Par J. d’Antraigues, ancien élève de l’École polytechnique ♦ Présentation. Au vu de l’histoire, et de ce qui se passe en France et un peu partout dans le monde, tout le monde sent bien que l’islam n’est pas une religion comme les autres, et que, le volume de l’immigration musulmane étant ce qu’il est, c’est l’unité nationale et notre civilisation même qui pourraient en être menacés.
Pourtant le discours du système politico-médiatique est qu’il n’en est rien, et tout est bon pour anesthésier l’opinion publique. Un classique de cette stratégie d’enfumage consiste à ne mettre en avant, « spécialistes des religions » à l’appui, que tout ce qui peut concourir à mettre dans le même sac toutes les « religions monothéistes ».
L’islam demeure donc extrêmement mal connu, d’autant que l’homme occidental a du mal à imaginer ce qu’il est, tant il est à l’opposé de ses démarches de pensée. Et il est strictement impossible d’avoir les réactions appropriées si l’on n’a pas compris les mécanismes que, depuis plus d’un millénaire, et avec un incontestable succès, il met en œuvre pour conquérir politiquement des territoires et les conserver- mais aussi qui en font un puissant facteur de division et de violence.
L’analyse d’Antraigues, auteur de précédentes contributions à Polémia, réexamine donc ce qu’est l’islam, mais en se limitant à ce en quoi il concerne tout le monde, c’est à dire à ce en quoi, au contraire des autres religions que nous connaissons, il déborde du domaine privé sur la vie publique, tout particulièrement par la communautarisation de cette dernière. Et c’est cette communautarisation, couplée à l’immigration, qui, infiniment plus que les attentats, lesquels ne sont en fait qu’une conséquence de ces deux facteurs, est aujourd’hui le fer de lance de l’islamisme dans le monde occidental, à la fois par qu’elle lui permet de couper ou de maintenir coupées du reste de la nation les populations musulmanes ou d’origine musulmane, et qu’elle lui fournit un formidable moyen d’embrigadement et de contrôle de ces dernières.
De l’histoire de la France il résulte que, par chance, l’appareil législatif français oppose à l’islamisme un peu plus d’obstacles que dans le reste du monde occidental. C’est ce que Malika Sorel appelle très justement la « digue » de la laïcité : quand une digue cède, ou est submergée, tout est emporté. Mais il est vital de consolider cet appareil législatif, en rajoutant aux endroits appropriés les verrous nécessaires, car en son état actuel il laisse à l’islamisme, avec la complicité passive et très souvent active du système politico-médiatique, un véritable boulevard qui lui permet de continuer à tisser tranquillement sa toile. Lorsque les notions de liberté individuelle, de liberté de conscience et de liberté de culte ont été introduites, absolument personne n’avait l’islam à l’esprit. Personne n’imaginait que, à l’opposé de leur objectif, elles seraient utilisées pour que, par la communautarisation, échapper à une religion devienne pratiquement impossible. Le rétablissement de la primauté du droit national doit en outre nous éviter d’être paralysés par des décisions d’instances supranationales.
Le catholicisme romain structure toujours profondément la France, il fait partie de ses racines, et la notion de « laïcité » dans la vie publique n’a jamais signifié, comme on voudrait nous le faire croire, que devait disparaître tout ce qui en résulte dans l’espace public et dans la vie sociale. Cette notion signifie simplement que, comme cela était depuis des siècles la situation en France, ce qui y a permis la paix religieuse, tout le monde doit individuellement se comporter dans la vie publique de la même façon quelle que soit sa religion (à l’exception évidemment, éventuellement, de ministres du culte et de religieux dûment identifiés). Eviter d’afficher par son comportement en public ses opinions, surtout si elles sont susceptibles d’être clivantes, n’est au demeurant qu’une règle élémentaire de vie en société. Mais que peut bien être le « vivre ensemble », sinon le respect de telles règles ?
Le texte présenté est articulé comme suit :
A- Synthèse
B- Un bilan de l’islam ?
C- L’islam.
D- Que faire ?
E- Annexes
F- Bibliographie : références citées.
Du fait de sa longueur, il est présenté en 3 parties : A+B ;C ;D+E+F
Il sera disponible dans sa totalité en pdf : cliquer sur XX
A- Synthèse
▪ Le problème de l’islam explose aujourd’hui en France, ainsi d’ailleurs que dans l’ensemble du monde occidental. Par les attentats islamistes, certes, mais aussi par un phénomène beaucoup plus profond, parce qu’il met en péril l’unité même des nations et leur civilisation: une communautarisation de la vie publique de plus en plus envahissante, qui d’ores et déjà en France a fait littéralement changer de civilisation des quartiers entiers, et perturbe profondément toutes les composantes de la vie sociale partout où une population musulmane est significativement présente.
L’islam existe depuis 14 siècles, il y a aujourd’hui plus de 1,6 milliard de musulmans : il y a donc matière à établir un bilan. Force est de constater que, si cette religion a toujours eu une remarquable capacité à conquérir politiquement des territoires, de droit ou simplement de fait, puis à les conserver, partout un mauvais génie a semblé l’accompagner. Aujourd’hui 57 pays sont officiellement musulmans, et on n’y trouve guère qu’intolérance religieuse, ou dictature, ou les deux à la fois, le tout souvent sur fond de retard économique et d’attentats islamistes. Les conflits entre schismes de l’islam y sont plus inexpiables que jamais. Environ 30 000 attentats et assassinats ont été commis au nom de l’islam depuis septembre 2001, et il a aujourd’hui le quasi-monopole du terrorisme dans le monde occidental.
Si l’on remonte le temps, une comparaison extraordinairement probante, parce qu’elle porte sur plus d’un millénaire et qu’elle se situe à l’échelle d’un continent, est celle, développée par Jean-Louis Harouel, entre les deux parties de l’empire romain: celle dont s’est emparé l’islam- la partie restée riche, hautement civilisée et en parfait état de marche du monde antique- et celle qui est restée à la chrétienté- pour l’essentiel la partie barbarisée, appauvrie et déculturée de l’empire romain. On connaît aujourd’hui leurs situations respectives.
▪ On se doute bien que tout cela provient de l’islam lui-même, et de ce qu’il ne sépare pas le temporel du spirituel. La pénétrante analyse de Jean-Louis Harouel fait effectivement ressortir que c’est bien cette séparation, inscrite dans la doctrine même du christianisme, qui, en libérant dans tous les domaines la pensée et la créativité de l’homme, a permis le prodigieux décollage de l’Occident chrétien, créant ainsi la civilisation européenne.
Mais il reste que l’islam demeure chez nous extrêmement mal connu. D’une part parce que l’on a du mal à imaginer ce qu’il est réellement, tant il est à l’opposé de notre civilisation et de nos démarches de pensée. D’autre part parce que le système politico-médiatique fait tout pour qu’il le demeure, un classique de cette stratégie d’enfumage consistant à ne mettre en avant que tout ce qui peut concourir à mettre dans le même sac toutes les « religions monothéistes ».
