André Posokhow, consultant, essayiste
♦ Jean-Paul Gourévitch est l’auteur de plusieurs monographies sur l’immigration et son coût et de Les migrations pour les nuls (1), dont Polémia a rendu compte au cours de l’été 2015 et qui a valu à la revue d’injustes avanies de la part de l’AFP et des médias de propagande.
La pression des événements l’a conduit à publier en mars 2016, pour la revue Les Etudes de Contribuables associés (2), une nouvelle enquête sur « Les migrations méditerranéennes en 2015. Chiffres et coûts, les réalités du présent, les scénarios du futur » qui fait un point, notamment, sur les chiffres du mouvement migratoire actuel. Nous tenons à souligner que, du fait d’une situation très évolutive et de données statistiques incertaines et parfois manipulées, il convient de prendre en compte les données chiffrées avec prudence.
Polémia, dans sa ligne de veille attentive à ce qui n’est plus aujourd’hui une immigration mais une invasion-submersion – certains parlent de conquête – de l’Europe, présente à titre d’information à ses lecteurs un résumé factuel de cette intéressante étude.
Esprit libre et indépendant, J.-P. Gourévitch dénonce avec véhémence la désinformation sur les migrations.
-Manipulation par l’image
La photo du petit Aylan Kurdi a servi, non à informer, mais à « formater l’opinion » pour déclarer l’Europe coupable alors que l’enfant est mort sur une plage de Bodrum en Turquie. Pourquoi ne pas avoir montré aussi des photos d’enfants chrétiens égorgés par l’Etat islamique ?
-Manipulation par le reportage-documentaire
C’est l’exemple du documentaire sur Le véritable coût de l’immigration diffusé le 13 octobre 2015 sur France 5. Le choix des invités ne s’est tourné que vers des immigrationnistes doctrinaires, à l’exclusion d’autres spécialistes ou de ceux qui ont affirmé leur positionnement à droite.
A la télévision française participer à un débat sur ce thème c’est comme applaudir d’une seule main.
-Manipulation malhonnête des chiffres
L’INSEE a, en octobre 2015, publié des analyses chiffrées démontrant qu’en 2013 le solde migratoire français était en forte baisse et s’établissait à 33.000 personnes, ce qui a été répercuté par l’AFP et les médias.
C’est une escroquerie intellectuelle d’une rare impudence, comme l’a démontré Polémia dans une étude de l’été 2015. En réalité il y a deux soldes migratoires :
-celui de l’immigration que l’INSEE évalue à 140.000 personnes auxquelles il faut ajouter les clandestins que l’INSEE oublie allégrement et que J.-P. Gourévitch évalue à 50.000, soit 190.000 au total ;
-celui de l’expatriation de Français que l’INSEE évalue à 120.000.
Confondre au sein du même solde migratoire les chiffres d’une invasion africaine et ceux du départ provisoire ou définitif de Français constitue une offense à l’identité française.
Un solde migratoire de l’émigration angoissant et, semble-t-il, en nette progression
Dans sa monographie n°28 de 2013, J.-P. Gourévitch concluait à un départ annuel de 285.000 personnes, françaises pour la quasi-totalité, et à un retour de 205.000, soit un solde migratoire de 80.000 personnes parties définitivement.
Ce chiffre déjà catastrophique est infirmé par celui de l’INSEE d’octobre 2015 qui, sur la base de 197.000 sorties et 77.000 retours s’élèverait à 120.000 départs.
Peut-on croire ce chiffre que J.-P. Gourévitch juge vraisemblable ? Ce n’est pas certain car le nombre de sorties est difficile à appréhender par absence d’un outil statistique fiable. En revanche, il est clair que le solde migratoire de l’émigration des Français est énorme, en progression et angoissant. Nos gouvernants sont responsables et coupables. Ils ont transformé le pays de cocagne qu’est la France en un repoussoir pour ses propres nationaux.
