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L’euro : vers la dictature ? (1/2)

L’euro : vers la dictature ? (1/2)

par | 26 décembre 2015 | Économie, Europe

L’euro : vers la dictature ? (1/2)

Seize ans après la mise en place de l’euro, l’échec est total. Tour d’horizon avec notre contributeur Antraigues, polytechnicien.
Polémia

Introduction

Au sein de l’OCDE, c’est la zone euro qui a eu la plus faible croissance économique, et les écarts entre pays n’ont cessé de s’aggraver. Bien des États ont été durement touchés par la crise de 2008, mais il n’y a plus que dans cette zone que l’on parle encore de la crise des dettes souveraines qui en est résulté. Sept ans après, ces dettes n’y sont toujours même pas stabilisées, malgré les politiques « d’austérité » et de « dévaluation interne » alors mises en place.

Contre toute évidence cette crise des dettes souveraines, qui était structurelle (c’est la crise qui avait fait exploser les dettes, et non les dettes qui étaient à l’origine de la crise !), a été présentée comme le résultat de politiques budgétaires irresponsables : d’où, par le « pacte budgétaire » de 2012, la mise du budget des États sous le contrôle de la Commission européenne, avec possibilité pour cette dernière d’imposer des sanctions. Ainsi, dans une démarche parfaitement totalitaire, les conséquences d’abandons de souveraineté ont servi de prétextes à un nouvel abandon de souveraineté. L’échec s’aggravant, un pas de plus est maintenant évoqué, par l’instauration d’un « gouvernement économique renforcé » de la zone euro.

Aujourd’hui la France et les autres pays en difficulté, pris au piège d’un endettement artificiellement créé, sont sous la pression permanente des marchés financiers, ainsi que dans une dépendance accrue de l’Union européenne, étranglés économiquement (et donc budgétairement) comme ils le sont.

L’euro est ainsi devenu un outil de domination politique et économique, et sans doute ne faut-il pas chercher plus loin la raison profonde de l’acharnement actuel non seulement à le maintenir, mais à éviter tout départ de la zone euro, voire à étendre cette dernière.

C’est avoir privé les États de leur souveraineté monétaire qui a conduit l’UE à imposer la spoliation des déposants pour sauver les banques en difficultés (transcription effectuée dans le droit national par ordonnance en plein mois d’août dernier).

Avoir mis en place une union monétaire avant l’union politique, cela n’a pas seulement conduit à l’échec économique : cela a aussi ouvert la porte à la dictature. Quant à l’union politique (c’est-à-dire la création librement acceptée par les peuples concernés d’un État fédéral regroupant d’anciennes nations), sa perspective est aujourd’hui plus lointaine que jamais, si tant est qu’elle ait été réellement envisagée.

Présentation

De plus en plus manifestement la France n’est pas gouvernée en fonction de ses intérêts – c’est-à-dire des intérêts et des aspirations des Français – mais en fonction d’intérêts politiques ou financiers qui ne sont pas les siens, voire qui lui sont totalement opposés.

Sans doute ne faut-t-il pas chercher plus loin l’ampleur du rejet actuel des partis dits « de gouvernement », ainsi que du gouvernement lui-même.

Au demeurant la classe politico-médiatique affiche on ne peut plus clairement qu’il ne s’agit en aucune façon de défendre les intérêts de la France. Pour les plus indulgents, cela témoignerait d’une consternante étroitesse de vue et d’esprit ; pour les autres, de plus en plus, cela relèverait des heures les plus sombres de notre histoire.

Si l’on parle à tout bout de champ de « la République » et des « valeurs républicaines », c’est pour éviter de parler de la France, et encore plus de parler de « nation ». Même Nicolas Sarkozy ne s’y risque pas, lui qui est pourtant peu avare de transgressions verbales au politiquement correct, et sans doute ne faut-il pas chercher plus loin l’explication de la particulièrement peu euphonique nouvelle dénomination de l’UMP.

La raison profonde de cette implacable diabolisation de toute démarche se réclamant de la nation et ayant quelque chance d’aboutir politiquement, c’est que l’État-nation, et cela résulte de la définition même de la mondialisation, est le seul obstacle véritable qui s’oppose à cette dernière, et donc aux gigantesques intérêts politiques et financiers qui la sous-tendent.

