Lorsque le déluge se prolonge, lorsque la terre n’arrive plus à absorber l’eau, lorsque le ruisseau se transforme en torrent et le jardin en étang, l’eau devient une catastrophe destructrice et mortelle.
L’immigration, c’est comme l’eau. C’est la vie, elle permet aux plantes de pousser et de transformer un jardin desséché en jardin luxuriant. Refuser l’eau, c’est se priver d’une ressource vitale et, à terme, c’est mourir.
Mais lorsque le déluge se prolonge, lorsque la terre n’arrive plus à absorber l’eau, lorsque le ruisseau se transforme en torrent et le jardin en étang, l’eau devient une catastrophe destructrice et mortelle.
Les gens qui habitent les étages les plus bas sont les premiers touchés par ce désastre. Mais ils ont beau alerter, crier, supplier, ceux qui restent bien au sec dans les étages supérieurs ne veulent rien entendre. « Comment ? Mais l’eau, c’est la vie, c’est une chance ! L’inondation n’est pas si grave, il faudra bien s’y habituer, ceux qui n’aiment pas l’eau ne sont après tout que des aquaphobes ! »
Et, bien sûr, pour bien montrer à ces aquaphobes de bas étage que l’eau est une chance, ceux des étages supérieurs décident d’ouvrir encore plus grandes les vannes et de construire des canaux plutôt que de construire des digues. Car comme chacun le sait, le meilleur moyen de soigner l’aquaphobie est d’immerger l’aquaphobe.
Est-il étonnant, alors, de voir de plus en plus de personnes, vivant dans les étages les plus bas, se tourner vers ceux qui leur proposent d’écoper l’eau ? Car pour eux, l’inondation est telle que réduire le débit, hélas, ne suffira plus.
Bien sûr, la comparaison utilisée est extrême, bien sûr, les clandestins sont des êtres humains. Mais cette parabole illustre le fossé qui se creuse entre la France d’en haut et la France d’en bas. Comment justifier les efforts et les sacrifices demandés à la France d’en bas alors que la France d’en haut se montre si magnanime avec des migrants illégaux ? Comment expliquer l’empressement à héberger ces clandestins alors que, chaque hiver, dans la capitale du pays des droits de l’homme, des SDF meurent de froid à quelques pas des ministères ? Et, surtout, comment faire comprendre que les migrants sont une chance alors que la France d’en bas est… mais au fait, qu’est donc la France d’en bas pour la France d’en haut ? On ne le sait pas car la France d’en haut n’en parle jamais, comme si ce n’était finalement que quantité négligeable.
Étienne Acs
Source : Boulevard Voltaire
24/08/2015