Yann Vallerie et Xavier Scott, journalistes à Breizh info
♦ Noam Chomsky « Si l’on ne croit pas à la liberté d’expression pour les gens qu’on méprise, on n’y croit pas du tout. »
Article 19 de la Déclaration des droits de l’homme
Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.
Les délits d’opinion, selon nos juges, font florès. Les parquets s’en donnent à cœur joie. Les poursuites et les condamnations tombent comme à Gravelotte. De quoi s’agit-il ? C’est tout simple : la liberté d’expression, une des premières conquêtes de la Révolution française, se trouve de jour en jour écornée. C’est quoi la liberté d’expression ? C’est le droit pour chacun de dire ou d’écrire ce qu’il pense. Ce droit est énoncé dans l’article 19 de la Déclaration des droits de l’homme, avec bien entendu les inévitables limites définies par la loi. Mais encore faudrait-il que la loi ne soit ni inique ni partisane et que surtout son interprétation soit rigoureuse. : « L’interprétation stricte de la loi pénale est un corollaire direct du principe de légalité » (*). Si l’on en croit Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, qui vient de publier son classement annuel, il y voit une dégradation des principes attachés à la sacro-sainte liberté d’expression, ce dont souffre d’ailleurs le journalisme. La France est classée 45e, ayant perdu 7 places. Rapport certainement à méditer.
Deux courts articles que l’on trouvera ci-après rendent compte d’une condamnation ahurissante d’un journaliste de Breizatao.com
Polémia
Note : (*) Marc Touillier
Marc Touillier est maître de conférences en droit privé à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense
I
Liberté pour la dissidence !
Boris Le Lay, animateur du site Breizatao.com, vient d’être condamné par la justice à deux années de prison ferme pour incitation à la haine raciale, pour un article visant le vice-procureur du tribunal de Quimper.
Un mandat d’arrêt a été émis à son encontre et a fait suite à une condamnation, l’an passé, à 6 mois de prison ferme pour avoir écrit qu’il n’existait pas de « Celtes noirs ».
Boris Le Lay a été jugé en son absence, sans même pouvoir être représenté par un avocat. Il est, en effet, exilé à l’étranger afin de fuir la répression politique qui s’abat sur lui.
Quelle que soit la teneur des propos tenus par ce blogueur important de la dissidence, cette décision d’enfermer, deux années durant, un homme pour des écrits est ahurissante .
Le pire étant, bien entendu, le silence de toutes les belles âmes qui se proclamaient Charlie, crayon ou autre Bataclan et qui se répandaient en donneurs de leçons garants de la liberté d’expression.
Certains d’entre eux se félicitent même. On pense à l’élue d’extrême gauche brestoise, Julie Le Goïc, qui se fend sur Twitter d’un « Oh Yeaahh » à l’annonce des deux ans ferme.
Étonnantes réactions, venant d’une gauche qui a passé ces dernières années à tout faire pour que les délinquants de droit commun échappent le plus possible aux lourdes peines de prison.
Étonnant message que celui de la justice adressé aux Français, une justice qui relâche un violeur récidiviste pour une erreur administrative ou une faute de frappe dans une procédure, mais qui veut enfermer un blogueur pour un écrit dissident.
Car en condamnant Boris Le Lay à deux années de prison ferme avec mandat d’arrêt, le message est clair : cassez, volez, agressez, violez, tuez même. Si vous n’êtes pas dissident, si vous n’êtes pas suspecté du crime ultime de pensée raciste (c’est-à-dire, en réalité, de défense des siens avant les autres), la justice française trouvera toujours le moyen de vous faire sortir rapidement de prison, et nos belles âmes vous trouveront toutes les excuses et les possibilités de réinsertion possibles .
Si, en revanche, il vous venait à l’esprit d’être dissident, d’écrire, de mobiliser, de militer contre ce régime autoritaire qui s’est installé en France, alors préparez-vous aux foudres impitoyables de la justice, au lynchage médiatique, et n’attendez aucune rédemption possible.