Et il est strictement impossible d’avoir les réactions appropriées si l’on n’a pas compris les mécanismes mis en œuvre.
D’où la nécessité d’approfondir ce qu’est l’islam, en ne s’y intéressant toutefois que sous l’angle de ses conséquences sur la vie publique dans un pays comme la France, lesquelles concernent tout le monde : il s’agit donc d’une démarche qui n’a strictement aucune connotation religieuse. Nulle nécessité par contre de se livrer à la même approche pour les autres religions présentes en France, rien ne permettant, au vu de ce que l’on observe, d’avoir une inquiétude particulière en ce qui les concerne.
▪ On s’est aussi limité à l’islam sunnite: c’est celui qui a conquis une bonne partie du monde (90% des musulmans sont sunnites), et c’est celui qui constitue l’essentiel de l’immigration dans les pays occidentaux. Contrairement à ce que pourrait laisser penser l’extrême diversité de ses manifestations, qui ne résulte en fait que de son infinie plasticité, il s’agit bien d’une religion unique, entièrement définie par des textes fondateurs qui pour l’islam sont de nature divine, et sont figés pour l’éternité depuis plus d’un millénaire. C’est de ces textes (qui ne se limitent pas au Coran) que, par une démarche de nature uniquement juridique (qui n’a entendu parler des « juristes » musulmans ?) doit être déduite la « loi islamique », laquelle couvre absolument toutes les composantes de la vie terrestre du croyant, des activités et gestes les plus quotidiens aux décisions de l’homme politique, et est donc réputée définir, sur chaque point, ce qui doit être fait dans un contexte donné (ainsi d’ailleurs que les sanctions qui y sont associées, aussi bien sur cette terre que dans l’au-delà). Ce sont ces textes de nature divine qui furent à la base des foudroyantes conquêtes des premiers siècles de l’islam (largement par la force, certes, mais pas uniquement), ainsi que de l’administration, au profit de l’Oumma, la communauté des croyants, de l’immense empire ainsi constitué.
Il est extrêmement facile de devenir musulman : il suffit de prononcer la phrase appropriée (la « profession de foi », 1er « pilier » de l’islam). De multiples raisons parfaitement profanes peuvent y pousser, qui vont du simple souci de rester en vie au désir d’épouser une musulmane (car pour une musulmane épouser un non musulman est un crime). De plus, pour la loi divine, tout homme naît musulman, et ce n’est que par une entorse à cette loi que son entourage en fait éventuellement un mécréant.
Par contre, c’est une toute autre affaire de ne plus l’être: pour la loi divine, qui pour le croyant se situe au-dessus des lois terrestres, l’apostasie est un crime puni de mort. Même si l’apostat échappe à la mort physique, il est civilement mort : ses biens sont confisqués, il ne peut hériter, son mariage est dissous, etc… Remettre en cause ouvertement les textes fondateurs de nature divine est assurément un acte d’apostasie. Mais il peut aussi suffire, pour être considéré comme ayant perdu la foi, de ne pas se comporter comme musulman alors qu’on le pourrait, ce qui est par exemple le cas si sans raison valable on ne concourt pas à profiter d’une ouverture en faveur de l’islam ou si, sans pouvoir invoquer un empêchement sérieux, on ne respecte pas les obligations visibles de l’islam, dont en particulier les 4 autres piliers de l’islam (les 5 prières quotidiennes, le ramadan, l’impôt musulman et le pèlerinage à la Mecque), dont le respect est parfaitement contrôlable.
▪ On comprend pourquoi l’islam sunnite est un extraordinaire enjeu de pouvoir temporel: qui a légitimité pour définir à partir des textes fondateurs ce qu’est la loi islamique dans le contexte du moment, puis pour la faire appliquer, dispose d’un pouvoir temporel particulièrement absolu, puisqu’il est d’essence divine. Et, l’islam sunnite ignorant la notion de clergé, à peu près n’importe qui peut revendiquer cette légitimité.
On comprend aussi pourquoi il est un extraordinaire facteur de division et de violence d’autant que, mélangeant le profane et le sacré, il est, au contraire du christianisme, idéalement instrumentalisable par tous les intérêts ou ambitions profanes que l’on peut imaginer. C’est ainsi que se multiplient les situations inextricables où l’on ne sait plus ce qui relève du fanatisme religieux, de l’appartenance ethnique, d’ambitions politiques, de banditisme pur et simple… Des divisions ethniques sont figées dans le marbre, et de nouvelles sont éventuellement créées.
▪ Il s’agit donc d’une véritable bombe, et dans tous les pays ayant une forte population musulmane -ce qui est maintenant devenu le cas de France- la maîtrise de l’islam est une préoccupation majeure et permanente du pouvoir politique. Il n’a toutefois, dans cette démarche, que la légitimité divine que le croyant veut bien lui accorder -ou la légitimité de fait que lui confère la solidité de son pouvoir temporel, l’efficacité de sa police, et la limitation du poids des islamistes au sein des musulmans.
La plupart des pays musulmans ont nationalisé de fait leur islam, en mettant en place un équivalent de clergé, qu’ils rémunèrent et s’attachent à contrôler.
Avec la mondialisation des échanges, avec internet, il est bien certain qu’il est aujourd’hui beaucoup plus difficile au pouvoir politique de ne faire retenir de l’islam ce qui l’arrange qu’au temps de ce que l’on appelait « l’islam de papa ».
. Lorsque l’islam n’est pas au pouvoir, par une implacable logique, tout musulman se retrouve, qu’il en soit d’accord ou pas, et sans même sans doute en être conscient dans bien des cas, être le membre d’une cinquième colonne. Il suffit en outre d’être né dans une communauté musulmane pour être considéré par des islamistes comme musulman, et donc comme apostat si l’on ne se comporte pas de façon appropriée le moment venu, avec toutes les conséquences sociétales, et éventuellement physiques, qui peuvent en résulter.
Une tendance naturelle de toute population immigrée est de se regrouper, de se communautariser et, pourquoi pas, si les circonstances le permettent, de partir à la conquête du pays d’accueil. La logique de l’islam fait de cette tendance naturelle un impératif divin, dont le non-respect, au nom de cette même loi divine, est sanctionnable sur cette terre, et non seulement dans l’autre monde.
