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« Les lectures Berdiaïev, Valeurs vs Mondialisation, La crise de la civilisation européenne et les axes de son redressement »

« Les lectures Berdiaïev, Valeurs vs Mondialisation, La crise de la civilisation européenne et les axes de son redressement »

par | 28 juin 2017 | Médiathèque

« Les lectures Berdiaïev, Valeurs vs Mondialisation, La crise de la civilisation européenne et les axes de son redressement »

Ce livre reprend les conférences présentées à Paris en octobre 2016 à la Fondation Thiers relevant de l’Institut. Il comprend trois parties : La genèse de la pensée conservatrice dans un milieu franco-russe marqué par les noms de Joseph de Maistre, Vladimir Soloviev et Nicolai Berdiaïev ; la deuxième partie traite de l’ambiguïté des valeurs démocratiques et du conflit entre Lumières et Tradition ; la troisième partie traite de trois dangers actuels pour notre civilisation : l’égalitarisme, le mondialisme et l’invasion migratoire. Recension d’Ivan Blot, énarque, haut fonctionnaire, écrivain, conférencier.


Première partie : la genèse de la pensée conservatrice

Les auteurs traitent de Joseph de Maistre, penseur conservateur français qui résida longtemps, plus de 15 ans, en exil en Russie pour échapper à la Terreur de la Révolution française. Celui-ci montre que l’ordre naturel, issu de Dieu, est toujours victorieux en final. Les Révolutionnaires s’éloignent de cet ordre naturel et veulent créer un ordre nouveau arbitraire issu, croient-ils, de leur seule raison. Mais ils sont conduits par la nécessité historique providentielle à aller de l’avant, poussés par une force plus grande que la leur. La Révolution dévore ses propres enfants et finit par s’autodétruire. L’ordre naturel retrouve alors sa place et sa prééminence. Joseph de Maistre a comme programme politique cette formule : « Une foi, une loi, un roi ».

etiquette-berdiaaevVladimir Soloviev et Nicolai Berdiaïev représentent le XIXe et le XXe siècle. Soloviev, dans ses Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, démasque les erreurs de la pensée séculière : la guerre parfaite n’existe pas plus que la paix parfaite. La croyance dans le progrès qui conduit à punir les résistants à ce progrès n’amène que des catastrophes. L’homme bon ne peut convertir le cœur de l’homme mauvais. Seul le christianisme peut nous sauver mais il est divisé entre catholiques, orthodoxes et protestants. Soloviev appelle à une réconciliation de ces trois variantes. Il appelle à un patriotisme raisonnable et un Etat raisonnable fondés sur des réalités et non sur des idéologies. Il faut respecter les autorités et celles-ci doivent être conçues comme un service tendu vers le Bien commun. Le sénateur Bernard Seillier met l’accent sur la différence entre la voie de la perdition révolutionnaire et la voie chrétienne de la sagesse liée à l’ordre naturel. Tout cela reste valable aujourd’hui.

La deuxième partie traite de l’opposition entre les valeurs dites « démocratiques » de l’Occident et celles de la tradition

L’Occident n’entend pas par démocratie le simple recours à la majorité pour prendre des décisions politiques. La démocratie est à tort conçue comme un système de valeurs matérialiste et individualiste qui doit s’affirmer contre les communautés naturelles, famille ou nation. On essaye de légaliser contre le droit naturel et la tradition toutes sortes de caprices arbitraires comme le mariage homosexuel. La Russie nouvelle ne s’engage pas sur cette voie par respect des valeurs des civilisations traditionnelles, qui ont fait leur preuve pour élever l’homme au-delà de ses pulsions animales anarchiques. Cela lui vaut l’inimitié non des peuples mais des élites occidentales avides d’exporter leur matérialisme, leur individualisme et leur mondialisme dont elles profitent en priorité.

L’Occident a repris l’héritage bolchevique révolutionnaire. On veut propager les « Révolutions » partout, à commencer par le Moyen-Orient ou l’Ukraine. Ces révolutions plongent les peuples dans une misère accrue en détruisant le reste d’ordre hérité des Etats renversés.

Joseph de Maistre, réfugié en Russie, a participé au renouveau de la pensée conservatrice russe, comme Nikolai Berdiaïev réfugié en France. L’Occident, surtout depuis mai 1968, s’est tourné vers un hédonisme qui peut aller jusqu’au meurtre. Face à ce danger, il y a notre tradition qui est chrétienne. Le christianisme nous a légué les valeurs de l’Antiquité gréco-romaine. Les Lumières ne sont qu’une déviation du christianisme et non une innovation absolue. La Russie a produit Dostoïevski, un génie chrétien qui a dénoncé la souffrance, notamment des enfants. Or, on tue aujourd’hui des enfants en Syrie et en Ukraine, en partie avec la complicité d’un Occident hypocrite. La Russie affirme sa volonté de défendre la civilisation chrétienne, qui est si souvent marginalisée et détestée par les élites occidentales.

La troisième partie est consacrée à l’analyse de certains dangers contemporains : l’égalitarisme, le mondialisme et l’invasion migratoire

Selon les anciens députés Blot et Vanneste, la meilleure critique de l’égalitarisme est sans doute celle de Berdiaïev dans son livre De l’inégalité. L’inégalité est inséparable du talent créateur qui rapproche l’homme de Dieu. Or ce talent ne peut s’épanouir que dans la liberté. Mais la liberté ne peut être bénéfique sans la morale qui garantit l’ordre sans lequel la vie ne peut s’épanouir.

Kyrill Bénédiktov, rédacteur en chef de l’Idée russe, et Mikhail Rémizov, président de l’Institut russe de stratégie nationale, montrent que le processus de mondialisation est voulu par des élites de la gauche libérale, véritables nouveaux « prêtres » alliés aux technocrates des bureaucraties nationales et internationales. Il s’agit d’éviter la dissolution des identités et indépendances nationales en mettant en place une nouvelle Europe des patries, chère à De Gaulle, où la Russie aurait toute sa place comme il se doit.

Enfin, le livre se termine par l’évocation de l’invasion migratoire favorisée par les élites mondialistes contre la volonté démocratique des peuples.

Ainsi, les dangers sont nommés et repérés, première condition pour que puisse se développer « ce qui sauve » comme l’a écrit le philosophe Heidegger.

Ivan Blot
27/06/2017

Nicolas Berdiaïev, Les Lectures Berdiaïev / Valeurs vs Mondialisation, Editions Apopsix, 13/04/2017, 120 pages.

Correspondance Polémia – 28/06/2017

Le Forum « Les Lectures de Berdiaïev » est un nouveau format d’experts organisé par le Fonds de l’Institut des Recherches Socio-Economiques et Politiques, qui s’est donné pour travail d’actualiser l’héritage de la pensée sociale en fonction de l’agenda politique moderne. Les premières « Lectures de Berdiaïev » ont eu lieu en 2014 à Moscou. Les sessions du forum se sont également tenues à Vladivostok, Kaliningrad et en Crimée. Aujourd’hui, le forum est devenu « une plateforme » hautement médiatisée pour les discussions sur la philosophie moderne et sur les aspects de valeurs de la politique mondiale qu’elle produit. En octobre 2016, Paris a vu l’organisation de la cinquième session du forum « Les Lectures de Berdiaïev ».

Ivan Blot

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