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Lettre à mes frères oligarques (2)

Lettre à mes frères oligarques (2)

par | 9 mars 2015 | Société

Lettre à mes frères oligarques (2)

« L’islamisme contribue à diffuser la peur en Europe, qui permet en retour de renforcer la soumission aux gouvernements en place ».

Chronique sous forme de lettre ouverte de Michel Geoffroy

Mes bien chers frères oligarques,

Comme suite à ma précédente lettre, voici, mes chers frères, un nouveau point de la situation en Europe, qui reste comme vous le savez notre principal sujet d’attention.

Vous vous inquiétiez à juste titre de la progression du populisme européen et des manifestations contre l’islamisation qui prenaient de l’ampleur en Allemagne et aux Pays-Bas. Sans parler de l’évolution de l’opinion en Grande-Bretagne, en Espagne et en Grèce contre la politique d’austérité que nous imposons ou contre l’Union européenne. Ni, bien sûr, de la progression du Front national en France.

Je tiens à vous rassurer : notre réaction a été à la hauteur de la situation.

En France tout d’abord, l’attentat islamiste contre le journal d’extrême gauche Charlie Hebdo, en janvier dernier, nous a permis de reprendre l’opinion en main.

Même si certains d’entre nous s’inquiètent de leur antisémitisme, vous savez que les islamistes servent en Europe notre stratégie. Car l’islamisme contribue à diffuser la peur en Europe, qui permet en retour de renforcer la soumission aux gouvernements en place. Vous avez d’ailleurs vu que l’image de marque du président de la République en France et de son gouvernement, qui était catastrophique, a nettement progressé depuis les attentats islamistes !

Au nom de la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme, de nouvelles mesures vont en outre bientôt entrer en vigueur qui auront pour effet de réduire une nouvelle fois la liberté d’expression et la liberté de la presse, et surtout de contrôler Internet dont le développement menace le monopole de nos médias.

Grâce à toutes ces mesures, je peux vous annoncer qu’il sera bientôt extrêmement difficile de contester publiquement et donc politiquement tout ce qui a trait à l’immigration, sous toutes ses formes. Les condamnations systématiquement prononcées contre les organes de presse vont dans le même sens (1). L’immigration, à laquelle nous sommes très attachés, sera ainsi inattaquable. Tous les juges nous aident beaucoup sur ce plan, il faut le rappeler.

La mise en œuvre du plan Vigipirate renforcé permet aussi d’habituer la population française à être contrôlée à tout moment par l’armée et la police, ce qui permettra aussi d’interdire le moment venu des manifestations qui pourraient nous être hostiles.

Ainsi la lutte contre le terrorisme nous a permis de progresser dans la surveillance de toute la population, comme nous l’avons fait en son temps aux États-Unis avec le Patriot Act, après l’attentat du 11 septembre 2001. Les révélations des lanceurs d’alerte sur l’ampleur du système mondial d’espionnage des communications, que nous dirigeons, auraient pu nous desservir. Mais finalement elles renforcent la population dans le sentiment que nous la surveillons étroitement, ce qui favorise l’expansion de l’autocensure.

Enfin, différentes mesures seront bientôt prises pour renforcer la place de l’islam en France, ce qui réduira au silence ceux qui contestent l’islamisation, au nom de la lutte contre l’islamophobie. Ainsi tous les musulmans deviendront malgré eux nos alliés potentiels. Nous veillons aussi, bien sûr, à organiser régulièrement des provocations destinées à entretenir l’opinion dans l’idée que les musulmans sont victimes d’agressions racistes de la part des autochtones. Tout en censurant bien évidemment toute information relative aux délits commis contre les chrétiens et leurs églises.

Depuis la grande marche du 11 janvier, que nous avons très bien préparée, je vous le rappelle, tous les partis politiques français collaborent activement enfin à isoler le Front national, de façon à ce que sa progression électorale – que nous ne pouvons enrayer pour le moment – ne débouche sur rien, ce qui devrait à la longue décourager ses électeurs. Nous faisons aussi régulièrement circuler des rumeurs visant à disqualifier la ligne politique des dirigeants actuels du Front national, afin d’essayer de l’affaiblir de l’intérieur. Nous veillons en tout cas à soutenir activement tous ceux qui, à droite, font de la « lutte contre le Front national » leur priorité : nous leur assurons toujours une belle couverture médiatique et de bons sondages, même si leur audience réelle est faible.

Ailleurs en Europe, nous avons incité les autorités à initier des poursuites contre les leaders des mouvements populistes.