▪ Evidemment, très nombreux sont les musulmans qui n’adhèrent absolument pas à ce qui découle de l’islam sunnite, et depuis longtemps nombre de musulmans ont parfaitement compris que rien ne pourra y être changé de façon pérenne tant que resteront divinisés ses textes fondateurs. Mais il ne s’est trouvé ces dernières années, pour dénoncer explicitement cette divinisation, que le maréchal Al-Sissi, dans un extraordinaire discours adressé, le 28 décembre 2014, aux membres de l’université El-Azhar, qui est l’autorité juridique de l’islam sunnite la plus reconnue (voir §E1 ci-après). A noter que ce discours a été totalement occulté par les grands médias occidentaux- et qu’à ce jour il ne semble pas en avoir résulté quoi que ce soit.
▪ Ce ne sont pas les attentats, mais la communautarisation de la vie publique, couplée à l’existence d’une importante population immigrée, qui est aujourd’hui le fer de lance de l’islamisme dans les pays occidentaux, par la seule submersion civilisationnelle qui en résulte. Toute percée supplémentaire du communautarisme a en outre un double effet : couper un peu plus du restant de la population les musulmans ou les personnes d’origine musulmane, et renforcer le pouvoir qu’ont sur eux les islamistes : la possibilité de communautariser la vie publique leur donne en effet un extraordinaire moyen d’embrigadement et de contrôle.
En 2016, en pleine vague d’attentats islamistes, une avancée majeure de l’islamisme aura été la loi El Khomry qui, comme l’a dénoncé Malika Sorel, par une disposition particulièrement habile discrètement introduite dans son préambule, a levé les barrières jurisprudentielles qui sont les seuls obstacles actuels à la communautarisation religieuse de l’entreprise privée.
▪ La situation de la France est très différente de celle des pays musulmans et de celle de pays comme la Russie, où les musulmans étaient parfois présents avant le christianisme, et qui ont mis en place au cours des siècles, avec des méthodes parfois aussi musclées que nécessaire, leurs gestions de l’islam.
En France l’islam résulte d’une immigration toute récente, et c’est l’immigré qui doit s’adapter au pays d’accueil, et non l’inverse. C’est aux musulmans, en France, de ne retenir de leur religion que ce qui rentre dans ce cadre- autrement dit de n’en conserver, comme c’est le cas depuis des siècles pour les autres religions, que ce qui reste strictement du domaine privé. Croit-on qu’il y aurait pu y avoir une situation pérenne de paix religieuse si, par exemple, la doctrine de l’Eglise catholique avait enjoint, ou simplement recommandé, à tous les catholiques de revêtir un uniforme marquant qu’ils étaient catholiques ? Ou si chaque année, un mois durant, au nom de sa religion, une partie de la population française avait vécu en marge du restant de la société ?
Il n’y donc rien à négocier avec l’islam, ce qui ne pourrait qu’aboutir à attribuer à l’islam plus que ce qui est attribué aux autres religions.
Au demeurant, de par sa définition même, aucune réciprocité n’est possible avec l’islam. De toute façon avec qui négocier, l’islam sunnite ne permettant à personne de le représenter ? La notion de concordat a pu avoir un sens avec d’autres religions. Elle ne peut en avoir avec l’islam.
La lutte contre l’islamisme, c’est donc avant tout la conjonction d’une réduction de l’immigration, ce qui nécessite que la France, après des décennies de n’importe quoi, se donne enfin les moyens de la maîtriser, et d’une lutte sans faille contre la communautarisation religieuse de la vie publique, autrement dit pour le maintien de la laïcité de cette dernière. Qu’il faille en outre dorénavant organiser un suivi policier des mosquées et des islamistes, comme cela est de règle dans l’univers musulman, est une évidence.
Avec le recul dont on dispose aujourd’hui, et si l’on considère l’ensemble du monde occidental, en France la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 n’a pas en pratique changé grand-chose, la laïcité étant en fait déjà présente dans les religions concernées. Mais les anticléricaux qui en furent à l’origine n’imaginaient certainement pas que, un siècle plus tard, elle se retrouverait être l’ultime digue contre le communautarisme islamique- digue qui ne protège toutefois -et encore imparfaitement- que le secteur public, et qui est attaquée et se fissure de toute part. Interdire le port du voile dans le secteur public est la loi, mais dès que l’on met un pied en dehors de ce secteur, c’est un délit impitoyablement dénoncé et sanctionné.
Lorsque les notions de liberté individuelle, de liberté de conscience et de liberté de culte ont été introduites, personne n’avait alors l’islam à l’esprit. Personne n’imaginait qu’elles seraient utilisées pour revendiquer le droit, au nom de leur religion, pour des populations entières, et en permanence, de s’habiller différemment, de manger différemment, d’avoir des rythmes de vie différents, de séparer les femmes des hommes, etc… Personne n’imaginait que, à l’opposé de leur objectif, elles seraient utilisées pour que, par la communautarisation, échapper à une religion devienne pratiquement impossible. Personne n’imaginait aussi que l’on invoquerait la liberté de culte pour justifier, en dérogation à des règlementations établies depuis des décennies, et à une échelle massive, l’aberration sanitaire qu’est l’abattage halal (voir § E5 ci-après).
▪ Mais « laïcité », cela signifie simplement que, dans l’espace public, les comportements individuels se doivent d’ignorer l’appartenance religieuse.
Assurément un certain nombre de défenseurs de la laïcité s’affichent comme étant hostiles à toutes les religions (et d’ailleurs, en général, plus particulièrement au catholicisme), et cela souvent de façon particulièrement sectaire. Mais cela ne signifie nullement que la laïcité va à l’encontre de la religion. Comme on l’a vu au demeurant, la laïcité, par la séparation du spirituel et du temporel, était dès le début inscrite dans la doctrine du christianisme.
Et « laïcité », cela ne signifie en aucune façon non plus abandon de l’héritage civilisationnel et national, et cela ne signifie pas que, dans l’espace public, la religion dominante depuis plus d’un millénaire ne doive avoir ni visibilité ni influence.
Le christianisme, et plus précisément le catholicisme romain, est omniprésent en France. En particulier il structure profondément la vie économique et l’ensemble de la vie sociale par l’intermédiaire des jours fériés, qui doivent s’imposer à tous, et qui ont donc été rattachés à ce qui a fait la France, parce que cela s’inscrit dans la durée : son histoire nationale et ses racines chrétiennes.
Pour que tout cela cesse d’être perpétuellement menacé, comme c’est actuellement le cas, par un détournement de la notion de laïcité (devenue en l’occurrence l’égalité de toutes les religions dans tous les domaines, ou la suppression de tout ce qui peut rappeler une religion dans l’espace public), la préférence civilisationnelle devrait être clairement affichée, ce qui pourrait être fait par l’inscription dans la constitution des racines chrétiennes de la France.
▪ La responsabilité dans la situation actuelle des partis au pouvoir depuis des décennies est évidemment écrasante.
On constatera de plus que les mesures proposées par leurs candidats à l’élection présidentielle se limitent à quelques mesures visant à lutter contre ce qu’ils ne peuvent manifestement éviter de dénoncer : les attentats, dont l’islamisme « radical » serait seul responsable.
