Par Jean-Yves Le Gallou ♦ Le modèle occidental du monde, issu de la civilisation européenne et structuré politiquement durant la guerre froide, reposait sur trois piliers : la liberté d’expression, la confiance dans la science et la croyance dans la démocratie.
Ces trois piliers sont en voie d’effondrement.
La liberté d’expression n’est plus qu’un souvenir
La censure d’État qui offrait – malgré ses défauts – des garanties judiciaires (procédures, débats contradictoires, appels, cassation) a été remplacée par la censure aussi arbitraire qu’unilatérale des GAFA. Et les motifs de censure se multiplient : discours politiquement incorrects sur l’histoire, les relations entre les races ou les sexes, certaines religions, l’islam en particulier. Mais Le zèle des censeurs s’étend : il est désormais recommandé d’éviter de mettre en doute la sincérité de l’élection présidentielle américaine de 2020 ou de porter un regard critique sur certains projets de vaccination contre la Covid-19 : bref, les sujets jugés « scabreux » qu’il faut éviter d’aborder, ou prendre avec des pincettes, se multiplient. D’autant que les paroles imprudentes peuvent déboucher sur des interdits professionnels ou la mort sociale.
La confiance en la science est érodée
Les médecins, se présentant comme scientifiques, qui se sont succédé dans les médias pour parler de l’épidémie de Covid-19 ont dit tout et le contraire de tout : ils ont ainsi beaucoup contribué à dévaloriser la parole des « experts ». La publication dans la grande revue médicale Lancet d’une étude statistique grossièrement bidonnée sur les effets du traitement de la Covid-19 par la chloroquine a semé le doute sur les revues « à comité de lecture ». Le poids des grands intérêts apparaît omniprésent dans la science et pas seulement en médecine.
Physicien, directeur d’un laboratoire du CNRS, expert du GIEC, François Gervais a publié un ouvrage : L’Urgence climatique est un leurre. Précisant : je peux écrire cela, je suis professeur émérite, mais je déconseillerai à un jeune chercheur d’exprimer les mêmes doutes sur les thèses alarmo-climatistes car il briserait sa carrière. Derrière les campagnes sur le réchauffement climatique d’origine anthropique, il y a des lobbys idéologiques et des lobbys d’intérêts, promouvant au passage des économies réputées vertes et pourtant… très polluantes (éolien, solaire, batteries, métaux rares).
Dans beaucoup de domaines scientifiques, la liberté de recherche est aujourd’hui étroitement limitée par la nécessité d’obtenir des crédits et la publication de ses travaux. Sans même parler de l’accès aux médias et aux éditeurs.
La croyance en la démocratie s’effrite
« Représenter, c’est trahir » est une maxime classique de sciences politiques : elle montre les limites de la démocratie représentative d’autant que l’élection (et la réélection) sont conditionnées par le financement des campagnes et l’image d’un candidat donnée par les médias. À cela il faut ajouter le rôle grandissant des organisations internationales et des juges dans la définition des politiques suivies.
La démocratie directe est, elle aussi, décevante car les exécutifs ou les juges passent souvent par-dessus l’avis exprimé par les électeurs : sur la constitution européenne en France, sur le droit de l’immigration en Suisse, sur le mariage des couples de même sexe en Californie. Il ne s’agit là que de quelques exemples consistant à dire : « Votez, de toute façon, nous n’en ferons qu’à notre tête. »
L’élection présidentielle américaine a montré qu’une étape supplémentaire était franchie avec l’organisation d’une fraude industrielle au moins dans plusieurs États clés. Fraude à la papa (électeurs à l’identité incertaine, morts sortant des cimetières, substitutions de bulletins, contrôleurs républicains exclus des salles de dépouillement) ou fraude numérique (machines à voter, machines à compter). Ce qui fut la plus grande démocratie du monde et le leader du « monde libre » a montré qu’elle avait des procédures électorales indignes. Et désormais tout porte à craindre qu’elles soient exportées en Europe avec l’extension du vote par procuration, le retour du vote par correspondance et la mise en place des machines à voter.
La poussée populiste
Il n’y a donc pas lieu de s’étonner de la poussée populiste partout dans le monde occidental. C’est une réaction à la dictature des oligarques et à l’enfumage des « experts ». Le paradoxe, c’est que la réponse qui est apportée à cette poussée populiste, c’est toujours plus de propagande et toujours plus de censure. Censure et propagande qui renforcent à leur tour la méfiance. Méfiance qui conduit à son tour à augmenter les doses de propagande et à multiplier les coups de ciseau d’Anastasie. Jusqu’où ? Pour le monde occidental, le temps des turbulences approche.
Vers une refondation ?
Une occasion de réfléchir à une refondation autour des grands principes civilisationnels qui ont fait la grandeur de l’Europe :
- Le libre débat, seule manière – en dehors des dogmes religieux – d’approcher la vérité.
- Le respect de la diversité des expressions, qui suppose le rétablissement du pluralisme des médias et le refus des censures privées.
- La souveraineté du peuple qui doit reprendre le pouvoir accaparé par les oligarques financiers, médiatiques et judiciaires.
Un vaste programme que les démocraties illibérales d’Europe centrale – Pologne et Hongrie – ont commencé à entreprendre. Des pays qu’il faut soutenir. Et sans doute prendre pour modèles.
Jean-Yves Le Gallou
20/12/2020
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