Polémia met en ligne la cinquième et dernière partie de l’importante communication de Michel Geoffroy sur : « Les failles du système, les repérer, les analyser, les exploiter », prononcée lors de la Troisième Journée d’étude de la réinformation organisée par Polémia le 16 octobre 2010. Michel Geoffroy traite ici de l’apparition de nouvelles lignes de fracture sociale : jeunes/seniors, jeunes autochtones et jeunes allogènes, paupérisation des classes moyennes salariées en Europe.
La fracture jeunes/seniors
Entre la France qui travaille et celle qui profite des transferts sociaux :
- les jeunes seront moins riches que leurs aînés du fait de la crise des systèmes de retraite et de la désindustrialisation ;
- les adultes de 25/54 ans assurent en France 79% des emplois, alors qu’ils représentent 41% de la population.
On mesure cette fracture dans les sondages : les seniors ont par exemple une opinion beaucoup plus positive de Nicolas Sarkozy que le reste de la population (ex. sondage IFOP/Paris Match : 49% des français reconnaissent l’action du président en matière de lutte contre l’insécurité , mais 69 % des seniors : le Bulletin Quotidien du 9/9/2010). Même si sa bonne image chez les seniors tend à diminuer.
La fracture entre jeunes autochtones et jeunes allogènes
Exemples:
- les phénomènes d’émeutes et de violences contre les jeunes blancs (ex manif du CPE de mars 2006) ;
- la fracture entre les bénéficiaires de la discrimination positive et ses victimes ;
- les jeunes issus de l’immigration ont un taux d’activité inférieur à celui des jeunes autochtones.
cf. les sondages :
- la majorité des jeunes Italiens se déclarent hostiles aux étrangers (étude de la Chambre des députés Les Échos du 19/2/10);
- 54% des Russes soutiennent le slogan « la Russie aux Russes » (Sondage Levada AFP du 25/2/10);
- 45,8% des jeunes français de 18 à 29 ans expriment une forme d’hostilité envers les étrangers selon l’institut SWG (AFP du 18/2/10);
- les 16/18 ans ont voté à plus de 50% pour les partis populistes en Autriche en 2008.
Cela traduit le fait que les Européens de souche découvrent qu’ils sont en réalité les victimes et non les bénéficiaires du Système.
Le Système se heurte aussi à l’Islam qui est une religion qui produit des effets comparables à ceux d’une idéologie, car elle ignore la distinction entre le temporel et le spirituel. C’est aussi une religion à vocation universaliste mais qui repose sur des principes différents de ceux du Système. Le développement de l’immigration musulmane contribue ainsi à accentuer les oppositions au Système en Europe, car l’islamisation renouvelle la question de l’immigration.
On notera que ce virage de la jeunesse européenne est occulté par le Système qui continue de véhiculer une image « soixante-huitarde » et « touche pas à mon pote » des jeunes.
La paupérisation des classes moyennes salariées en Europe
Le déclassement de la classe moyenne autochtone (phénomène déjà rencontré dans les pays anglo-saxons, alors que les « minorités » bénéficient d’une attention privilégiée de la part des pouvoirs publics) est encore plus ressenti dans les jeunes générations.
Car les riches sont devenus plus riches du fait de la mondialisation (par exemple, de 2004 à 2007 le nombre de personnes gagnant plus de 500 000€ a augmenté de 70% (Les Échos du 2/4/2010) et les « défavorisés » ont changé de nature : soit ils se sont enfermés dans des trappes d’inactivité, soit ce sont avant tout des immigrés extra-européens bénéficiaires de prestations sociales qui ne sont donc pas du tout « défavorisés ».
Il y a de nombreux signaux faibles de la paupérisation : la multiplication des magasins discount, les « petits pleins » aux stations-service, le déclassement relatif des enfants par rapport à leurs parents, l’accession à la propriété plus difficile, la progression du surendettement (+ 20% en 2 ans), les fermetures de commerces autochtones.
À relever également que dans un certain nombre de pays touchés par la crise financière les manifestations – souvent violentes – des victimes autochtones, contre les représentants de l’oligarchie ; c’est le cas de la Grèce, de l’Islande… (pourtant traditionnellement tranquille).
C’est le grand retournement par rapport à ce qui s’est produit dans la seconde partie du XXe siècle où l’éventail des revenus s’est réduit.
C’est aussi un signe manifeste de l’échec de l’oligarchie dominante à assurer l’abondance matérielle pour tous (comme le communisme n’a pu assurer le règne de l’égalité et le dépérissement de l’État).
Cet échec atteint le cœur du Système.
Conclusion
Aujourd’hui l’expérience directe du plus grand nombre montre :
- que l’adhésion au Système et à son idéologie est loin d’être totale dans les pays occidentaux. Cela veut dire que ceux qui s’opposent au Système ne sont plus des marginaux, mais une majorité en formation ;
- que le monde dans lequel nous vivons est loin d’être parfait Cela fait apparaître encore plus insupportable ou ridicule le « monde parallèle » du système médiatique ;
- que la super-lasse mondiale maîtrise de moins en moins la situation Cela veut dire qu’elle perd progressivement sa légitimité de classe super-compétente (son seul atout).
Ces différentes prises de conscience sont susceptibles d’avoir des effets politiques à long terme en Europe même s’il est difficile de prévoir quand le Système implosera ni quelle forme cela prendra.
Mais contrairement à ce que prétendent les historiens, les bouleversements politiques sont en général imprévisibles. Ce n’est qu’a posteriori que l’on reconstruit le caractère prétendument « inéluctable » des événements.
L’histoire est le lieu de l’imprévisible comme l’écrit Dominique Venner !
Michel Geoffroy
16/10/2010
Troisième Journée d’étude de la réinformation
Voir les parties précédentes
- Les trois murs du système mondialiste
- Les similitudes entre le système mondialiste et le système soviétique
- L’ébranlement du mur médiatique : apprendre à détecter les signaux faibles
- Les fissures du mur médiatique : la montée de nouvelles dissidences
Texte intégral
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