Rien, ou du moins rien qui soit susceptible d’être efficace en ce qui concerne la maîtrise de l’immigration, qui est à l’origine du problème : ils sont condamnés de toutes façons à l’impuissance, quoiqu’ils puissent dire par ailleurs (lorsqu’ils dénoncent une immigration excessive, ce qui n’est même pas le cas pour la plupart d’entre eux), par leur seul refus de prendre les distances nécessaires avec les dispositions européennes et de rétablir la prééminence de la loi nationale.
Rien contre la submersion civilisationnelle par la communautarisation de la vie publique, quand ce n’est pas, pire encore, des actions qui ne peuvent que l’accélérer, l’idéologie dominante étant de plus maintenant que le seul moyen d’éviter les attentats, c’est de permettre aux musulmans de « vivre pleinement leur foi » dans l’espace public. On ne saurait mieux faire en sorte que, en définitive, les attentats islamistes aient bel et bien fait progressé l’islamisme en France.
Leur silence sur la disposition du préambule de la loi El Khomry évoquée ci-dessus est sur ce point accablant.
Il se trouve en outre que la communautarisation est un facteur essentiel de destruction des nations, et cela va tout à fait dans le sens du mondialisme, dont ils sont de fait les candidats, qu’ils l’assument explicitement où qu’ils s’en défendent.
On pourrait certes souhaiter que le Front National insiste plus sur la préférence civilisationnelle. On peut être indisposé lorsque certains de ses représentants mettent sur le même plan toutes les religions en donnant l’impression de le penser vraiment. Mais il n’en reste pas moins que, outre le fait qu’il est le seul à proposer de prendre vraiment à bras le corps le problème de la maîtrise de l’immigration, ce parti est le seul à avoir pris la mesure de l’importance cruciale du communautarisme. Il est même, pour tout dire, le seul à se fixer comme objectif de s’y opposer- et cela contre la totalité du système politico-médiatique.
Sa proposition d’inscrire dans la Constitution que la République ne reconnaît aucune communauté (dont la rédaction exacte devra évidemment nécessiter une attention toute particulière) semble de nature à bloquer l’islamisme par le haut, et sa proposition de mettre à l’abri de l’islamisme le secteur privé, en y étendant la laïcité, est une absolue nécessité- que d’ailleurs attendent nombre de chefs d’entreprise, et qui semble avoir l’accord d’une large majorité de l’opinion publique (24).
Presque tout le monde, semble-t-il, devrait avoir compris que seul l’islam pose un problème vis à vis de la laïcité et que, même s’il n’est pas cité explicitement, il est en fait le seul visé par une mesure la renforçant, de même que, en symétrique, toute ouverture en faveur de l’expression du fait religieux dans la vie publique, telle la loi El Khomry, ne peut profiter qu’à l’islamisme.
Que penser donc de ceux qui condamnent ces propositions du Front National parce qu’elles s’en prendraient à toutes les religions ?
Une erreur fondamentale serait par ailleurs de chercher à lutter contre le communautarisme visible musulman en lui opposant un communautarisme visible chrétien, ne serait-ce que parce que la doctrine de l’Eglise catholique –et c’est sur le long terme la marque d’une profonde sagesse- va à l’encontre de tout communautarisme profane sur la base du catholicisme. L’auteur de ces lignes, qui est catholique, n’a pas souvenir que autrui, quel qu’il soit, lui ait jamais été présenté autrement que comme étant son « prochain ».
B- Un bilan de l’islam ?
1 « C’est les musulmans qui amènent la merde en France aujourd’hui ! »
On se souvient de cette sortie de Philippe Tesson contre l’islam, deux mois après l’attentat contre Charlie Hebdo, et du tollé médiatique qui s’ensuivit. Pourtant, cette courte analyse reflète bien point pour point la situation actuelle.
1-1 Voilà des siècles que la liberté de religion était en France totale, que le « vivre ensemble » ne posait plus de problèmes, et que l’idée même de guerre de religion était tout simplement devenue inconcevable. Le point clé : tout le monde se comportait de la même façon dans la vie publique.
▪ Les guerres de religion furent assurément une période particulièrement dramatique de l’histoire de France, mais elles remontent tout de même au 16e siècle, et le dernier des soubresauts qui s’en sont ensuivis- la guerre des camisards- au début du 18e siècle. Depuis, à part le cas isolé de l’exécution du chevalier de la Barre (1766), alors même que l’Eglise avait demandé sa grâce, et qui déclencha dans le royaume une indignation générale, il ne semble pas qu’il y ait eu de violence homicide au nom d’une religion.
Il y a eu assurément depuis des persécutions religieuses (pendant la Révolution Française, pendant la seconde guerre mondiale), mais elles furent le fait d’idéologies totalement profanes, et non de religions.
▪ La clé de voûte de cette situation : tout le monde se comportait en public de la même façon, et cela ne posait aucun problème parce que rien dans les religions concernées ne s’y opposait réellement.
Pour que tout le monde se comporte en public de la même façon, nul besoin n’avait en effet été de faire appel à la contrainte: dans les religions concernées l’obligation de respecter des règles de vie publique très particulières (dont éventuellement des règles d’habillement) y était limitée aux ministres du culte et aux religieux, autrement dit au très petit nombre de personnes dûment identifiées qui, avec l’accord explicite de leurs autorités religieuses respectives, avaient décidé de consacrer leur vie terrestre à leur religion. Cela ne posait donc strictement aucun problème et rejoint d’ailleurs ce qui, du moins dans notre civilisation, n’est qu’une règle élémentaire de la vie en société: ne pas afficher ostensiblement des convictions susceptibles d’être clivantes, qu’elles soient politiques, religieuses -ou qu’il s’agisse simplement de la préférence pour tel ou tel club sportif.
Croit-on que l’on aurait pu aboutir à cette situation pérenne d’absence de tension religieuse si, par exemple, la doctrine de l’Eglise catholique avait enjoint (ou simplement recommandé) à tous les catholiques de revêtir un uniforme marquant qu’ils étaient catholiques ? Ou si chaque année, un mois durant, au nom de sa religion, une partie de la population avait vécu en marge du restant de la société ?
1-2 Au sein du monde chrétien une telle situation n’était d’ailleurs pas particulière à la France, la raison profonde en étant que la doctrine même de la religion dominante limitait la religion à la sphère spirituelle, et donc privée.
La « laïcité » était en fait dès le début dans le christianisme, et s’est trouvée à la base de la civilisation chrétienne- et du prodigieux essor qui fut le sien.
On lira à ce sujet le pénétrant ouvrage de Jean-Louis Harouel (3) « Le vrai génie du christianisme », qui montre que la « laïcité » au sens véritable de ce terme (c’est-à-dire la distinction du religieux et du politique, du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel, du sacré et du profane, le visible étant en outre désacralisé) est une invention spécifiquement chrétienne, et qu’elle est le fondement même de la civilisation chrétienne.
