Le vice-ministre russe de la Défense Anatoli Antonov a formulé dix questions simples auxquelles Moscou attend des réponses de la part de Kiev, écrit lundi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Le quotidien se met à la place du ministère ukrainien de la Défense et tente d’y répondre.
1. Les autorités ukrainiennes ont immédiatement identifié les responsables de cette tragédie – à leurs yeux ce sont évidemment les indépendantistes. Sur quoi s’appuient ces conclusion ?
Réponse. Le lancement d’un missile sol-air depuis la région de Donetsk a été confirmé par les satellites américains, mais tout est très clair même sans les satellites. Le vice-président américain Joe Biden a déjà déclaré que le Boeing 777 de Malaysia Airlines avait été abattu par les séparatistes.
2. Est-ce que Kiev peut fournir tous les détails d’exploitation des systèmes antiaériens Buk sur le théâtre d’opérations, et surtout – pourquoi ces systèmes ont-ils été déployés si les indépendantistes ne disposent pas d’avions?
Réponse. Les systèmes antiaériens ont été déployés à travers l’Ukraine pour parer une éventuelle attaque de l’aviation russe. Ce jour-là les forces ukrainiennes n’ont pas utilisé le système Buk contre un avion.
Il est à savoir également que le canon antiaérien automoteur 9A310M1-2 Buk est capable de tirer en régime automatique. Mais les soldats ukrainiens ne peuvent pas abattre un Boeing à cette altitude. Et il ne s’agit pas seulement des compétences du personnel. L’opérateur a très peu de temps, environ une minute, pour abattre une cible se déplaçant à plus de 800 km/h. La cible parcourt près de 14 km en une minute. Autrement dit, elle sera dans la zone de tir pendant deux minutes. Le complexe devient opérationnel en 20 secondes, moins de 20 secondes s’écoulent avant le lancement du missile. Après cela, le missile se dirigera vers la cible, et si sa vitesse est supérieure à 830 km/h il n’y aura pas d’impact. Dans le cas du Boeing 777, dont la vitesse était de 905 km/h, le temps de lancement du missile se réduit à 50 seconds à partir du moment de verrouillage de la cible et le tir à la poursuite est impossible.
Ce qui nécessite la présence d’un autre appareil – une station d’identification et de guidage 9S18 Koupol. Elle détecte des cibles aériennes dans un rayon de 110-120 km. La station inclut un poste radar, un dispositif de transmission, de réception et d’autres équipements.
3. Quelle est la raison de l’inaction des autorités ukrainiennes pour former une commission internationale, quand commencera-t-elle à travailler? Toute la communauté internationale l’attend.
Réponse. Nous attendons de créer les conditions nécessaires pour assurer le travail de la commission en toute sécurité. Ces conditions seront créées quand le lieu du crash du Boeing sera libéré des terroristes.
4. Le commandement militaire ukrainien est-il prêt à fournir aux experts internationaux des documents sur l’inventaire des missiles sol-air et air-air des systèmes antiaériens? C’est une question cruciale qui permettrait d’identifier les systèmes utilisés contre le Boeing.
Réponse. Je vois où vous voulez en venir. En effet, les chasseurs MiG et Su peuvent embarquer des missiles air-air R-27T à moyenne portée avec un système de guidage infrarouge. La portée du missile R-27ER1 s’élève à 95 km. Ces missiles ne sont pas détectés par les satellites après le lancement. Autre particularité du R-27 – il est fabriqué en Ukraine et possède le sigle du holding public Artem (Kiev) et en cas de découverte de débris il serait impossible de le confondre avec un missile russe. Mais la constatation quantitative des missiles n’apporterait rien, d’après moi.
5. Fournira-t-on à la commission internationale des données des systèmes de contrôle objectif sur les déplacements de l’aviation ukrainienne le jour de la tragédie?
Réponse. Les avions ukrainiens ne volaient pas dans la zone où a été abattu le Boeing, ce qui n’exclut pas le travail de notre aviation dans les régions voisines. Bien évidemment, nous sommes prêts à fournir les données des systèmes de contrôle objectif aux représentants américains.
6. Pourquoi les contrôleurs aériens ukrainiens ont permis la dérive de l’appareil vers le nord, en direction de l’opération dite antiterroriste menée par Kiev contre les habitants du sud-est du pays?
Réponse. Je n’ai pas de telles informations.
7. Pourquoi l’espace aérien n’a pas été complètement fermé au survol de l’aviation civile au-dessus du théâtre d’opérations? D’autant que le territoire ne soit pas entièrement couvert par les radars de navigation?
Réponse. Le Boeing volait à 10 000 mètres d’altitude. Les avions de nombreuses compagnies aériennes survolaient cette zone, c’était un couloir aérien assez dense. Personne ne pensait que les terroristes commenceraient à abattre des avions civils de compagnies étrangères.
8. Est-ce que Kiev pourrait commenter les communiqués dans les réseaux sociaux d’un contrôleur aérien espagnol travaillant en Ukraine, selon lequel le Boeing abattu était accompagné par deux avions militaires ukrainiens?
Réponse. Je ne connais pas ce contrôleur aérien.
9. Pourquoi le Service de sécurité ukrainien a commencé à travailler avec les enregistrements des communications entre les contrôleurs ukrainiens et l’équipage du Boeing et avec les données des radars ukrainiens en l’absence de représentants internationaux?
Réponse. Le Service de sécurité ukrainien (SBU) est un département autonome. Je ne commente pas ses actions. Par ailleurs, le SBU dispose d’enregistrements audio et vidéo faits 24 heures avant la tragédie. Sur la vidéo on voit bien qu’un missile manque sur un Buk. Où est-il passé? Il s’agit évidemment du missile qui a abattu le Boeing malaisien. Sur les enregistrements on entend les terroristes qui parlent des déplacements du Buk. N’est-ce pas des preuves?
10. Comment ont été prises en comptes les leçons d’une autre catastrophe similaire du Tu-154 russe au-dessus de la mer Noire? A l’époque, le gouvernement ukrainien niait jusqu’au dernier moment l’implication de l’armée ukrainienne dans cette tragédie, et seulement après la présentation de preuves irréfutables la Russie a pu prouver qui est le véritable responsable de la catastrophe.
Réponse. Leonid Koutchma était le président à l’époque, je pense qu’il a donné une réponse exhaustive à votre question.
Source : RIA Novosti
21/07/2014