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L’Humanisme c’est la guerre (I/VI )

L’Humanisme c’est la guerre (I/VI )

par | 29 janvier 2017 | Politique, Société

L’Humanisme c’est la guerre (I/VI )

♦ Cette longue étude est présentée par Frédéric Villaret en six parties, qui sont publiées au jour le jour afin de rester dans les normes générales de Polémia. Voici, la première partie.

I / VI – L’Humanisme, c’est la guerre ! – Comprendre l’Humanisme.

Frédéric Villaret, chercheur indépendant, essayiste

C’est l’Humanisme qui engendre les conflits meurtriers de ces derniers temps. Pas la nation…


L’Humanisme en question

Difficile de ne pas s’afficher humaniste aujourd’hui. Dire qu’il y a trop d’humains sur terre ou, pire, que nous serions trop nombreux en Europe ou en France garantit une condamnation sociale sans recours possible. La saillie de Nicolas Sarkozy sur la crise démographique que nous connaissons fut très mal accueillie par la bien-pensance et même ignorée des médias mainstream. Le buzz fit flop. Et pourtant, bien avant lui d’autres s’en étaient inquiétés. On citera Thomas Malthus (1766-1834) il y a deux siècles, et plus près de nous, Jacques-Yves Cousteau (1910-1997) ou René Dumont (1904-2001). Mais l’omerta est de rigueur sur ce thème, la bien-pensance imposant cette anarchie démographique au nom de l’humanisme. Entre un Africain de plus et un éléphant en voie de disparition de moins, la réponse s’impose : tant pis pour l’éléphant. Aussi, la posture écologiste est-elle envisagée comme un anti-humanisme, donc condamnable moralement. Et l’humaniste paraphrasant Jean Bodin (1530-1596) assène le coup définitif par : « Il n’y a de richesse que d’hommes ». Or aujourd’hui c’est la Nature qui est considérée comme une richesse. Ceci pour une raison simple. Elle se réduit comme peau de chagrin face à l’explosion d’une anthroposphère qui ne pourrait exister sans elle. Dès l’origine, les fondateurs du mouvement écologiste avaient pointé les démographies débridées comme source du mal.

Dans cet esprit, c’est cet humanisme qui engendre les conflits meurtriers de ces derniers temps. La raison en est que l’humanisme en tant que composante de la Modernité transgresse tous les déterminismes naturels. Doit-on alors remplacer l’expression « Le nationalisme, c’est la guerre » par « L’humanisme, c’est la guerre ! » ?

Le nationalisme, voilà l’ennemi

La doxa d’aujourd’hui condamne le nationalisme au motif que celui-ci serait la cause des grands conflits depuis les guerres napoléoniennes jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Le peuple fut alors convié à ces ordalies jusqu’alors réservées à l’aristocratie terrienne instrumentalisant des déclassés sociaux dans leurs jeux.

Mais le recours à des armes issues de la civilisation techno-industrielle oblige à mobiliser d’énormes ressources humaines pour passer à travers les balles. Sous cet angle, la guerre n’a rien à voir avec une forme politique donnée. Il y eut des conflits entre humains à toutes les époques et en tous lieux. La féodalité, le royalisme, la démocratie, l’impérialisme, les tyrannies de toute sorte et toutes les autres formes politiques adoptées ne sont ni meilleures ni pires, les unes par rapport aux autres, sur le plan écosystémique. Dans cet article, l’humanisme est sur la sellette.

En revanche, selon ces mêmes lieux et époques, ces guerres sont plus ou moins violentes. Encore faut-il évaluer la nature de cet impact. Ainsi pendant la seconde guerre mondiale, les Américains eurent des pertes modérées par rapport aux Allemands ou aux Russes. Quelques centaines de milliers d’un côté; des millions de l’autre. Mais ces pertes étaient-elles comparables ? Les Américains perdirent environ 400.000 à 500.000 hommes jeunes en bonne santé, alors que Russes et Allemands sortirent de la guerre débarrassés de valétudinaires. Ainsi pendant le siège de Leningrad, près de 1 million de victimes civiles furent à déplorer. Mais l’essentiel était des gens fragiles; enfants souffreteux, indigents, malades, vieillards. La population en bonne santé survécut. Aussi, malgré des pertes importantes, Russie et Allemagne marquèrent l’après-guerre d’une vigueur démographique et économique remarquable. Au contraire d’une France, par exemple, dont l’atonie de l’entre-deux-guerres est attribuée aux pertes dans sa population masculine dans la force de l’âge en 14-18. Pour mémoire, 2,4 millions de pertes définitives, c’est-à-dire inaptes à se battre, donc à travailler; 1,4 millions de morts et 1 million d’invalides. D’un point de vue écologique, les morts ne se valent pas.

Or, ce n’est pas le nationalisme qui a tué ces gens. Dans les deux derniers conflits mondiaux, des autocraties, des empires, des monarchies et des républiques luttaient contre des autocraties, des empires, des monarchies et des républiques. En revanche, ce sont des gaz, des bombes et des munitions de toutes sortes issus de la Modernité, mais à l’efficacité inconnue jusqu’alors, qui tuaient et handicapaient. Pour mémoire, la balle d’un fusil napoléonien était mortelle à quelques centaines de mètres alors qu’un fusil contemporain l’est à des milliers. On ne parlera pas de la bombe atomique ou des bombes au phosphore rasant Dresde. Il est incontestable que la civilisation techno-industrielle a permis une efficacité guerrière sans antécédent dans l’histoire. Mais ceci est-il la cause ou simplement la conséquence de postures l’ayant engendrée ? Humanisme et techno-industrie, deux composantes majeures de la Modernité, sont-ils à l’origine de ces mega-conflits ?

Frédéric Villaret
27/01/2017

Correspondance Polémia – 29/01/2017

Image : L’Humanisme à la Renaissance, « La création d’Adam », Chapelle Sixtine, Vatican (Michel-Ange ; 1475 – 1564)

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Frédéric Villaret
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