Jean-Louis Harouel montre lumineusement comment tout est parti de la conjonction de deux phrases de Jésus (« Mon royaume n’est pas de monde », et « Il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu »), auxquelles se sont rajoutées les valeurs d’origine fondamentalement chrétienne que sont les valeurs de liberté individuelle, d’égalité et de solidarité.
C’est ainsi que c’est la civilisation chrétienne –et pas une autre- qui, en libérant la pensée et la créativité humaine, a permis l’avènement de la science et de la technique moderne, lequel est à l’origine de la prodigieuse réussite scientifique, technique et économique de l’Occident.
C’est ainsi que la modernité démocratique a, elle aussi, vu le jour dans le monde chrétien.
C’est de la liberté individuelle et de la limitation de la religion à la sphère privée qu’est née au sein de la chrétienté la liberté religieuse. Il y a certes eu une succession d’avancées et de retours en arrière, mais que l’on songe, pour bien prendre conscience de l’ancienneté de cette sécularisation des esprits, que l’apostat Voltaire, il y a maintenant près de 3 siècles, exposait que la Vierge Marie était une fille légère et Jésus le bâtard d’un soldat, (ce qui était tout de même autrement plus grave que ce qui a valu à Salman Rushdie la fatwa l’ayant condamné à mort ), et qu’il est mort tranquillement dans son lit à l’âge de 83 ans sans même avoir eu à quitter le territoire français
Si la liberté religieuse n’a été explicitement introduite que par la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789, elle existait déjà dans les faits à la fin de la royauté.
1-3 La séparation du spirituel et du temporel a été le fondement de la paix religieuse, et un facteur essentiel de paix civile tout court, car la religion chrétienne s’en est en effet trouvée très difficilement instrumentalisable au profit d’ambitions ou d’intérêts profanes.
▪ Le christianisme ne connaît que la notion de péché, qui ne peut être sanctionné que dans l’au-delà. Il ignore la notion de crime ou de délit qui, elle, appelle des sanctions terrestres: les châtiments terrestres ne sont pas de son ressort. L’Eglise a certes le pouvoir d’excommunier, mais la doctrine chrétienne n’a jamais revendiqué celui de disposer du « bras séculier »: même lorsque des condamnations étaient prononcées pour des motifs religieux, c’était par des tribunaux laïques. Elle n’a jamais, a fortiori, revendiqué de disposer d’un pouvoir militaire.
Le Nouveau Testament, dont les maîtres mots sont justice et charité, ne connaît en outre que la notion de « prochain », sans aucune référence à la religion.
▪ D’où une autre conséquence, elle aussi essentielle: la religion chrétienne s’est trouvée très difficilement instrumentalisable au profit d’ambitions ou d’intérêts profanes, ce qui est un gage fondamental non seulement de paix religieuse, mais de paix tout court.
En l’absence des gardes fous rappelés ci-dessus, on conçoit en effet qu’il soit extrêmement tentant, lorsque l’on a par exemple des ambitions de nature politique (lesquelles peuvent résulter d’intérêts parfaitement matériels, d’ambitions personnelles, de considérations communautaires, etc…), de chercher à présenter ce que l’on souhaite voir en résulter comme correspondant à la volonté divine, qui par définition se situe au-dessus de tout, et peut donc justifier tous les moyens nécessaires pour parvenir à l’objectif visé: le mensonge, la dissimulation, le parjure, mais aussi guerres, massacres, assassinats… Avec en prime, éventuellement, une place de choix au paradis.
On peut d’ailleurs arriver exactement au même résultat du fait d’un croyant fanatique s’estimant sincèrement investi de la mission de faire triompher sa vision de la volonté divine. Intérêts profanes et convictions religieuses se retrouvent ainsi inextricablement mêlés.
On conçoit le prodigieux facteur potentiel de violence et de division qu’est alors la religion.
Notons, comme l’a souligné Jean-Louis Harouel, que l’état pontifical n’a jamais prétendu à être le royaume de Dieu sur terre. Il a toujours été un état comme les autres, et n’a jamais non plus cherché à être le centre d’un empire regroupant l’ensemble de la chrétienté.
Il n’y a d’ailleurs jamais eu réellement dans la chrétienté d’entreprise allant dans ce sens. Peut-être Charlemagne, en son temps, en a t’il rêvé. Mais il n’aurait pu pour cela s’appuyer solidement sur la doctrine chrétienne, et, si rêve il y a eu, cela n’a guère été plus loin.
1-4 Mais « laïcité », cela ne signifie en aucune façon abandon de l’héritage civilisationnel et national ; la loi de 1905 n’était qu’une loi de séparation des Eglises et de l’Etat, qui en fait n’a rien changé de fondamental pour les religions concernées: la « laïcité » lui était bien antérieure.
▪ Que dans l’espace public les comportements individuels se doivent d’ignorer l’appartenance religieuse ne signifie pas que la religion dominante ne doive y avoir ni visibilité ni influence. Car c’est sur une véritable civilisation –la civilisation européenne- qu’a débouché le christianisme, et tous les pays concernés s’en sont trouvés profondément marqués.
Le christianisme, et plus précisément le catholicisme romain, est omniprésent en France: dans les noms des villes et des villages, dans la présence d’édifices religieux, dans le patrimoine artistique et culturel, dans les croix qui parsèment les campagnes et se dressent au sommet des montagnes, dans le fait que presque partout les cloches des églises continuent à sonner, même lorsque l’église a perdu le prêtre qui lui était attaché, dans certaines traditions, dans les jours fériés…
Ces derniers structurent profondément la vie économique et l’ensemble de la vie sociale, et il est évidemment fondamental qu’ils soient les mêmes pour tout le monde. Aussi ils ont-ils été rattachés à ce qui a fait la France, et qui s’inscrit donc dans la durée : son histoire nationale et ses racines chrétiennes. C’est pour cela que, quand bien même ils ont aujourd’hui pour beaucoup perdu leur signification originelle, ils ont jusqu’ici été sans difficulté admis par tout le monde.
▪ En ce qui concerne la loi de 1905, rappelons qu’elle a mis fin au Concordat mis en place par Bonaparte en 1801, et qui institutionnalisait la rémunération par l’Etat des ministres des cultes catholique, protestant et juif moyennant un certain nombre d’obligations (dont celle pour les juifs, les rabbins exceptés bien sûr, de ne pas porter la kippa en public; les évêques et les prêtres devaient prêter serment de fidélité au gouvernement… ). Bien que son élaboration ait alors déchaîné les passions –son origine en avait été une offensive des anticléricaux sectaires de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle- il s’est agi en définitive d’une loi équilibrée, qui donnait aux Eglises une liberté qu’elles n’avaient jamais eue, et dont l’application, après certains ajustements ayant gommé ce qui lui restait d’excessif, ne posa pas de problème particulier. En ce qui concerne la vie religieuse, elle n’aboutit pas en définitive à une situation très différente de celle de l’Alsace-Lorraine revenue à la France en 1918, et où le Concordat, que Bismarck avait conservé après 1970, avait été maintenu. Elle n’a pas abouti, plus généralement, à une situation sensiblement différente de ce que l’on pouvait trouver dans le reste du monde occidental, nonobstant la diversité des liens institutionnels entre les églises et les états.