Qu’on partage ou pas les analyses de Boris Le Lay, la dissidence se doit de le soutenir. Car demain, à moins de rentrer dans le rang, ça sera moi et ça sera vous, ce seront tous les dissidents politiques qui seront embastillés pour avoir simplement dénoncé les fléaux qui ravagent la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui.
Liberté pour Boris Le Lay ! Et que crève cette dictature de la pensée unique !
Yann Vallerie,
journaliste à breizh info
24/04/2016
Source : Boulevard Voltaire.fr
Image : Boris Le Lay
II
L’Etat radical face aux opinions « hors idéologie »
Le problème n’est pas Le Lay mais un jugement qui traduit une radicalisation de l’État face à ceux qui ont des opinions « hors idéologie ».
Alors que la France du « Je suis Charlie » dégringole à la 45e place en matière de liberté de la presse (classement de Reporters sans frontières), il y a des chances que dans les années à venir nous voyions cette descente s’accentuer. Ainsi, le 21 avril dernier, le tribunal correctionnel de Brest a condamné Boris Le Lay à deux ans de prison pour « provocation à la haine raciale » à l’encontre de Fatou Mano, vice-procureur au tribunal de Quimper sur la base d’un article de blog.
Retour sur les faits. Boris Le Lay, polémiste au casier chargé, est un fervent opposant à l’immigration extra-européenne et opposant aux avancées de l’islam en Europe. En mai 2015, il est condamné à six mois de prison ferme pour avoir déclaré à propos de Yannick Martin, sonneur noir du bagad Quimper, « qu’il n’y avait pas de Celtes noirs, qu’on n’en avait jamais vu, et qu’on n’en verrait jamais ». Il revient alors sur sa condamnation dans un article de blog intitulé « Ma condamnation préfigure la vôtre, vous deviendrez les esclaves des musulmans sur la terre de vos ancêtres », qui aura pour conséquence une plainte de Fatou Mano. Boris Le Lay remet alors en cause l’impartialité de la magistrate aux origines africaines dans sa première condamnation : « Car, comme le prénom du procureur précité le laisse paraître, c’est bien une Africaine qui a été chargée de mener la charge contre le Breton que je suis. »
Pour ces propos, le tribunal est allé bien au-delà des réquisitions du parquet. Ce dernier avait, en effet, requis 8 mois de prison ferme mais le tribunal a finalement condamné Boris Le Lay à un an de prison ferme, ainsi qu’à la révocation du sursis prononcé par la cour d’appel de Rennes en 2013, portant ainsi sa peine à deux ans de prison ferme, assortie d’un mandat d’arrêt à son encontre, car Boris Le Lay ne vit plus en France.
À titre personnel, je ne partage pas la vision raciale de Boris Le Lay. La France, c’est une allégeance et non pas une race. Des personnalités historiques telles que Thomas Alexandre Dumas (général de la Révolution française) ou encore Joséphine Baker (chanteuse et résistante) peuvent en témoigner.
Cela étant, le problème n’est pas Boris Le Lay mais un jugement qui traduit une radicalisation de l’État face à ceux qui ont des opinions « hors idéologie ». Jusqu’à présent, ces genres de délit étaient passibles de lourdes amendes ou de prison avec sursis, comme ce fut le cas avec Éric Zemmour en 2011 pour avoir déclaré que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait ». Aujourd’hui, si vous ne faites pas attention à ce que vous dites, c’est la taule…
Pendant ce temps, l’imam de Brest n’est toujours pas inquiété pour avoir légitimé le viol des femmes non voilées et les djihadistes qui reviennent de Syrie se voient offrir des « stages de déradicalisation ». Je doute que Boris Le Lay, et ceux qui suivront, auront droit à un stage et un traitement similaires.
Xavier Scott
Chef de projet pharmaceutique
24/04/2016
Source : Boulevard Voltaire.fr
Image : Caricature de Boris Le Lay
Correspondance Polémia – 25/04/2016