Nous voici de retour à la période des premiers bourgeons d’une reprise, de faux espoirs et d’incompréhension totale de l’état réel de l’économie mondiale. Il y a quelques petites bonnes nouvelles qui, combinées avec des statistiques économiques manipulées et ajustées saisonnièrement, donnent aux politiciens ce dont ils ont besoin pour disséminer leur évangile optimiste de reprise qui n’a rien à voir avec la réalité.
Que ce soit en Europe, aux États-Unis, au Japon ou dans plusieurs autres pays, la situation est devenue totalement irréparable. Mais, comme je l’ai dit dans des articles et interviews récents, ce n’est pas seulement que la situation est irréparable, mais il semble que nous soyons à la fin d’un cycle économique qui a débuté à la fin du Moyen-Âge. J’ai déjà écrit à ce sujet, en 2009, dans un article intitulé « Les années sombres sont là ». Les cycles économiques majeurs prennent beaucoup de temps à se développer et, si nous sommes maintenant au début d’un ralentissement important de l’économie mondiale, les gens qui vivent aujourd’hui ne connaîtront que le tout début de cette baisse. Mais, malheureusement, ce début entraînera des chambardements importants et très déplaisants qui n’épargneront presque personne.
Nous venons de vivre un siècle de fausse prospérité, basée sur de la monnaie imprimée et du crédit. Ces 100 dernières années, nous avons eu la création de la Fed aux États-Unis (une banque centrale appartenant à des banquiers privés, qui l’ont créée et la contrôlent) et du système bancaire fractionnel (permettant aux banques d’utiliser l’effet de levier de 10 à 50), qui ont fait exploser la dette gouvernementale et créé un marché de produits dérivés de plus de $1,4 million de milliards. C’est ce qui explique principalement pourquoi l’économie mondiale a pris tant d’expansion, ce dernier siècle et, particulièrement, ces 40 dernières années. Ces quatre jambes très vacillantes, i.e. l’impression monétaire des banques centrales, l’usage de l’effet de levier par les banques, les emprunts gouvernementaux et la fabrication de produits dérivés, ont créé un monde de richesse illusoire et de prospérité illusoire. Il y a également une totale absence de valeurs morales ou éthiques. Nous sommes à l’étape finale d’une ère d’extrême décadence, une ère qui, malheureusement, ne peut bien finir, et qui finira mal.
Il n’y a pas d’espoir pour l’Europe
Là encore, les gouvernements et les médias continuent de nous nourrir de nouvelles qui n’ont rien à voir avec l’état réel de l’économie mondiale. En Europe, le pays méditerranéens s’endettent à un rythme exponentiel. Les ratios dette/PIB de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie et de la Grèce vont de 100% à 180%. Ils essaient, de manière futile, des mesures d’austérité, mais cela n’engendre rien d’autre qu’une croissance plus faible et des dettes supérieures. Malheureusement, il n’existe pas d’issue pour ces pays où la population souffre terriblement. La meilleure solution consisterait à sortir de l’Union européenne et de l’euro, renoncer à payer les dettes, et dévaluer les monnaies. Mais les « eurocrates » ne sont pas prêts à accepter cela, et préféreront plutôt ajouter encore plus de dette et imprimer plus de monnaie, rendant la situation bien pire.
La dette des États-Unis va engloutir le monde entier
La situation aux États-Unis n’est guère mieux. Il n’existe pratiquement aucune statistique publiée qui ait quoi que ce soit à voir avec la réalité. Le vrai taux de chômage est de 23%, et non de 7%, tel que publié. Le PIB, si l’on utilise les chiffres réels d’inflation, est en déclin depuis des années, et les salaires, en valeur réelle, sont en déclin depuis quarante ans. L’augmentation perçue du niveau de vie n’a été possible que par une augmentation massive de la dette du gouvernement américain. La dette du gouvernement américain était de $1 mille milliards en 1980, $8 mille milliards en 2006, lorsque Bernanke est devenu président de la Fed, et elle est maintenant de $17 mille milliards, et elle augmente d’au moins mille milliards de dollars par an. Alors Bernanke a réussi à créer $9 mille milliards de dette durant ses courtes sept années à la tête de la Fed. Cela avait pris 230 ans, de 1776 à 2006, pour que la dette des États-Unis atteigne les $8 mille milliards, et Bernanke a battu ce record en sept ans. Une réussite étonnante. Et cette dette n’inclut pas le passif non capitalisé du gouvernement, qui tournent autour de $220 mille milliards. Mais quelle personne saine d’esprit pourrait bien croire que les États-Unis se sortiront de ce trou !?
Et oui, les États-Unis et les autres pays imprimeront des quantités illimitées de monnaie. Mais cette monnaie imprimée n’est que des bouts de papier sans valeur et n’a rien à voir avec la création de richesse. Toute cette impression monétaire ne fera que s’ajouter à cette dette insoutenable et ne créera pas un sou de prospérité. À la place, nous assisterons sans doute à une dépression hyperinflationniste dans plusieurs pays.
Pour les quelques privilégiés qui ont des actifs financiers à protéger, l’or physique entreposé hors du système bancaire devrait constituer la meilleure façon de préserver sa richesse et son pouvoir d’achat.
Egon von Greyerz
Fondateur de Goldswitzerland.com (Mattherhorn Asset Management) / Membre du conseil d’administration de Goldbroker.com
16/09/20132013