quotidienne de l’enfant de son conjoint, le chercher à la sortie de l’école, le conduire chez le médecin, signer son carnet de notes, etc.
Apparemment, il n’y aurait pas de quoi y voir malice ! D’autant que ce mandat sera subordonné à l’accord du parent biologique. Bien entendu, comme toujours, on invoque l’intérêt supérieur de l’enfant alors qu’en réalité, c’est celui du « beau-parent » dont il est vraiment question.
Ce mandat est totalement inutile, ce n’est qu’un prétexte pour introduire dans la loi, fût-ce implicitement, la notion de « parenté sociale ». Il n’est pas vrai qu’il faille un mandat exprès pour aller chercher un enfant à l’école. Il suffit que le père ou la mère indique à la maîtresse que tel soir ce sera monsieur X ou madame Y qui sera à la sortie de l’école, tout le monde le sait. Quant à conduire l’enfant chez le médecin, même chose, surtout si celui qui le fait a son livret de santé. Et en cas d’urgence vitale, le Samu, les pompiers, les médecins ne demandent pas l’avis des parents pour intervenir !
Il est piquant de constater que ces socialistes et ces écolos, qui veulent un mandat spécifique pour permettre une visite chez le médecin, sont les mêmes qui se félicitent de ce qu’une jeune fille mineure puisse obtenir des pilules contraceptives à l’insu de ses parents, y compris l’abortive qu’est la « pilule du lendemain » !
L’enfant, en faveur duquel on prétend légiférer, va en réalité pâtir de ce mandat dont il sera l’objet. On va lui dire que le nouveau compagnon, la nouvelle compagne a, désormais, légalement autorité sur lui. Or, inévitablement, un jour ou l’autre, il y aura conflit entre son parent biologique et l’autre, même si, à l’origine, le premier a donné son accord pour le mandat.
On notera l’incohérence de cette mesure par rapport à une autre, contenue dans la même proposition de loi : pénaliser le « mauvais parent » qui n’observe pas son droit de visite et ce pour renforcer le lien de l’enfant avec son parent biologique au moment ou l’on tente de l’éloigner en le mettant en concurrence.
On parle de quelqu’un « vivant de manière stable » avec l’enfant mais, aujourd’hui, la stabilité d’un couple…est instable ; on change facilement de « partenaire » dès que ça ne va plus ! Le gamin va changer de « mandataire » au gré des amours volages de son papa ou de sa maman.
L’objectif est bien d’imposer peu à peu l’idée d’une parenté sociale. Être « parent » n’est plus une donnée biologique mais une construction, objet d’un contrat, comme le genre se substitue au sexe dans l’idéologie officielle. Du « mandat », on va plus tard passer au « statut » applicable à « toutes les familles », y compris « homoparentales ».
Ce « mandat » d’éducation quotidienne ne sera ni obligatoire ni irrévocable. Mais il faudra que l’on justifie sa révocation. Et qu’arrivera-t-il, à votre avis, si l’on veut cette révocation parce que le nouveau compagnon, ou compagne de son « ex », est homosexuel(le) ? Sera-t-on poursuivi pour homophobie ? Passera-t-on outre à cette volonté ou… les deux successivement ?
Le Bulletin d’André Noël
Synthèse hebdomadaire
n°2376, semaine du 12 au 18 mai 2014