Pourtant une expérience largement séculaire a montré que seuls des États nations pouvaient fonctionner de façon satisfaisante. Elle a aussi montré qu’un État-nation ne se décrétait pas et que, pour être viable sur le long terme, il doit résulter de la volonté librement consentie des populations qui la constituent de partager un destin commun, avec toutes les conditions que cela suppose. Une analyse un peu fine montre, en outre, que ce ne sont pas les nationalismes qui sont à l’origine des guerres (quoi de plus pacifique, par exemple, que la Suisse ?) : ce sont les impérialismes.

La poursuite de la descente aux enfers de la France en tant que pays de production, l’accélération de la mise à l’encan de son patrimoine, sa dépendance politique de plus en plus caricaturale, tout cela ne peut s’expliquer seulement par de l’incompétence et du carriérisme de son personnel politique (dès lors que l’on a quelque ambition dans l’existence, il a toujours été plus simple et plus gratifiant de se mettre résolument du côté des puissances du moment !). Il ne peut en fait plus guère en être autrement, tant les abandons de souveraineté institutionnels consentis par son gouvernement ont ligoté la France. Ils ne cessent d’ailleurs de s’étendre, de façon d’ailleurs la plupart du temps parfaitement subreptice, et c’est ainsi que la France se retrouve chaque année un peu plus détricotée. Il s’y ajoute que l’apport nouveau annuel à sa population (naissances + immigration) provient de l’immigration extra-européenne pour au moins 30% (et probablement plutôt 50%), ce qui menace l’unité même de la nation.

La priorité est évidemment que la France retrouve tous les attributs normaux d’une nation : des frontières, la possibilité, par des dispositions appropriées, d’imposer qu’un minimum de la consommation nationale soit effectivement produit sur le territoire national, la souveraineté monétaire, ainsi que la maîtrise du droit et de la justice applicables sur son territoire.

Ces deux derniers points, pourtant les plus méconnus de l’opinion publique (il est vrai que tout est fait pour qu’il en soit ainsi), conditionnent tout le reste. Ils sont en outre les plus faciles à mettre en œuvre, en ce que leur mise en œuvre est pour l’essentiel immatérielle. C’est d’ailleurs ce à quoi s’est attaché en priorité Viktor Orbán lors de son arrivée au pouvoir, par l’introduction de dispositions appropriées dans la constitution hongroise, et c’est cela qui lui a permis l’indépendance dont il témoigne (ceci est développé à la fin de cet article).

C’est de la souveraineté monétaire que l’on traite ici :

Signalons que la souveraineté monétaire ne se limite pas à disposer de sa monnaie propre : elle nécessite aussi que le gouvernement puisse s’organiser avec sa Banque Centrale (soit pour faire face à des actions de déstabilisation, soit pour agir au mieux des intérêts économiques du pays). C’est ainsi que la Hongrie (qui ne fait pas partie de la zone euro) a introduit dans sa Constitution un article allant dans ce sens, ce qui est totalement contraire à l’article 130 du Traité de Lisbonne, lequel s’applique à tous les membres de l’UE, et interdit à la fois aux gouvernements de donner des directives à leurs banques centrales, et à ces dernières d’en solliciter.

En ce qui concerne la reprise de la maîtrise du droit et de la justice applicables sur son territoire, signalons simplement que la Constitution française demeure au-dessus de tout, et qu’il n’y a d’abandons de souveraineté que parce qu’ils ont été inscrits dans certains de ses articles (et peut-être du fait de jurisprudences du Conseil constitutionnel). Notons que l’Allemagne, elle, a maintenu la supériorité de son droit national.

Où en est-on ?

Il est connu de longue date qu’une monnaie n’est viable que si elle est adossée à un État nation. La raison en est extrêmement simple : partager une monnaie commune implique qu’il puisse y avoir des transferts budgétaires très importants, et donc l’existence d’un fort sentiment de solidarité, autrement dit d’un sentiment national.

C’est ainsi que tous les États significatifs de la planète, hors zone euro, ont leur monnaie propre. Dans les dernières décennies la seule exception a été l’Argentine qui, sur les conseils d’économistes, a décidé en 1990 de lier sa monnaie au dollar. D’où en 1996 une épouvantable crise économique, comparable par son ampleur à la crise grecque, et dont elle ne s’est sortie qu’en décidant enfin, en 2002, de s’affranchir de la contrainte qu’elle s’était imposée.

