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L’eurexit ça « m’eurexcite » !

L’eurexit ça « m’eurexcite » !

par | 30 juin 2016 | Europe

L’eurexit ça « m’eurexcite » !

Et si l’Europe sortait de l’Union européenne pour redonner aux peuples qui la composent « envie d’Europe »… ? Délibérément, Jean Henri d’Avirac sort du champ de l’analyse politique se positionnant simplement dans le champ de la communication et du marketing pour évaluer les ressorts d’une nouvelle stratégie de séduction. Polémia

Draguer le consommateur-électeur-citoyen européen

Le sujet est des plus sérieux et pourtant notre angle d’attaque sera des plus légers… car la caractéristique majeure de notre époque est bien d’avoir fabriqué un consommateur-électeur-zappeur qui en toute chose réagit en fonction de la capacité d’un événement, d’un objet ou d’un être humain à l’émouvoir, à l’étreindre, à le satisfaire… On peut regretter cette soft lobotomie mais on peut aussi tenter de s’en servir. Une mécanique « décérébrante » (pluralité et plaisir du choix, satisfaction et insatisfaction permanente, addiction) est à l’œuvre à tous les étages de la vie humaine dans le système marchand… Faisons le pari qu’en l’utilisant à bon escient, nous pourrions implanter quelques représentations positives dans l’encéphale cacochyme de nos concitoyens européens…

Car au bout de cette nuit noire, on ne peut que s’étonner des piètres stratégies de reconquête de l’opinion amorcées pour sauver l’idée européenne… ainsi, chercher à refonder l’Europe en lambeaux simplement par le « social » et le « fiscal » revient à offrir au peuple européen en mal d’expériences torrides la perspective d’une folle nuit d’amour avec son expert-comptable.

L’Europe de Bruxelles, c’est le rayon où l’on ne va jamais ou que l’on ne fréquente que par nécessité… le rayon des cartouches d’encre et du papier millimétré, le rayon des sacs poubelle et du papier toilette. Jamais l’enseigne « Europe » ne nous convie au fascinant rayon « livres et musique », aux linéaires des rutilantes bouteilles des vins et spiritueux, aux savoureuses étagères de la gastronomie de terroir, aux lumineux corners des senteurs et parfums. Jamais l’Union européenne ne cherche à vous donner « envie d’Europe » tant elle est prisonnière d’un carcan marchand, paradoxalement non vendeur. L’Union européenne n’est pas sexy et elle en paye le prix. Jamais, à l’image de tout produit et tout emballage qui réveillent les désirs les plus profonds, elle ne vous parle d’elle-même, de son origine, de son histoire, de ses fantasmes passés, présents ou à venir. Jamais son identité, comme c’est le cas chez les plus vénérables marques de luxe, n’est glorifiée voire même simplement évoquée.

En ces lieux de marché non bornés, où toute frontière est perçue comme un vestige réactionnaire, les têtes de gondole et les chefs de rayon ressemblent à des corbillards et à des croque-morts (voyez ces ballets de complets noirs, de cravates noires et de limousines noires), des slogans publicitaires glaçants et incompréhensibles surgissent des gorges serrées de technocrates morts-vivants.

« Familiarisez-vous avec des mobilités virtuelles, vous vous préparerez à des mobilités physiques et communiquerez pour devenir des médiateurs entre les cultures » (nouveau jargon de l’Education nationale pour l’Europe in Bvd Voltaire).

En un mot, on s’emmerde dans cette Europe qui ne nous dit pas qui elle est et ne cherche même pas à nous séduire.

Le feu de la séduction

 Séduire, le mot est lâché… littéralement seducere : détourner. Nous ne demanderions qu’à succomber aux charmes de la divine et éternelle Europe mais elle ne nous propose guère que ses rayons low cost, ses coursives mal odorantes et sa tambouille mondialisée, halalisée, banalisée, taftalisée.

Perdre l’envie de séduire ou d’être séduit constitue un point de rupture pathologique. Très curieusement notre société, par essence créatrice insidieuse de dépendances multiples, assimile le lien « sentimental » (à un être ou à un peuple) à une dépendance affective suspecte ou dépassée, alors qu’il devrait être érigé, sublimé, en sentiment d’appartenance.

Et l’on voit bien, en fond de sauce, tout le poids du non-dit d’un inconscient collectif, d’une vieille culpabilité sous-jacente trop rance et alimentée par l’oligarchie apatride… un brouet saumâtre encore si lourd dans nos estomacs, nos comportements, nos opinions, nos préjugés.

Mettre le feu à l’Europe de Bruxelles aurait un immense avantage : le feu lui-même ! Un feu autour duquel se retrouverait une communauté d’hommes et de femmes partageant la même histoire et le même destin, une flamme euro-souverainiste qui ferait vibrer corps et esprits en rappelant qu’une histoire commune de 10.000 ans coule dans nos veines ; une tradition indo-européenne, gréco-romaine et chrétienne qui a irrigué l’ADN d’un peuple jusqu’au tréfonds ; un ciment ethno-culturel qui évacuerait cette idée contre nature en vérité insensée réduisant notre identité à un creuset de la « Diversité » – un bien étrange concept qui, derrière sa majuscule, fusille les identités censées la constituer.

Donner envie d’Europe, c’est faire vibrer les hommes et les femmes d’Europe au rythme des Thermopyles, de nos danses traditionnelles ou électro-symphoniques ; donner envie d’Europe c’est frissonner sur Mozart, Bach ou Wagner ; donner envie d’Europe c’est comprendre les fondements de toute une Civilisation et donc les liens intimes et ancestraux qui unissent Celtes, Germains, Slaves et Latins ; donner envie d’Europe c’est afficher dans nos écoles une Histoire d’Europe où une identité ne chasse pas l’autre car on peut être tout à la fois fier d’être auvergnat, français et européen ; donner envie d’Europe, c’est retrouver au cœur de nos forêts ou sur nos plus hauts sommets la saine et virile volonté de puissance, décomplexée, libératrice. Alors, et alors seulement, nous pourrons parler de projets fédérateurs et post-modernes pour l’Europe car on ne peut savoir où l’on va quand on ne sait pas d’où l’on vient.

Eurocréateurs, à vos pinceaux ! à vos claviers ! à vos flambeaux ! Rallumez phares et repères et levez-vous en armée pour que jaillisse l’Europe de demain ! Des pierres levées, filles de Bretagne ou de Vladivostok, des champs enflammés de Sparte jusqu’aux croix de Glendalough, une seule et même Terre, un seul et même chemin où l’Européen scellera son destin !

Jean Henri d’Avirac

Jean-Henri d'Avirac

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