Jean Messiha, porte-parole du collectif des Horaces, coordinateur du projet présidentiel de Marine Le Pen, ancien élève de l’ENA, et un groupe d’anciens élèves de l’ENA membre des Horaces, proposent une tribune libre.
Anciens élèves de l’ENA et hauts fonctionnaires comme vous, nous avons lu avec stupéfaction vos réactions à une possible victoire de Marine Le Pen. Ainsi les principes du devoir de réserve et de la neutralité de l’administration, qu’on nous avait enseignés, ainsi qu’à vous sans doute, ne s’appliqueraient pas selon vous lorsqu’il est question de l’une des candidats à l’élection présidentielle.
Si Marine Le Pen est élue présidente de la République, à l’issue d’un scrutin parfaitement démocratique et dont la régularité ne pourra être contestée par personne, vous dites dès maintenant que vous déciderez de refuser « simplement de (la) servir ». Quelle arrogance, quel mépris pour les positions d’une candidate et le suffrage universel! Vous faites sans doute partie de ceux qui jugent que les Britanniques ont voté pour la sortie de leur pays de l’Union Européenne par inculture et stupidité, tandis que les Américains ont élu un président régulièrement désigné par son parti, pour les mêmes raisons.
Pour notre part, nous avons servi avec loyauté et conscience des gouvernements différents, des présidents différents, Hollande ou Sarkozy, Chirac ou Mitterrand pour les plus anciens d’entre nous, même lorsque les choix politiques décidés ne nous convainquaient pas à titre personnel. C’est l’honneur de la fonction publique française d’apporter sa compétence et son sens de l’intérêt général au service des gouvernants démocratiquement élus pour les assister et mettre en œuvre la politique qu’ils choisissent, pas de déserter pour des ambitions carriéristes ou des choix politiques peut-être respectables mais strictement personnels. Et quand bien même un haut fonctionnaire entendrait refuser de servir l’Etat, il lui revient d’agir avec discrétion et de demander, le moment venu, sa mise en disponibilité, sans que cela ne l’autorise à violer le devoir de réserve et d’intervenir dans le débat électoral.
Un tel comportement ne peut que porter le discrédit sur tous ceux qui, comme nous, œuvrent au service de l‘Etat. Il est par ailleurs encore plus choquant que vous ayez signé des tribunes de votre nom et de votre titre, alors que vous devez représenter la France à l’étranger, la France et non le ou les partis au pouvoir. C’est pourquoi nous tenons à affirmer notre totale désapprobation vis à vis de vos propos et assurer aux Français qu’il existe des fonctionnaires loyaux pour qui le sens de la nation et de l‘intérêt général prévaut sur toute autre considération, prêts à servir avec la même conscience le président ou la présidente que les électeurs choisiront pour diriger la France ces cinq prochaines années.
Comme chaque citoyen, vous pourrez glisser dans l’urne un bulletin conforme à votre engagement politique ; mais à la différence de beaucoup de vos collègues, vous aurez par ce texte partisan jeté l’opprobre sur la fonction publique et sa neutralité, voire son honnêteté. Cela, Monsieur l’ambassadeur, cher camarade, nous ne pouvons l’admettre, et tenions à te le faire savoir.
Par Jean Messiha, porte-parole du collectif des « Horaces », coordinateur du projet présidentiel de Marine Le Pen, ancien élève de l’ENA, et un groupe d’anciens élèves de l’ENA membre des Horaces.
21/03/2017
Correspondance Polémia – 3/04/2917
Image : Marine Le Pen