La mise en place d’une monnaie commune à plusieurs nations n’est donc justifiable (du moins dans un cadre démocratique, car une monnaie commune peut aussi très bien être associée à un empire, et durer ce que dure cet empire), que si elle s’intègre explicitement dans la construction d’un État fédéral, autrement dit d’une nouvelle nation regroupant les anciennes. Elle se fait alors tout naturellement. Il est bien certain que si l’Allemagne acceptait de faire pour la mise à niveau des autres pays de la zone euro pour lesquels le problème se pose ce qu’elle a fait pour l’Allemagne de l’Est, il n’y aurait pas de problème de l’euro.

Autrement dit, l’union politique doit précéder l’union monétaire, et non l’inverse.

L’institution de la monnaie unique par le Traité de Maastricht, qui a ignoré cette règle fondamentale, était donc une aberration économique.

Les résultats en sont, seize ans après la mise en place de l’euro :

  • que la zone euro, prise dans son ensemble, a été au sein de l’OCDE la zone de plus faible croissance économique ;
  • qu’au sein de cette zone, il est résulté de l’inéluctable divergence d’économies profondément différentes que l’Allemagne a laminé la France et les pays méditerranéens, son excédent commercial se nourrissant du déficit des autres. D’où, aujourd’hui, son écrasante prééminence économique et politique ;
  • qu’il n’y a qu’en zone euro que la crise de 2008 a déclenché une crise des dettes souveraines durable et dont, de plus, sept ans après, on ne voit toujours pas la fin.

Un certain nombre de pays, déjà fragilisés pour certains par une monnaie trop forte pour leur économie, ont été touchés de plein fouet par la crise de 2008, et n’ont pu ensuite disposer pour s’en sortir de la liberté de manœuvre monétaire nécessaire. D’où une explosion de leurs dettes publiques qui ne sont toujours pas stabilisées, malgré les politiques « d’austérité » et de « dévaluation interne » alors mises en place malgré leur évidente absurdité ;
Rappelons qu’il n’y a pas d’autre moyen que la dévaluation pour retrouver une compétitivité nationale dégradée. Les composantes du coût d’un bien ou d’un service (salaires, matières premières, amortissements, taxes…) comportent à la fois des composantes nationales et des composantes étrangères. La dévaluation est le seul moyen de rééquilibrer instantanément et mécaniquement la part nationale et la part étrangère sans toucher aux coûts en monnaie nationale des composantes nationales, et donc à leurs coûts relatifs (ainsi le rapport entre salaires et loyers reste inchangé, etc.).
Vouloir faire autrement, c’est-à-dire mener une politique de « dévaluation interne », c’est aussi absurde que si, au lieu de passer à l’heure d’été, on demandait à tout le monde de décaler ses horaires. Pour de multiples raisons il ne peut en outre qu’en résulter un climat social désastreux, ne serait-ce que, pour que les salaires du privé baissent en nominal, il faut qu’il y ait une augmentation du chômage.

  • que, pris au piège de l’endettement, les pays en crise économique de la zone euro (la France, les pays méditerranéens et l’Irlande) se retrouvent aujourd’hui sous dépendance politique et économique.

Rappelons que ce piège, qui s’est refermé sur eux lors de la crise de 2008, avait été amorcé par l’abandon de leur souveraineté monétaire, qui les a institutionnellement privés de la possibilité pour leur Banque Centrale de prêter directement à l’État (techniquement, ceci s’appelle « monétiser la dette »). Tous les États du monde ont cette possibilité, dont la seule existence, un État s’endettant normalement dans sa monnaie nationale, les met structurellement à l’abri d’être enfermés dans le piège de l’endettement. Dans les dernières décennies, si l’on met à part un certain nombre de pays en voie de développement qui n’avaient pu faire autrement que d’emprunter au FMI, les seuls défauts souverains ont été l’Argentine (voir ci-dessus), ainsi que, en 1998, la Russie, qui s’était fort imprudemment endettée en dollars.

  • en ce qui concerne le système bancaire privé, une exacerbation de son instabilité intrinsèque, ainsi que de multiples effets pervers.

Rappelons que la création monétaire est pour l’essentiel du fait du système bancaire privé, par un mécanisme déjà intrinsèquement instable, puisqu’il revient, si l’on considère les choses globalement, à prêter à long terme des dépôts à moins long terme (voir dossier associé à « sortir de l’euro..et le plus vite possible »). Quand l’argent d’un dépôt à vue est prêté, il est considéré comme disponible à la fois par le bénéficiaire du prêt et par le titulaire du dépôt à vue : il y a donc création monétaire.

