Par Jean-Claude Thialet, essayiste ♦ En écoutant Nadine Morano répondre à Jean-Jacques Bourdin, Jean-Claude Thialet n’a pas manqué de soulever plusieurs éléments intéressants d’analyse, même si l’ensemble de ses propos l’engage lui et pas Polémia. Avec, au fond, une seule question : ce parti qui se dit de droite l’est-il vraiment ?
Le pays avant le parti
Nadine Morano, était reçue l’autre jour sur RMC par Jean-Jacques Bourdin. D’emblée, l’animateur de « Bourdin-Direct » lui pose la question de savoir si elle sera tête de liste de l’UMP/Les Républicains aux prochaines « Européennes ». La réponse de celle qui est (sans doute) l’un des plus fidèles soutiens de Laurent Wauquiez fuse : « Notre priorité est de définir un programme qui puisse convenir à l’ensemble des sensibilités de notre famille politique… » (sic !)
Cette phrase résume parfaitement la manière dont les partis gouvernementaux gèrent les affaires du pays… Au lieu de se demander quel programme sera le meilleur pour améliorer les conditions de vie de leurs compatriotes, et surtout, pour régler les différents problèmes auxquels le pays est confronté et qui mettent en péril sa survie en tant que Nation (dette astronomique qui ne cesse d’augmenter, déficit constant de la balance commerciale, disparition de son outil industriel, chômage endémique, « analphabétisation » progressive, insécurité aggravée, etc.), les politiciens se demandent tout simplement quel dénominateur commun adopter pour gommer leurs divergences intestines et être – comme ils disent à la veille d’élections – « en ordre de bataille » et remporter la victoire. Une victoire électorale, s’entend, et non la bataille de la France !
Ne plus ménager les sensibilités
Ce qui fait qu’au lieu d’établir un programme qui définirait les mesures à prendre pour régler efficacement les différents problèmes que j’énumère précédemment, les responsables ne pensent qu’à supprimer ou édulcorer toutes celles qui pourraient froisser les différentes « sensibilités », voire mêmes les différentes susceptibilités, des uns et des autres…
Et, après avoir entendu la pétulante Nadine Morano, cela promet pour le prochain Conseil national LR de Menton où doivent être définies les grandes lignes d’un programme « européen ». On devine les marchandages, les concessions de toutes sortes… Et leur résultats. A force de vouloir plaire à toutes les « sensibilités », on mijote des programmes qui ne sont ni chair ni poisson, qui finissent d’ailleurs par déplaire à tous les membres du parti concerné (Macron et Philippe en font aujourd’hui l’expérience !) et conduisent ainsi le pays de mal en pis.
Pour que la France reste la France
Et quand on relève tous les avis plus ou moins réservés – voire les critiques publiques – que suscite au sein de l’UMP/L.R. le tract intitulé « Pour que la France reste la France », diffusé à 1.500.000 exemplaires et qui – selon moi devrait résumer parfaitement l’objectif d’un parti qui ose encore se dire « de droite » – je me dis que Laurent Wauquiez aura bien du souci à se faire pour imposer à ses troupes un programme digne de ce nom capable de sauver un Pays en pleine déliquescence aussi bien morale qu’économique, financière ou sociale…
Quand la France (je dis bien la F-R-A-N-C-E et non la République) trouvera-t-elle une femme ou un homme d’Etat qui n’aura en tête que de faire ce qui est bon pour elle, au lieu de se préoccuper de ce qu’en pense sa « famille » politique ?
Une chose est certaine, c’est qu’avant de devenir le « Great Old Party » véritablement de droite (ce qu’il n’a jamais été selon moi – même, et surtout, au temps de De Gaulle dont les-uns et les-autres ne cessent de se réclamer), l’UMP/Les Républicains devra non pas faire taire, mais se libérer de toutes les voix discordantes qui ne cessent de l’empêcher d’être un véritable parti de droite, un parti – j’ose le mot – national !
Pour l’instant, une question se pose : combien de divisions (intestines, faut-il le préciser) l’empêchent-elles de l’être ? Et d’être ainsi un parti d’opposition digne de ce nom avec un vrai programme de droite, libéré de toutes les ambiguïtés que le RPF/RPR/l’UMP/Les Républicains à endossé, de concessions en concessions, comme le manteau de Nessus (malgré tous ses changements d’appellations) depuis l’avènement en 1944 du faux homme de droite qu’aura été assurément De Gaulle…
Jean-Claude Thialet,
22/06/2018
(1) A commencer par la « N2 » de « L.R., Valérie Pécresse, qui a du mal à cacher ses « sensibilités » de gauche. Elle n’est pas la seule chez « Les Républicains » ! On le sait, les politiciens et politiciennes de « droite » ne sont certes pas tous devenus des gens de gauche, mais TOUTES et TOUS ont été contaminés par des idées de gauche, et même des idées marxistes. Des idées qu’ils ont tétées à l’Ecole (pas seulement) de la République, et qui leur ont été plus ou moins dictées au fur et à mesure par les Médias mainstream et les Assoces. Et même, de plus en plus, par les Réseaux Sociaux…
(2) Au passage, je relève, que si la France ne reste pas la France, elle le devra autant à Giscard, Chirac et Sarkozy, tous de prétendus « hommes de droite »(3) qu’à Mitterrand ou Hollande, sans parler de Macron, l’envoyé de la Finance Internationale, l’homme du Bilderberg …
(3) Une appellation qui me rappelle cette anecdote dont je garantis l’authenticité : lors d’une campagne électorale, Chirac Jacques avait répondu en substance à une jeune journaliste d’Europe1 qui lui demandait ingénument s’il était de droite : « les électeurs qui me soutiennent se disent de droite ! ». Ils sont ainsi – en les totalisant, vote après vote – des centaines de millions d’électrices et d’électeurs de droite à avoir « fabriqué » (à l’insu de leur plein gré ?) de faux dirigeants de « droite ». Et qui continueront à le faire jusqu’au naufrage du « France-Titanic ». Tout en se plaignant d’avoir été bernés !
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