1.5 Le choc de l’islam
▪ C’est donc l’attentat du métro Saint Michel de 1995 qui a marqué, après trois siècles, la réapparition en France de la violence homicide au nom d’une religion.
Si l’on considère maintenant le monde entier, plus de 29000 attentats ou assassinats au nom de l’islam depuis le 11 septembre 2001, selon le site «The religion of peace » (9), qui en tient une comptabilité précise à partir d’un critère parfaitement défini: avoir été explicitement revendiqué par leurs auteurs comme étant commis au nom de l’islam.
Evidemment, cela ne signifie nullement que tel était leur véritable motif, qui pouvait être tout autre (dans les assassinats il y a en particulier un certain nombre de crimes dits « d’honneur »). Mais cela signifie tout de même que leurs auteurs avaient estimé pouvoir en trouver la justification dans la doctrine de l’islam.
Pour le seul mois de juillet 2016, 191 attentats ou assassinats ayant fait 1671 victimes dans 24 pays (dont l’attentat de Nice et l’égorgement du père Hamon).
A titre de comparaison, le bilan de l’Inquisition catholique, sur les 3 siècles où elle a été réellement active (et il y a de cela un demi millénaire…), est d’un peu plus de 10 000 condamnations à mort.
Le décompte de « the religion of peace » fait en outre apparaître que la plupart des attentats et assassinats commis au nom de l’islam ont lieu dans des pays musulmans où, en fait, ils sont endémiques. Le monde occidental, où le terrorisme se réduit pratiquement aujourd’hui au terrorisme islamiste, n’a commencé à être touché qu’à la suite d’une immigration musulmane massive et durable (en France on en est à la 3e génération), et uniquement dans les pays objets de cette immigration. En Pologne, combien d’attentats ? Combien de djihadistes partis pour la Syrie ?
Pour en revenir à la France, depuis début 2015, plus de 230 morts et plus de mille blessés; une trentaine d’attentats déjoués ou qui ont échoué, dont certains tout à fait miraculeusement.
Combien d’attentats commis au nom des religions catholique, protestantes, orthodoxe, juive, bouddhiste ?
Effaré, l’homme de la rue réalise de plus que très souvent il s’agit d’attentats suicides, leurs auteurs ayant résolument décidé de mourir en martyrs de l’islam, ce qui en simplifie singulièrement l’organisation. Il réalise aussi qu’ils peuvent être aussi bien le fait d’opérations de grande envergure organisées par des individus de haut niveau et apparemment parfaitement intégrés, tel l’attentat de 2001 contre les Twins Towers, que d’un banal voisin musulman qui se serait « radicalisé » dans son coin, et utilise les moyens qu’il a sous la main: un véhicule, un couteau de cuisine…
▪ Mais il constate aussi simultanément, maintenant presque partout en France, une véritable explosion dans l’espace public de l’affichage ostensible de l’appartenance à l’islam, qui dépasse largement la rapidité de l’augmentation de la population musulmane.
C’est ainsi qu’un beau matin, dans une ville où pourtant la population d’origine musulmane, bien qu’en forte expansion, demeure encore très minoritaire, il découvre voilée la sympathique personne qui depuis dix ans le servait chez le marchand de fruits et légumes arabe du coin.
Il constate aussi une explosion de revendications et de coutumes de plus en plus nombreuses et contraignantes, et qui relèvent même parfois d’une barbarie d’un autre âge. Qu’il s’agisse de tenues vestimentaires, de refus de la mixité, de l’obligation de ne consommer que de la viande abattue hallal, du ramadan, de faire aux heures fixées ses cinq prières quotidiennes et d’assister au prêche du vendredi, de l’égorgement de centaines de milliers de moutons lors de l’Aid el kebir…
Toutes ces ruptures de la « laïcité », au sens véritable de ce terme, perturbent de plus en plus profondément toutes les composantes de la vie sociale, avec comme conséquences d’une part une explosion de la communautarisation des musulmans, qui se coupent de plus en plus profondément du reste de la population, et d’autre part, les zones où ils s’installent étant fuies par les non musulmans, une véritable appropriation par l’islamisme de territoires de plus en plus étendus.
C’est ainsi que, sous la pression démographique, des rues, des quartiers qui peuvent regrouper des dizaines de milliers d’habitants, ne cessent de changer littéralement de civilisation, certains échappant même à peu près totalement aux lois et à l’autorité nationales. Le ministre de la Ville n’a-t-il pas lui-même déclaré, selon une expression prudente, que plus d’une centaine de quartiers présentent « des similitudes potentielles » avec le désormais célèbre quartier de Molenbeek (ou, rappelons le tout de même, Salah Abdeslam, recherché par toutes les polices suite à l’attentat du Bataclan, a pu vivre pendant quatre mois sans s’être éloigné de son domicile de plus de quelques centaines de mètres)?
Même dans des publications aussi peu susceptibles d’être considérées comme faisant partie de la fachosphère que Paris Match (1) ou « le Monde Diplomatique » (2) on trouve la description de quartiers où, certes, les habitants ne sont pas du tout nécessairement désagréables, mais où toutes les femmes sont voilées ou en burqa, où tous les commerces sont hallal, où il n’est pas question de prendre une bière à un café, où tout est fermé la journée en période de ramadan, où certaines rues sont occupées par la prière, et où il ne manque plus guère que l’appel du muezzin pour être totalement en terre d’islam.
▪ L’homme de la rue prend aussi conscience du fait que la population musulmane représente entre 10 et 15% de la population française, que sa natalité est très supérieure à la natalité autochtone, et qu’elle constitue, avec l’immigration africaine, la principale composante d’un flot annuel de 200 000 (chiffre de l’immigration légale) à 300 000 immigrés, soit 0,3 à 0,5% de la population française (voir ci-après le §E3 en ce qui concerne les enquêtes sur l’islamisation).