Une situation du stock migratoire de plus en plus pesante
Jean-Paul Gourévitch se réfère à son chiffre d’immigrés de sa monographie n°27 de 2012 de 9.975.000 résidents, soit 15% de la population française. Celui-ci ne prend en compte les enfants d’immigrés nés de couples mixtes que pour une demi-part et tient compte des clandestins.
Rappelons les chiffres des études de l’INSEE d’octobre 2015. Selon eux, en 2014, sur 65,8 millions de personnes, la France compte 5,9 millions d’immigrés, soit 9% de la population. L’INSEE, dans ces études, ne fait pas apparaître le nombre des descendants directs d’immigrés qui peuvent être estimés à environ 6,7 millions. Au total cela fait à peu près 12,6 millions d’immigrés au total, soit 19% de la population.
Enfin, notons qu’en 2013 l’Europe comptait 72 millions de migrants sur son territoire, soit 10% de sa population.
Les chiffres incertains et terrifiants de l’immigration-submersion dans un futur proche
L’année 2015 a été marquée par un changement d’échelle des migrations.
Selon un communiqué de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) du 23/12/2015, 1.005.504 migrants seraient déjà entrés de façon irrégulière en Europe en 2015.
Concernant l’avenir, des commentateurs évoquent 2,2 millions de candidats à la migration en Syrie et 300.000 en Irak et évaluent entre 1million et 1,6 million le chiffre de l’invasion en Europe en 2016.
D’autres prévisions que ne cite pas J.-P. Gourévitch sont encore plus marquantes :
-le FMI, relayé par le quotidien The Telegraph, a prédit que quatre millions de migrants, hommes et musulmans en majorité, arriveraient en Europe en cette année 2016 ;
-selon le ministre allemand Gerd Müller, seulement 10% des migrants sont arrivés actuellement en Europe. Cela voudrait dire que notre continent pourrait en attendre 10 millions dans un avenir proche.
Les réactions dérisoires de l’Union européenne
La première réponse a été celle des quotas qui ne peut résorber le flux actuel de migrants et qui oubliait que l’Espace Schengen est ouvert et que, si l’envahisseur n’est pas content, il peut changer de pays.
L’UE a pensé à séparer les réfugiés politiques des migrants économiques en mettant en place des centres d’accueil. Mais comment distinguer les uns des autres ? Où implanter ces centres ? Comment faire respecter les décisions prises ?
L’UE, en réalité la chancelière allemande, a décidé sans concertation avec ses partenaires de se tourner vers la Turquie notamment par un accord du 29/11/2015. Celle-ci maintiendrait sur son sol 2 millions de réfugiés syriens en échange de 3Md€ et d’une attribution plus facile de visas pour l’Europe. Depuis, la Turquie, avec la complicité de Merkel qui engage l’Europe sans mandat, exerce un chantage permanent sur l’UE et fait monter les enchères.
Enfin, l’UE fait appel aux bonnes volontés et demande aux particuliers, aux collectivités locales et aux associations d’accueillir des réfugiés. Il s’agit en fait de disséminer ceux-ci sur le territoire européen et de répartir la charge et le coût entre les sites d’accueil. Cependant un tel choix est celui d’une minorité et qu’arrivera-t-il quand déferleront les bénéficiaires du regroupement familial ?
Stimulés par des opinions publiques exacerbées les pays européens se ferment
De nombreux pays européens se ferment. C’est le cas de la Serbie et de la Macédoine. La Hongrie est porte close. L’Autriche et la Slovénie ont édifié des clôtures. La Tchéquie et la Slovaquie refusent d’accueillir des migrants, la dernière parce qu’il n’existe pas de mosquée chez elle. Il fallait y penser ! La Pologne ne veut ni quotas ni garde-frontières sans son accord. La France a rétabli les contrôles aux frontières.
Il semblerait que du fait de la fermeture de la route des Balkans, sous l’impulsion unilatérale de pays comme l’Autriche, le flux de demandeurs d’asile en Allemagne soit en cours de réduction (Le Figaro du 18 mars 2016). C’est à confirmer.