En Allemagne, les collectivités publiques mais aussi certaines grandes entreprises comme Volkswagen (2) ont pris différentes mesures contre PEGIDA (3) afin de rendre plus difficiles ses manifestations. A chaque fois nous avons diffusé l’idée que ceux qui suivaient ce mouvement proféraient des discours néo-nazis, ce qui produit toujours grand effet outre-Rhin. Nous avons d’ailleurs réussi à faire incriminer un leader de PEGIDA, Lutz Bachman, pour incitation à la haine raciale et l’avons contraint à démissionner (4).

Aux Pays-Bas, des poursuites de même nature sont engagées contre Geert Wilders, qui nous a fait beaucoup de mal avec ses initiatives contre l’islamisme. A chaque fois nous réussissons donc à transformer les opinions qui nous sont contraires en délits.

En Espagne, des accusations de fraude fiscale ont aussi été diffusées à l’encontre du numéro trois de PODEMOS, le parti anti-austérité, Juan Carlos Monedero, afin de disqualifier ce mouvement (5).

Vous vous souvenez évidemment de la façon dont nous avons, l’année dernière, en Grèce, réussi à neutraliser le mouvement Aube Dorée dont la progression électorale vous inquiétait, en faisant emprisonner ses dirigeants sous le « chef d’organisation criminelle ». Mais nous n’en sommes pas restés là car nous avons ensuite favorisé l’ascension du parti Syriza, de gauche cette fois, de façon à marginaliser encore plus la droite populiste qui reste notre adversaire principal.

Comme Syriza défendait une ligne très hostile à la politique que nous avons imposée à la Grèce, sa victoire, suivie de son incapacité à infléchir cette même politique – nous y veillons, bien entendu –, servira de salutaire leçon pour tous les électeurs européens. Nous leur démontrons en effet une nouvelle fois qu’il n’y a aucune échappatoire à la politique que nous avons imposée en Europe et que celle-ci est bien une « cage de fer », comme le dit désormais lui-même le nouveau ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis.

En Suède, nous avons réussi à ce que les partis de gauche et de droite signent un pacte de non-agression politique jusqu’en 2022 et à faire annuler les élections législatives extraordinaires prévues le 22 mars 2015, qui risquaient d’enregistrer une forte progression des Démocrates de Suède qui sont, comme vous le savez, d’extrême droite. Grâce à cet accord (6), un gouvernement minoritaire dans l’opinion pourra diriger durablement la Suède comme nous l’entendons. Vous conviendrez qu’il s’agit là d’un intéressant précédent.

Bien entendu, notre action n’est pas uniquement répressive. Nous avons assoupli quelque peu la politique monétaire et les contraintes budgétaires au sein de la zone euro pour redonner un peu d’espace politique aux gouvernements en place. Vous avez vu notamment que, s’agissant de la France, l’obligation de réduction des déficits a été repoussée en 2017, soit après la présidentielle, ce qui aidera bien le candidat sortant, François Hollande. Nous faisons aussi circuler de nombreuses rumeurs sur le fait que la conjoncture économique et l’emploi s’améliorent en Europe et les opérateurs de marchés que nous contrôlons vont dans le même sens. Tout cela devrait contribuer à endormir l’opinion européenne.

Enfin, bien sûr, je ne reviendrai pas sur la parfaite réussite de notre opération d’isolement de la Russie qui a connu un nouveau rebondissement avec l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov, que nos médias ont bien entendu imputé au gouvernement russe. Nous avons ainsi habitué l’opinion européenne à l’idée qu’il fallait se méfier de la Russie et la sanctionner en permanence. L’Europe de l’Atlantique à l’Oural, comme disait le déplorable général De Gaulle, est bel et bien enterrée ! Nous pourrons donc passer prochainement à la phase plus offensive de notre plan de refoulement de la Russie.

En conclusion, mes bien chers frères, nous pouvons légitimement nous réjouir de la tournure que nous avons fait prendre aux événements en Europe. L’Europe reste sous notre entier contrôle et c’est bien là l’essentiel.

Oligarchiquement vôtre,

Michel Geoffroy
07/03/2015

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Notes

1. Voir notamment l’intéressante condamnation de l’hebdomadaire Valeurs actuelles pour « provocation à la haine » pour leur dossier consacré aux Roms, le 4 mars dernier.
2. A Dresde notamment en janvier 2015.
3. Pegida : pour une Europe unie face à l’islam
4. Les Échos du 22 janvier 2015.
5. Le Monde du 25 février 2015.
6. Le Monde du 30 décembre 2014.

Michel Geoffroy

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