Il constate aussi qu’aux sources d’immigration actuelles, limitées jusqu’à présent à l’existence, pour des raisons historiques, de communautés d’accueil maghrebines et africaines, ainsi que, plus récemment, de l’implantation d’une forte communauté turque à partir de l’Allemagne, commence à s’ajouter maintenant, du fait de notre incapacité à protéger nos frontières et à expulser qui que ce soit, et de plus sous l’injonction de l’Union Européenne, une immigration presque uniquement musulmane venant du Moyen Orient et de l’Afganistan, du Pakistan (202 millions d’habitant ), voire du Bangla Desh (156 millions), pays victimes eux aussi du mauvais génie qui semble accompagner partout l’islam, amenant avec lui toutes les raisons de chercher à émigrer – ainsi que pléthore de motifs susceptibles de justifier une demande de droit d’asile.
2- La fable de l’enrichissement de notre civilisation par l’islam
« L’apport d’autres cultures ne saurait que nous enrichir »: tel est le dogme officiel, qui a d’autant plus de succès qu’il permet sans grand effort intellectuel de témoigner en public de sa largeur d’esprit.
Mais en quoi l’islam est-il donc susceptible d’enrichir notre civilisation ?
Il existe depuis 14 siècles. Il y a aujourd’hui plus de 1,6 milliards de musulmans, et 57 pays sont officiellement musulmans (tout ceci témoignant d’ailleurs d’une remarquable capacité à étendre ses territoires et à les conserver). Il est permis de penser que l’on dispose de tous les éléments nécessaires pour répondre à cette question.
▪ L’expérience, chez nous, d’un demi-siècle d’immigration soutenue devrait en outre nous montrer des premiers signes de cet enrichissement.
Tout ce que l’on vient de voir -l’explosion de perturbations sociétales diverses et des attentats- un enrichissement ?
La couverture du corps des femmes très au-delà de ce que nécessite la décence, un enrichissement ?
L’obligation, un mois durant, de ne pas boire et manger du lever au coucher du soleil, avec l’habitude prise de se rattraper pendant la nuit, ce qui perturbe profondément toute la vie sociale, un enrichissement ?
De combien faut-il remonter dans le temps pour retrouver en France la pratique de sacrifices d’animaux ? Environ 300 000 moutons égorgés à l’occasion de l’Aît el kebir, un enrichissement ?
Les risques sanitaires qui en découlent (l’Aït 2015, avec l’importation qui en a résulté de moutons de zones mal contrôlées, est le principal suspect dans la réapparition de la redoutable fièvre catarrhale ovine : voir (10)), un enrichissement ?
L’aberration sanitaire et éthique de l’abattage hallal, avec égorgement de l’animal avec section de la trachée artère et de l’œsophage, et de plus sans étourdissement préalable (cf (30) et § E5 ci-après) un enrichissement ?
▪ Si l’on regarde la situation d’ensemble des pays musulmans, on ne peut dire qu’elle soit encourageante. On n’y trouve guère qu’intolérance religieuse, ou dictature, ou les deux à la fois, le tout souvent sur fond de retard économique, d’attentats islamistes, voire même de guerre civile.
A part peut-être l’immense Indonésie. Encore faut-il ne pas y regarder de trop près, car la situation diffère fortement selon les îles, qui ne sont d’ailleurs pas toutes à majorité musulmane. Dans certaines il s’y pratique toujours l’excision au nom de l’islam. L’Indonésie a aussi sa violence islamiste endémique (7).
Alors que les problèmes entre les diverses religions issues du christianisme ont disparu depuis des siècles, les violences entre les schismes de l’islam sont aujourd’hui plus nombreuses et plus meurtrières que jamais : lire par exemple Antoine Sfeir « L’islam contre l’islam – L’interminable guerre des sunnites et des chiites »(8)
▪ Il convient évidemment de comparer des choses comparables. Bien d’autres facteurs que la religion peuvent intervenir, et il ne semble pas, par exemple, que les pays non musulmans d’Afrique noire se trouvent dans une meilleure situation que les pays musulmans.
Une comparaison extraordinairement probante, parce qu’elle porte sur plus d’un millénaire, et qu’elle se situe à l’échelle d’un continent est celle, développée par Jean-Louis Harouel, entre les évolutions des deux parties de l’empire romain : celle dont s’est emparé l’islam, et celle qui est restée à la chrétienté.
On connaît aujourd’hui leurs situations respectives.
Dans la course à la modernité, l’islam est pourtant parti avec une avance colossale, car il s’est emparé au 7e siècle, en quelques années, de la partie restée riche, hautement civilisée et parfaitement en état de marche du monde antique, raflant ainsi un prodigieux patrimoine matériel et intellectuel. Le christianisme, au contraire, s’est pour l’essentiel retrouvé cantonné dans la partie barbarisée, appauvrie et déculturée de l’empire romain.
Pendant plusieurs siècles –« l’âge d’or » de la civilisation islamique- l’islam fut effectivement la première puissance économique, scientifique et militaire mondiale. Héritier des connaissances et techniques de la Grèce, du Moyen-Orient ancien et de la Perse, il les enrichit d’apports venus de l’Inde et de la Chine. Mais il n’ira pas au-delà de cet héritage et, dès le 13e siècle, il se retrouvera progressivement déclassé scientifiquement et technologiquement par l’Occident chrétien. Dans le décollage de ce dernier, l’Eglise joua d’ailleurs un rôle essentiel. Seule institution structurée couvrant l’ensemble de la chrétienté et demeurée à peu près respectée et stable en ces temps souvent troublés, elle était en effet devenue à la fois le dépositaire du savoir, l’artisan de sa transmission, et un acteur majeur de son enrichissement: nombre de penseurs et d’hommes de science furent alors des clercs.
L’empire ottoman, héritier du premier empire islamique, et qui disposait militairement d’une écrasante supériorité numérique, poursuivit encore un temps ses conquêtes : la prise de Constantinople date de 1453. Mais dès la fin du 17e siècle (le siège de Vienne date de 1683), son infériorité militaire était devenue évidente, et cela marqua le début de son déclin.
Jean-Louis Harouel montre comment cette stagnation du monde musulman résulte directement de la nature même de l’islam, qui est en fait à peu près sur tous les points l’exact opposé du christianisme: lorsque tout est divinisé, on conçoit aisément que l’innovation ne s’en trouve pas facilitée.
Mais alors qu’en est-il donc de ce fameux apport arabo-musulman, sans lequel l’Occident n’aurait jamais pu bénéficier de l’héritage des Grecs, et n’aurait jamais pu sortir de l’obscurantisme du Moyen Age ?
Pour avoir contesté cette théorie, qui est aujourd’hui la position officielle (c’est-à-dire la position des chapelles qui tiennent l’histoire médiévale et l’islamologie), Sylvain Gouguenheim eut droit il y a quelques années à un ahurissant lynchage universitaire et médiatique (14).
Un simple examen des dates montre pourtant que cet apport relève de l’affabulation. Une telle retransmission du savoir du monde ancien, si elle a eu lieu, n’a pu en aucune façon jouer un rôle décisif : l’empire romain d’Orient, qui n’avait jamais été envahi, a survécu jusqu’en 1453, et le décollage artistique, culturel et scientifique de l’Occident chrétien, avec qui les liaisons n’avaient jamais cessé, est bien antérieur à cette date.