La crise migratoire consacre le règne des passeurs
Selon l’OCDE il y aurait dans le monde 30.000 passeurs, dont 3.000 opérant en Méditerranée. Les Allemands affirment avoir détruit 3.000 réseaux en 2014-2015. En réalité ce nombre, au lieu d’être voisin de zéro, semble avoir augmenté.
Selon J.-P. Gourévitch, le tarif de passage depuis le littoral sud se situe entre 3.000 et 8.000 euros. Il considère que les passeurs constituent des organisations pyramidales qui fonctionnent comme de véritables holdings.
La lutte contre les passeurs malgré des succès ponctuels manque d’efficacité et semble marquer le pas.
Les migrations méditerranéennes coûtent plus cher que ce qui a été affirmé
J.-P. Gourévitch a tenté d’évaluer les coûts des immigrations méditerranéennes. Nous répercutons ses chiffres pour information mais sans contrôle et sous toutes réserves.
1°) Le coût des 24.000 réfugiés supplémentaires promis par Hollande.
Hollande a promis d’accueillir 24.000 réfugiés supplémentaires sur 2 ans. La Cour des comptes a évalué le coût d’un demandeur d’asile à 13.724€ pour un demandeur d’asile et à 5.528€ pour un débouté. Sur cette base le coût des 24.000 réfugiés peut être évalué à 0,324Md€ sur 2 ans. J.-P. Gourévitch indique qu’il ne s’agit que d’un ordre de grandeur d’autant plus que sa propre estimation du coût d’un débouté se monte à 26.370€.
2°) Le coût des demandeurs d’asile de 2015
Selon l’Ofpra, 79.130 demandes d’asile ont été enregistrées en 2015. Sur une base minimale du chiffre allemand de 12.500€ du coût d’un demandeur d’asile, J.-P. Gourévitch estime le coût d’accueil de ces demandeurs à 1,3Md€.
3°) Le coût des hypothèses de J.-P. Gourévitch
L’auteur est convaincu que les dirigeants européens devront s’accorder sur la répartition des arrivées prévues pour 2016. Sur une base minimale de 1 million de « réfugiés » et selon les clefs de calcul de l’UE, la France devrait en recevoir 192.500. En supposant qu’elle parvienne à réduire ses délais d’instruction à 12 mois, ce qui est douteux, le coût serait de 12.500 x 192.500 = 2,41Md€, en fait probablement 1,5 fois plus, soit 3,6Md€.
Les solutions concrètes de J.-P. Gourévitch
Pour J.-P. Gourévitch il n’existe pas de solution miracle de quelque côté qu’elle vienne. Il croit qu’il existe des moyens concrets propres à ralentir les flux migratoires :
-lutter contre la fraude identitaire ;
-faire contribuer les migrants aux frais de santé et de justice ;
-réduire les subventions aux associations d’aide aux migrants irréguliers ;
-supprimer les avantages particuliers offerts aux migrants irréguliers ;
-appliquer les décisions concernant les déboutés.
Ces remèdes ne peuvent que retenir notre approbation. Mais ils représentent des solutions à caractère technique qui devraient s’inscrire dans une politique d’ensemble plus large et plus ambitieuse contre l’invasion-submersion dont l’objectif serait la survie de notre pays et de notre civilisation. Citons quatre exemples :
-supprimer les pompes sociales aspirantes ;
-abolir le regroupement familial ;
-appliquer les règles de la priorité nationale notamment en matière d’emploi ;
-affirmer notre souveraineté et refuser que l’UE ou quelque pays que ce soit, notamment l’Allemagne qui n’a aucun titre pour nous donner des leçons d’humanisme, nous dicte notre conduite en matière d’immigration.
André Posokhow
Consultant
20/03/2016
Voir aussi
(1) Les migrations pour les nuls
(2) Les Etudes de Contribuables Associés / Les migrations méditerranéennes en 2015
Correspondance Polémia – 23/03/2016
Image : 1re de couverture et l’entonnoir libyen.