Orange avec AFP 24-02-2016 – 11:45
♦ « Cafouillage ministériel » (*)
Le Monde révèle ce mercredi les opérations militaires non officielles en Libye, provoquant la colère du ministre de la Défense qui lance une enquête pour « compromission de la défense nationale.
Le 3 février dernier, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll affirmait devant la presse que la France pourrait « bien sûr » participer à une intervention militaire contre Daech en Libye, mais à trois conditions :
- la constitution d’un gouvernement à Tripoli,
- que celui-ci en fasse la demande,
- qu’elle soit internationale.
La veille, Laurent Fabius, qui était alors ministre des Affaires étrangères, avait pour sa part démenti toute velléité d’intervenir militairement.
Or ce 24 février, Le Monde révèle que Paris mène une guerre secrète sur le sol libyen. « L’objectif n’est pas de gagner une guerre mais de frapper l’encadrement de l’État islamique, dans l’idée de freiner sa montée en puissance » affirme le quotidien. Le nombre de jihadiste a en effet presque doublé dans ce pays en proie au chaos vers lequel les combattants islamistes se tournent de plus en plus à défaut de pouvoir gagner l’Irak ou la Syrie. Au début du mois, les Américains faisaient état d’une présence jihadiste radicale désormais « de l’ordre de 5.000 combattants ». En un an, Syrte, l’ex-fief de Mouammar Kadhafi, est devenue en un an le sanctuaire en Libye de Daech, à moins de 300 km d’une Europe inquiète de cette menace.
Opérations non officielles
Le Monde affirme que la ligne de conduite fixée par le président François Hollande repose sur l’heure sur des actions militaires non officielles. Les opérations se dérouleraient donc sous forme de « frappes ponctuelles très ciblées, préparées par des actions discrètes voire secrètes » qui « s’appuient sur des forces spéciales ». Leur présence aurait été repérée dans l’est de la Libye depuis mi-février par des blogueurs spécialisés. Mais pas seulement. La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) mèneraient également des actions discrètes, avec des militaires en uniformes ou plus discrets.
Considérés comme « précurseurs », ces moyens ne préjugent toutefois pas d’une opération officielle assure le quotidien. « La dernière chose à faire serait d’intervenir en Libye. Il faut éviter tout engagement militaire ouvert, il faut agir discrètement » affirme par ailleurs un haut responsable de la défense française. La France n’est pas la seule à s’engager militairement en Libye, où les autorités peinent à constituer un gouvernement stable et à faire face à la montée en puissance des jihadistes. Vendredi 19 février, les États-Unis ont bombardé un camp de Daech dans le pays, tuant plus de 40 personnes selon eux. Un raid qui aurait permis d’éviter un attentat en Tunisie voisine selon le Pentagone.
Le Drian en colère –
À la suite de ces révélations, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, « très en colère » selon Le Point, a confié une enquête « pour compromission du secret de la défense » à la DPSD (Direction de la protection et de la sécurité de la défense) affirme l’hebdomadaire qui précise que cette procédure vise les sources du quotidien. L’infraction est passible de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende.
Des révélations que n’aprouveraient pas non plus Bruxelles. Dans un entretien au Journal du Dimanche le 21 février, la chef de la diplomatie de l’Union européenne Federica Mogherini affirmait que les Européens devaient attendre pour intervenir contre l’État islamique en Libye qu’un gouvernement libyen constitué et légitime leur en fasse la demande.
(*) Ndlr
Correspondance Polémia – 24/02/2016
Image : Orange avec AFP, mercredi 24 février, Libye : Un membre des forces spéciales françaises en 2012 (Illustration).