▪ Un autre exemple est celui des anciennes Indes britanniques devenues indépendantes en 1947. Suite à l’intransigeance du leader musulman Muhammad Ali Jinnah, qui avait exigé la création d’un état musulman, de façon à ce que les musulmans puissent enfin pratiquer librement leur religion, deux états furent alors créés sur des bases religieuses, l’Union Indienne, à majorité hindoue, où il restait toutefois une importante minorité musulmane, et le Pakistan, à population presque exclusivement musulmane, et qui initialement était composé de deux provinces séparées par 1600 km, le Pakistan occidental et le Pakistan oriental. Ce dernier fit sécession en 1971, et devint l’actuel Bangladesh.
Le décalage entre l’Inde et les deux pays musulmans est aujourd’hui manifeste. L’Inde, dont la religion principale, l’hindouisme, n’a pourtant pas une grande réputation de modernité, a pu garder un régime démocratique stable, et son décollage économique est nettement supérieur à celui du Pakistan et du Bangladesh, qui n’ont jamais connu de stabilité politique, et demeurent parmi les pays les plus pauvres de la planète. Le Pakistan est à la fois l’un des pays au monde où la loi islamique est la plus rigoureusement appliquée (l’apostasie y est officiellement punissable de mort), et où il y a le plus d’attentats islamistes.
A noter que ce décalage s’est retrouvé dans les populations immigrées au Royaume Uni (taux de chômage (voir (18)) : Blancs 4,40%, Hindous : 6,80 %,Pakistanais et Bangladais 15%)
3- Même si la méfiance vis-à-vis de l’islam est aujourd’hui à peu près générale, cette religion demeure extrêmement mal connue et tout est fait pour qu’elle le demeure. Or elle nous concerne maintenant au premier chef.
Un premier problème est que l’immense majorité des Français n’arrivent même pas à imaginer ce que peut être réellement une religion aussi fondamentalement différente de tout ce qu’ils ont pu connaître.
▪ Jusqu’à présent ils n’avaient connu que des religions sans incidence sur le comportement de leurs fidèles dans la vie de tous les jours. Pourquoi donc se préoccuper de la religion d’autrui, puisqu’elle ne nous concerne pas vraiment? Comment s’imaginer, en outre, pour des chrétiens, qu’une religion puisse faire autre chose que de chercher à développer ce qu’il y a de plus sociable et de plus charitable chez l’homme ? Lorsque quelqu’un affiche en public sa religion par son comportement, et que cette religion est différente de la nôtre, la première réaction est une réaction de respect. On éprouve une certaine gêne à l’idée même de chercher à en savoir plus: ce serait pénétrer par effraction dans le domaine du personnel, de l’intime…Domaine dans lequel en outre, exemple des saints à l’appui, on ne saurait trouver que forte spiritualité et sentiments élevés.
Le père Charles de Foucault est mort pour sa religion. Les kamikases du 11 septembre 2001 aussi, de même que ceux du Bataclan, l’auteur du massacre du 14 juillet dernier à Nice, Mohamed Merah, et bien d’autres… On peut tout de même penser qu’ils avaient trouvé de sérieuses raisons de penser que leur sacrifice les mènerait au paradis, et non pas en enfer.
▪ Que la méfiance vis-à-vis de l’islam soit générale est une chose, qu’il en résulte une réaction réellement efficace en est une autre, et cela nécessite une connaissance suffisamment précise de l’islam et des mécanismes qu’il met en jeu.
Or tout est fait pour nous maintenir dans l’ignorance :
a/ Par la diabolisation de toute analyse critique de l’islam, en feignant de considérer que s’en prendre à l’islam, c’est s’en prendre à l’ensemble des musulmans.
La distinction entre islam et islamisme (seul l’islamisme est mauvais, l’islam étant foncièrement bon…) ne trompe plus grand monde : on ne voit guère comment il pourrait y avoir d’islamisme sans islam. Mais l’essentiel est atteint : elle rend taboue toute analyse tant soit peu approfondie de l’islam, laquelle est ainsi à peu près totalement évacuée des grands médias. Tout le monde n’a pas l’envergure -et la solidité financière- d’Eric Zemmour.
Les aveugles peuvent ainsi rester aveugles, et les autruches garder la tête dans le sable.
Mieux encore : cela permet, sans que personne ou presque n’ose protester, de conclure que le meilleur moyen de lutter contre l’islamisme, c’est de favoriser l’islam, en permettant aux musulmans de « vivre pleinement leur foi »- et c’est maintenant la doxa officielle.
b/ Par l’enfumage
Tout ce qui peut aller dans ce sens a la certitude d’être largement diffusé, aussi absurde et contraire à la réalité que cela puisse être.
On peut citer les axes suivants :
• L’islam, c’est très compliqué: seuls des islamologues ou des « spécialistes des religions » peuvent réellement en parler.
D’innombrables spécialistes défilent dans les médias, certains étant assurément des puits de science. Mais est-on vraiment plus avancé lorsqu’on les a lus ou écoutés ?
• L’islam est une religion comme une autre, avec un renvoi dos à dos systématique de l’islam et du christianisme (et plus particulièrement du catholicisme, d’ailleurs). Après tout, quelle religion n’a pas eu ses problèmes ?
Qui n’a entendu parler des croisades et des guerres de religion ? Qui n’a entendu comparer le poisson du vendredi à la viande hallal, le carême au ramadan, le voile islamique aux cornettes des bonnes sœurs ou aux foulards que portent certaines femmes âgées dans nos campagnes, les attentats de l’IRA aux attentats islamiques, les écoles coraniques aux écoles libres catholiques, les partis démocrates chrétiens aux partis islamistes, etc…
A entendre nombre de commentateurs et d’hommes politiques, il aura fallu attendre la loi sur la laïcité de 1905 pour voir enfin la France émerger de l’obscurantisme religieux.
• L’islam religion de paix et de non violence.
Qui n’a entendu citer le verset du Coran « Pas de contrainte en religion » ? Ou le verset « Tuer un homme, c’est tuer toute l’humanité » ? Il s’agit en fait de versets tronqués. On pourra lire l’analyse qui en a été faite par Sami Aldeeb : cf (11) et (12).
(A suivre).
J. d’Antraigues
13/02/2017
Voir aussi :
https://www.polemia.com/lislam-une-religion-comme-les-autres-23/
https://www.polemia.com/lislam-une-religion-comme-les-autres-33/
https://polemia.com/pdf_v2/islam_13-fev.pdf
Correspondance Polémia – 25/02/2017
Image : grande mosquée de Kairouan dont le mihrâb est un des plus beaux joyaux de l’art islamique du IXe siècle.(Wikipedia)
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