Bulletin d’André Noël, Synthèse hebdomadaire, n° 2450
♦ Ouf ! La République est sauvée et la démocratie n’a jamais été aussi belle que depuis dimanche soir car le Front national n’a obtenu aucune présidence de région ; le spectre de la « guerre civile » brandi par Manuel Valls à la veille du scrutin est donc écarté ! Tout est bien qui finit bien ! Faut-il en rire tant cette situation est grotesque ou en pleurer tant elle est un déni de justice de plus ?
Scrutin après scrutin les Français sont de plus en plus nombreux à se prononcer pour le Front national. Premier parti de France par le nombre d’électeurs qui se déterminent en sa faveur, il est aussi celui qui a le moins d’élus ! Ce paradoxe n’émeut pas les amis de la démocratie et des droits de l’homme réunis puisqu’il leur permet de conserver prébendes et privilèges et de continuer tout comme avant tout en disant qu’ils ont compris la leçon, selon un rituel post-électoral bien rodé.
Le candidat commun de Valls et Sarkozy, Xavier Bertrand, n’a-t-il pas assuré, avec toute l’apparence du sérieux, que sa victoire n’était pas celle « des partis politiques » ? Alors qu’elle n’est que cela, le fruit des ententes d’états-majors et autres magouilles politiciennes, comme ce fut le cas pour Estrosi et Richet ! Ce n’est certes pas la victoire du petit peuple des humbles qui, au premier tour, dans le Sud, dans l’Est, au Centre avait mis les candidats du Front national en tête, manifestant qu’il ne voulait plus de ces partis politiques exténués qui, depuis des décennies, promettent toujours et ne tiennent jamais, ni pour l’emploi, ni pour le pouvoir d’achat, ni pour la sécurité et qui laissent prospérer une immigration incontrôlée.
Le pouvoir a repris à son compte quelques propositions de Marine Le Pen dénoncées comme factieuses quand elle était la première à en exiger l’adoption, notamment la déchéance des binationaux prenant les armes contre la France. Les Français ont compris qu’elle avait vu juste avant le gouvernement. Les socialistes et les Républicains viennent de lui donner publiquement raison une nouvelle fois en montrant – et de quelle façon ! – que l’UMPS n’est pas un mythe forgé par le FN mais une réalité. Toute honte bue, on a vu le premier ministre appeler à voter pour Bertrand et Estrosi un mois après que le premier secrétaire du PS les eut dénoncés comme faisant partie du « bloc réactionnaire » avec les Le Pen !
Ces victoires déshonorantes auront deux conséquences, au niveau régional et au niveau national. Les présidents « Républicains », dans les régions Nord-Pas-de- Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte d’azur et Alsace-Lorraine qui, déjà, n’osent plus prononcer le nom de leur parti, seront pour six ans les otages d’une gauche qui, à chaque instant, leur dira « Qui t’a fait roi » ? Ils seront soumis par le P.S. à un chantage permanent au nom de la « République ». Bref ! Cela signifie que, malgré l’absence d’élus socialistes, il n’y aura pas d’alternance.
Au niveau national, Hollande, Sarkozy (ou Juppé) voudront rééditer l’opération en 2017 et réunir au deuxième tour socialistes et libéraux pour « faire barrage » à Marine Le Pen. Mais, pour cela, encore faudrait-il qu’ils soient encore en course après le premier tour !
On va donc assister à une lutte féroce entre eux pour être le challenger de la présidente du Front national. Après le « Embrassons-nous Folleville » des régionales, il y aura un combat sanglant pour la présidentielle. Le triste spectacle qu’a donné la classe politique entre les deux tours, mêlant invectives sur les tréteaux et combinaisons politicardes dans les coulisses, est un motif de plus pour dégoûter le peuple d’une classe politique déconsidérée. Il n’y a aucune raison qu’il en soit autrement d’ici à 2017, malgré les serments proclamés au soir d’élections où l’on jure, la main sur le cœur, que désormais rien ne sera plus comme avant. Air connu, mais maintenant, ça ne prend plus !
Bulletin d’André Noël
Semaine du 14 au 20/12/2015
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Correspondance Polémia 14/12/2015
Image : Manuel Valls :«Le FN peut conduire à la guerre civile»