Hier samedi, j’ai passé une partie de l’après-midi à l’écoute de France Maghreb. Quelle drôle d’idée ? Au contraire, c’est dans ces moments-là qu’il faut écouter les gentils porte-paroles de la communauté « franco-maghrébine » – c’est ainsi qu’ils se présentent. Ce qu’on pouvait entendre, c’était une sorte de haut-parleur de la « taqîya », la dissimulation, préconisée par l’islam lorsqu’un croyant se trouve en terrain hostile.
D’abord un mot sur « France Maghreb 2 » pour ceux qui n’en font pas leur ordinaire.
La meilleure manière de situer la fiabilité et l’inspiration de cette radio, c’est de constater qu’un de ses éditorialistes vedettes a nom Tariq Ramadan.
L’émission d’hier prenait place dans un des magazines habituels de la station, intitulé Le Grand Forum, dont l’édition spéciale était consacrée aux attentats.
Nous eûmes droit à toute la panoplie : l’islam religion de paix et d’amour, les interprétations déviantes qui en sont faites par les islamophobes, les Français racistes ordinaires, la colonisation pas encore terminée, et la condamnation, « bien sûr », des attentats barbares commis par des gens qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’islam. Et le rappel du principe coranique selon lequel « Tuer une âme, c’est tuer l’humanité » (verbatim).
Tout cela était très attendu.
Mais c’est dans les détails que gît le malin.
C’est donc dans les morceaux choisis qu’émergeait la vérité.
D’abord l’intervenant dominant déclarait à deux reprises « Moi, je suis un intellectuel », puis « Moi, je suis diplômé », ceci pour qu’on comprenne bien que sa parole et son expertise en matière d’islam, ce n’était pas de la gnognote.
Par la suite il évoquait (sic) les « pseudo intellectuels » qui n’étaient pas de son avis. Comment le lui reprocher, d’ailleurs : il mettait ses pas dans les traces de la ministresse Vallaud-Belkacem, émule sans doute involontaire de Jdanov (1).
Malheureusement pour lui, la forme et le fond de ses propos donnaient à penser que si, dans sa jauge de valeurs, son profil était celui d’un intellectuel, il valait mieux se trouver du côté des « pseudo ».
Le débat s’engagea sur le message de Mathieu Kassovitz ainsi libellé :
« Mes amis musulmans, descendez dans la rue et faites-vous entendre. Sinon vous méritez l’amalgame dont vous êtes victimes ? »
Les participants furent unanimes à récuser la légitimité de cette invitation. « Les musulmans n’ont pas à répondre à une injonction » mais « ça doit venir de nous », affirma le locuteur principal.
Certes ! aurait-on envie de dire. Le problème c’est que « ça n’est pas venu » et que « ça ne vient pas » ! Et pire, c’est que « ce qui vient », de manière spontanée, c’est assez ordinairement le contraire : la grève des minutes de silence dans les lycées en janvier et (a-t-on déjà oublié ?) les éditions de maillots de soutien à Merah.
Autre grand moment, lorsqu’un autre participant eut ce mot pour stigmatiser le racisme français, facteur d’amalgame : « Et si, en plus, le mec est un peu raciste parce qu’on lui a cassé sa voiture ou ses pneus (sic) ».
Nous voilà éclairés sur la nature du racisme ! Si l’on comprend bien, lorsque celui qui casse une voiture ou crève des pneus est de souche, on peut concevoir à son encontre une juste vindicte ; si l’auteur est maghrébin, par exemple, cette vindicte prend le caractère d’un comportement raciste.
Victimes, tenez-vous-le pour dit !
Et voilà : lorsque le naturel revient au galop, au détour d’un propos moins étudié, c’est là que transparaît la vérité – en l’occurrence la vérité d’un communautarisme qui se définit CONTRE la réalité française, mise à distance comme « l’autre ».
Messieurs les débatteurs, c’était bien la peine de truffer l’émission d’affirmations de loyauté à la République française, de protestations de respect des valeurs communes, et de « condamnations, bien sûr » : un instant d’inattention et patatras !
Mais rassurez-vous : le Huffington Post du 15 novembre vous assure de sa compréhension et de sa bienveillance (2).
Julius Muzart
15/11/2015
Notes
- Discours à l’Union des écrivains soviétiques : « Nous exigeons que nos camarades, les dirigeants de la littérature comme ceux qui écrivent, se laissent guider par ce sans quoi la littérature soviétique ne peut pas vivre : la politique. »
- Article du 15/11/2015 intitulé « France, jours difficiles à venir pour les musulmans » et signé de Akram Belkaïd, journaliste et écrivain : « D’ailleurs, on leur demande déjà de se désolidariser de ces actes de sauvagerie comme si cela ne tombait pas sous le sens. Comme si on pouvait être solidaire de ces psychopathes. »
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