Accueil | Politique | Les médias et l’embarrassante idéologie du tyrannicide

Les médias et l’embarrassante idéologie du tyrannicide

Les médias et l’embarrassante idéologie du tyrannicide

par | 20 juillet 2024 | Politique

Les médias et l’embarrassante idéologie du tyrannicide

La réaction de l’idéologie médiatique dominante à l’assassinat raté de Donald Trump doit être analysée au regard de la valorisation du tyrannicide.

Idéologie dominante et tyrannicide

Passé un moment de sidération entre émotion et admiration obligatoire, car comment faire autrement, on s’est vite dirigé vers autre chose.
Cet autre chose se résume dans le non-dit, mais en le disant tout de même, que malgré tout il est le responsable de ce qui lui est arrivé par sa violence politique et son soutien aux Américains porteurs d’armes. Un moment, les médias français ont cru que l’oreille touchée allait changer le cerveau de Trump et en faire un modéré rassembleur. Cela n’a duré que jusqu’à la désignation de son vice-président, plus radical et image du petit Blanc de l’Amérique profonde.

En fait, l’idéologie dominante est plutôt favorable au tyrannicide, mais n’ose pas le dire. Ah ! si Hitler avait été assassiné ! Très souvent, dans l’histoire, c’est au nom de la liberté et de la défense du bien que l’on assassine.

Le tyrannicide valorisé

Le tyran gouvernant populiste de la Grèce antique est devenu un terme péjoratif, l’histoire ayant été racontée par ses ennemis qui sont allés jusqu’à approuver son élimination physique pour, par la mort d’un seul, épargner le plus grand nombre. Faux calcul de César à Sarajevo, débouchant sur guerres civiles ou guerres mondiales. L’attentat contre la Couronne austro-hongroise au nom de la liberté des peuples opprimés a provoqué la guerre mondiale où l’Europe a sombré à jamais et débouché sur des régimes bien plus totalitaires et meurtriers. Le tyrannicide se retourne presque toujours contre l’idéal qui le justifie. Le tyrannicide est un terme qui vient de la Grèce antique. À Athènes, un décret de − 410, faisant suite au renversement du régime des Quatre-Cents, absout tout assassin de tyran de représailles judiciaires ou religieuses. Sa théorisation aux époques postérieures inclut son débat dans la scolastique médiévale (Thomas d’Aquin) et moderne (père de Mariana) lequel représente sans doute un des précédents intellectuels aux révolutions. Le tyrannicide est un des sujets récurrents de l’indépendance des États-Unis. On y trouve quelques apologies sur l’élimination des tyrans. Ainsi, cette phrase attribuée à Thomas Jefferson : « L’arbre de la liberté doit être revivifié de temps en temps par le sang des patriotes et des tyrans », ou la devise de l’État de Virginie : « Sic semper tyrannis » (« Ainsi en est-il toujours des tyrans »), proposée par George Mason (source : Wikipédia).

Qui peut penser que les amis de la démocratie n’approuveraient pas une élimination physique de Poutine ? Ils ne cessent de le souhaiter faute d’obtenir le même résultat par une maladie incurable. Pour Trump, c’est plus ambigu, mais il est bien désigné depuis des mois comme un ennemi du bien qu’il faut éliminer… par le vote, les juges ou quoi d’autre encore ? Un dictateur en devenir doit être stoppé pour sauver le peuple qui le veut et se trompe donc. Le tyrannicide veut le bonheur du peuple contre le choix du peuple. La démocratie dogmatique et totalitaire du bien a bien du mal avec l’idéologie du tyrannicide qu’elle ne peut faire sienne mais qu’elle ne récuse jamais clairement.

Pierre Boisguilbert
20/07/2024

Pierre Boisguilbert

Mots-clefs :

Cet article vous a plu ?

Je fais un don

Je fais un donSoutenez Polémia, faites un don ! Chaque don vous ouvre le droit à une déduction fiscale de 66% du montant de votre don, profitez-en ! Pour les dons par chèque ou par virement, cliquez ici.

Voir aussi