Au sein de l’UE cette instabilité est exacerbée par la totale liberté de circulation des capitaux qui y est imposée (il ne peut y avoir de dérogation qu’acceptée par l’UE, et dûment justifiée par des circonstances exceptionnelles). Au sein de la zone euro s’ajoutent un certain nombre de facteurs spéculatifs, et donc de risques supplémentaires. En particulier, depuis la crise de 2008, le monde entier a intégré que l’euro était une construction totalement artificielle, et qui pouvait donc disparaître du jour au lendemain. C’est ainsi que ce n’est pas du tout la même chose de déposer 1€ dans une banque allemande ou 1€ dans une banque grecque (avec toutes les situations intermédiaires que l’on peut imaginer).

Les dépôts de la clientèle des banques sont directement menacés, puisqu’ils ont été prêtés.

Les protéger est un impératif majeur, et dont l’importance va au-delà de son évidente sensibilité politique : on touche là à la protection même de la propriété privée.

Dans un État normal, et qui a donc gardé sa souveraineté monétaire, le problème ne se pose pas réellement, car la banque centrale est toujours là pour créer de la monnaie lorsque c’est absolument nécessaire. De façon plus générale c’est cette liberté de manœuvre de la banque centrale qui permet de circonscrire au niveau national les conséquences de difficultés bancaires.

Dans la zone euro tout devient insoluble, puisque les banques centrales nationales n’ont plus aucune autonomie et qu’il est hors de question que la BCE reprenne le problème à son niveau, ce qui au demeurant est parfaitement normal : l’union politique qu’impliquerait la solidarité nécessaire n’a pas été réalisée, et la BCE n’est en aucune façon la banque centrale d’un État fédéral.

Pour circonscrire les problèmes, il n’y a plus qu’une solution : c’est d’imposer que la recapitalisation d’une banque en difficulté se fasse (une fois annulées, bien sûr, tout de même, les dettes vis-à-vis des actionnaires et des titulaires d’obligations de la banque) par prélèvement sur les dépôts de la clientèle. C’est dans cette voie ahurissante que, suite à la crise bancaire chypriote de 2013, la réglementation européenne a été aménagée.

On conçoit aisément que le gouvernement français ait tenu à ce qu’il ne puisse y avoir le moindre débat sur ce sujet : d’où la transposition dans la législation française, en plein mois d’août et par voie d’ordonnance (« Ordonnance n° 2015-1024 du 20 août 2015 portant diverses dispositions d’adaptation de la législation au droit de l’Union européenne en matière financière »).

Il n’y a aucun doute à avoir vis-à-vis de la constitutionnalité de cette ordonnance, puisque, au vu de la Constitution française actuelle, toute réglementation européenne est conforme à la Constitution.

De façon plus générale les effets pervers sur le système bancaire privé sont multiples. Ainsi, pour prendre les situations extrêmes, la valeur réelle d’un euro dépendant du pays où il est déposé, les banques allemandes croulent aujourd’hui sous les liquidités, tandis que les banques grecques sont en permanence sous pression. A elle seule une telle situation interdit tout redémarrage de l’économie grecque.

Que s’est-t-il passé ?

Dès 2009 ou 2010, il aurait dû être reconnu que l’euro était une profonde erreur économique, et sa dissolution organisée.

Bien au contraire, il y a eu fuite en avant, dans une démarche parfaitement totalitaire.

Contre toute évidence la crise de l’euro, dont l’origine était structurelle, mais qui se manifestait par une crise de l’endettement (c’est la crise qui avait fait exploser les dettes, et non les dettes qui étaient à l’origine de la crise !), a été présentée comme le résultat de politiques budgétaires irresponsables : d’où le « pacte de stabilité budgétaire » signé le 12 octobre 2012, qui met le budget des États sous le contrôle de la Commission européenne, avec possibilité pour cette dernière d’imposer des sanctions : les conséquences d’abandons de souveraineté ont ainsi servi de prétextes à un nouvel abandon de souveraineté.

Cette situation est évidemment très favorable à l’Allemagne, grande gagnante de l’euro, puisqu’elle s’en trouve ainsi dispensée d’aider les pays en difficulté, qui de plus se retrouvent, eux, en position d’accusés permanents. Rappelons tout de même que, tant que leurs monnaies n’étaient pas liées, la France et l’Allemagne faisaient jeu égal.

