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Les médias choisissent Tariq Ramadan plutôt que la dénonciation de l’islamisme

Les médias choisissent Tariq Ramadan plutôt que la dénonciation de l’islamisme

par | 8 juin 2023 | Société

Les médias choisissent Tariq Ramadan plutôt que la dénonciation de l’islamisme

Par Pierre Boisguilbert ♦ Tariq Ramadan, célèbre islamiste, était à Nice pour un déjeuner payant regroupant 60 personnes. Florence Bergeaud-Blackler, chercheur spécialisé dans la dénonciation des réseaux islamistes, s’est exprimée gratuitement dans un forum de débats du festival de Nice devant près de 400 personnes. Mais de qui BFMTV a-t-elle parlé ? De l’islamiste, bien sûr.

Tariq Ramadan à Nice

On peut invoquer l’actualité pour tenter d’expliquer cette différence de traitement médiatique. En effet, le maire de Nice, Christian Estrosi, avait pris un arrêté contre la venue de Tariq Ramadan dans sa ville. Le tribunal administratif a suspendu l’arrêté, comme on pouvait s’y attendre. Le motif invoqué était l’existence de risques de troubles à l’ordre public en raison de la possibilité de manifestations féministes contre celui qui reste impliqué dans des procédures déclenchées par des femmes à son encontre. Quand on connaît la difficulté des féministes à s’opposer aux islamistes, cette approche de la mairie pouvait dès le début paraître fragile.

Le déjeuner littéraire a bien eu lieu dans un restaurant discret aux vitres teintées. Mais Ramadan a été suivi, par BFM notamment, devant l’entrée du festival du livre dont il n’était en aucun cas l’invité. Tariq Ramadan n’était pas là pour parler d’islam et de sa proximité avec les Frères musulmans mais pour donner une conférence sur L’Alchimiste de Paulo Coelho. Pourtant, ce sont bien les livres de Tariq Ramadan que les participants ont emportés sous leurs bras.

Absence de couverture médiatique pour Florence Bergeaud-Blackler et Éric Naulleau

La vraie actualité était ailleurs, mais bien sûr elle n’a pas autant intéressé BFMTV. C’était la présence de Florence Bergeaud-Blackler qui a présenté son livre Le Frérisme et ses réseaux – L’enquête. Elle était à Nice le lendemain d’une conférence à la Sorbonne. Celle qui faisait suite à la conférence reportée par crainte de troubles par la courageuse université. Sous protection policière, la conférence de la Sorbonne comme la présentation de Nice se sont déroulées sans le moindre problème. À Nice, le public a ovationné une démonstration limpide et étayée sur la stratégie des Frères musulmans dans le monde et en Occident en particulier pour rendre les sociétés « charia compatibles » avant d’imposer leur vision d’un monde qui devrait être totalement islamisée. Dans son livre, il y a tout, la doctrine et l’action au quotidien qui passe bien sûr par le halal, mais aussi, moins connue, par une islamisation de la connaissance et du savoir. Une enquête de fond inattaquable et pourtant diabolisée. Cela met une fois de plus en cause les menaces des collabos de l’islamisme par haine de notre civilisation de la liberté d’expression et d’étude. Cela aurait dû intéresser les médias qui défendent les libertés mais le plus souvent tout de même quand elles sont prétendument menacées par l’extrême droite.

Juste avant cette intervenante, Éric Naulleau s’était exprimé sur son pamphlet La faute à Rousseau, allant bien au-delà de la Sandrine elle-même pour dénoncer le danger du wokisme. L’écrivain, qui devait siéger à la table des jurés du Festival du film de Cabourg du 14 au 18 juin prochain, a été écarté dès la publication de son entretien avec Valeurs actuelles, selon l’hebdomadaire qui précise : « Quelques heures à peine après la publication de son réquisitoire contre le wokisme, Éric Naulleau est de nouveau frappé par la cancel culture. » Éric Naulleau ajoute : « On me reproche d’avoir parlé à Valeurs actuelles […]. Je ne sais que dire, si ce n’est : CQFD. »

Il a pu s’exprimer à Nice où il a fait un tabac, comme de nombreux auteurs de gauche ou même favorables à la mouvance Rousseau. C’est ça, la liberté d’expression. BFM était là pour Ramadan, mais ni Valeurs actuelles ni CNews ne se sont manifestés pour médiatiser Éric ou Florence qui étaient pourtant en plein, plus que Ramadan, dans l’actualité, en cohérence avec la ligne éditoriale de ces deux médias.

Connaître le frérisme, c’est bien. En tirer des leçons sur les modes opératoires pour occuper le terrain médiatique, cela serait encore mieux.

Pierre Boisguilbert
08/06/2023

Crédit photo : Tariq Ramadan à Kuala Lumpur en 2015 – Victor Pogadaev [CC 3.0]

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