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Les médias, le pape, l’Église et l’Europe

Les médias, le pape, l’Église et l’Europe

par | 14 mars 2013 | Géopolitique

Les médias, le pape, l’Église et l’Europe

Habemus bonum papam. « Pape des pauvres, les médias internationaux sont satisfaits ; les organisations juives aussi ; alors tout va bien, l’humanité a un bon pape ! Jean-Yves Le Gallou commente l’événement. Polémia

1. En 2005, les médias avaient tenté de s’inviter au conclave. Ils faisaient alors campagne pour l’élection d’un pape « progressiste » et surtout pour faire barrage au cardinal Ratzinger.

2. Celui-ci fut malgré tout élu. Son pontificat fut marqué par les campagnes de diabolisation conduites contre lui : à l’occasion du discours de Ratisbonne où il rappelait le rôle de la raison hellène dans la foi ; puis lors de son voyage en Afrique où il dénonça le tout préservatif ; puis lors du rapprochement avec les traditionalistes.

3. Les médias ont été relativement plus discrets lors de l’élection du successeur de Benoît XVI. D’abord, parce qu’il n’y avait probablement pas de papabile aux convictions conformes à la doxa médiatique, aucun cardinal n’étant en rupture avec les papes précédents sur la défense de la vie et du mariage. Tout au plus de nombreux médias exprimaient-ils leur préférence pour un pape non européen.

4. Sur ce point les vœux médiatiques sont exaucés : même s’il est d’origine italienne (quelle ressemblance avec Paul VI !), le pape François est le premier pape qui vient d’un pays du Sud du monde. C’est culturellement et géopolitiquement important pour l’Église mais aussi pour l’Europe et les Européens.

5. On objectera, bien sûr, que ce choix du conclave est logique puisque l’Église romaine est universelle et que 40% des catholiques sont sud-américains, principalement hispaniques ; d’autant que le christianisme est en vive concurrence dans le monde (y compris en Europe, d’ailleurs) avec l’islam et le pentecôtisme.

6. Tout ceci  n’est pas sans importance : car alors comment garder l’équilibre entre raison et émotion ? Comment garder l’équilibre entre traditions européennes et présence de plus en plus importante de fidèles d’origine africaine et amérindienne ? N’y a-t-il pas alors un risque pour les Européens de déseuropéanisation de la foi chrétienne qui est depuis près de 2000 ans leur religion ? au moment même où leur droit à l’identité est mis en cause ?

7. Le pape François n’aura pas seulement – comme il en est pressé, là aussi, par les médias – à réformer la curie, il aura aussi à répondre à d’immenses questions. Les Européens eux-mêmes devront aussi s’interroger sur leurs racines et leur identité.

8. Après tout, les Sud-Américains, catholiques ou non, cultivent leur hispanité et leur indianité. Les Africains, leur négritude. Les Européens eux-mêmes – s’ils veulent survivre – n’échapperont pas non plus à un retour sur eux-mêmes et à la culture de leur européanité. Le souci de l’universel ne peut effacer la réalité de la pluralité des mondes ni les différences, ni même les préférences de civilisation.

Jean-Yves Le Gallou
14/03/2013

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