Un outil d’asservissement politique et économique

C’est ainsi que l’euro est devenu un outil d’asservissement politique et économique, ainsi que d’ouverture forcée au capitalisme international.

Tous les pays en difficulté de la zone euro (la Grèce est un cas à part, puisqu’elle est explicitement sous tutelle) :

a) sont sous la pression permanente des marchés financiers, dont ils sont totalement tributaires pour le refinancement de leur dette. La notation d’un emprunteur, très logiquement, dépend pour une part de sa capacité à rembourser dans des conditions « normales », c’est-à-dire par un prélèvement sur les bénéfices qu’il dégage, mais aussi du patrimoine qu’il offre en garantie.

Que l’on ne s’y trompe pas : la note relativement flatteuse dont dispose encore la France ne résulte pas de l’intérêt qu’elle présente encore en tant que pays de production, mais d’une part de ce que sa richesse nationale (c’est-à-dire le total des patrimoines publics et privés) demeure tout à fait considérable, et de ce que, d’autre part, il n’y a pas aujourd’hui d’inquiétude à avoir en ce qui concerne la docilité de son gouvernement.

b) étranglés économiquement, ils le sont donc aussi budgétairement :

  • par les facteurs massifs de chômage que sont une monnaie trop forte et la suppression de tout protectionnisme vis-à-vis des pays à bas salaires (d’où diminution des recettes et augmentation des besoins sociaux) ;
  • pour un pays comme la France, par une immigration massive et de plus en plus mal assimilée, qui notamment contribue à accroître encore le chômage (sur la base d’une étude exhaustive le coût budgétaire a été estimé pour 2011 à 84 milliards, soit 4,2% du PIB, par le rapport Posokhow). Signalons au passage que la France, qui équilibre à peu près naissances et décès, n’a nul besoin d’une immigration supplémentaire.

C’est ainsi que, comme les autres pays en difficulté, elle est en permanence dans l’obligation de solliciter l’indulgence de la Commission européenne, qui se retrouve ainsi en situation, d’une part, d’intervenir dans la définition de ses priorités budgétaires (et l’on se doute bien que n’en font pas partie, à ses yeux, tout ce qui relève de l’intérêt national) ; d’autre part, d’imposer ses propres réformes, qui toutes vont vers plus d’ouverture au capitalisme international (ainsi d’ailleurs qu’à l’immigration).

D’où, par exemple, les caricaturales lois Macron, où l’on retrouve nombre de « recommandations » explicitement formulées par la Commission.

D’où, de façon très générale, une privatisation de plus en plus poussée de tout ce qui est fortement rentable dans le secteur nationalisé.

Ainsi l’ahurissante docilité de la France en ce qui concerne l’ouverture à la privatisation des barrages hydroélectriques aujourd’hui concédés à EDF, sans attendre la fin des concessions, trouve son origine dans le fait que, en 2013, Pierre Moscovici, alors ministre des Finances (et futur commissaire européen aux Affaires économiques et financières), avait explicitement proposé cette privatisation en échange de la bienveillance de la Commission vis-à-vis des dépassements budgétaires de la France.

Voir sur ce sujet l’étude « La privatisation des barrages, c’est la paix ! (les-crises.fr) »

Rappelons que 80% des barrages hydroélectriques sont exploités par EDF. Ils font donc partie du patrimoine national, dont ils constituent une composante extraordinairement rentable, puisque, amortis depuis longtemps, ils permettent de produire à bas coût une électricité qui, stockable, peut être vendue au prix fort.

L’échec économique de l’euro étant criant, et l’aveuglement technocratique et le dogmatisme monétaire ayant tout de même des limites, l’acharnement à maintenir l’euro ne peut plus guère s’expliquer que parce qu’il est aujourd’hui un outil de domination.

Comment expliquer, autrement que par un calcul politique, l’entrée récente dans l’euro de deux pays de l’ex-URSS, l’Estonie et la Lettonie, alors que, vu l’état de crise de la zone euro, on pouvait tout de même penser qu’il y avait des choses plus urgentes à faire ? La volonté d’éviter que la Grèce puisse quitter l’orbite atlantiste n’est certainement pas étrangère à ce qui s’est passé l’été dernier (voir ci-après le § relatif à la crise grecque).

Antraigues
01/12/2015

Deuxième partie : L’euro : vers la dictature ? (2/2)

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