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Les éoliennes industrielles et les citoyens (2/3)

Les éoliennes industrielles et les citoyens (2/3)

par | 1 juillet 2017 | Économie, Médiathèque, Politique

Les éoliennes industrielles et les citoyens (2/3)

André Posokhow, consultant

♦ Face à l’accélération de l’implantation d’éoliennes industrielles sur le sol de nos régions et la connivence entre les groupes de pression avec les autorités publiques, la résistance s’affermit et prend des formes diverses. Ces derniers mois, trois auteurs ont publié des ouvrages importants sur les énergies renouvelables (ENR) :

– Jean-Louis Butré, président de la Fédération environnement durable (FED), a fait paraître : Eolien, une catastrophe silencieuse/Vers une France défigurée chez L’Artilleur ;

– Alban d’Arguin a publié dans la collection Pourquoi : Eoliennes, un scandale d’Etat ;

– Enfin Michel Gay a lancé comme un défi : Au diables les énergies renouvelables !

Ces trois livres prennent la question des éoliennes et des ENR sous des angles différents mais qui se recoupent largement.

Polémia vous propose une recension de leur contenu sous la forme de trois articles :
-les éoliennes et les citoyens ; les nuisances et les impacts sur l’environnement, paru sur le site de Polémia le 25 juin dernier ;
-les éoliennes, le bien commun et l’intérêt général, article que nous vous proposons aujourd‘hui ;
-les éoliennes : l’expression d’une menace pour notre société et notre civilisation ? Cet article à caractère général et politique vous sera proposé rapidement.

II

L’éolien industriel en France, le bien commun et l’intérêt général

L’éolien industriel ne constitue pas seulement une agression à l’égard des riverains et des citoyens français. Pivot de la transition énergétique (TE), il est attentatoire au bien commun et à l’intérêt général, notamment économique et financier, de notre pays. M. Gay se montre particulièrement véhément dans ce domaine.

La transition énergétique, motivation et nouveau contexte de l’invasion éolienne (TE)

Les raisons de la TE

Les raisons affichées de la TE sont :

  • la lutte contre le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre ;
  • la lutte contre la pollution ;
  • l’hostilité au nucléaire ;
  • le poids des énergies fossiles dans le déficit du commerce extérieur.

Le « grand bond en avant » de la TE (M. Gay)

L’urgence pour la France de s’engager dans la réduction des émissions de CO2 est très contestable car notre pays en émet fort peu. Malgré cela, la loi de TE de 2015 apparaît incroyablement ambitieuse :

  • réduction de la production de CO2 de 40% en 2030 par rapport à 1990 ;
  • réduction de la consommation d’énergie fossile de 30% par rapport à 2012 ;
  • réduction de la consommation d’énergie finale de 50% en 2050 par rapport à 2012 ;
  • réduction de la part du nucléaire de 75% à 50% en 2025 ;
  • passer de 19% d’ENR en 2016 à 23% en 2020 et 30% ou 40% en 2030.

Les idées fausses de la TE

Gay, inspiré par une remarquable étude de la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (IFRAP), dénonce plusieurs idées fausses de la TE :

-Baisser la consommation de l’énergie de 50% alors que, depuis la crise de 2008, elle n’a baissé que de 0,06%/an avec une croissance du PIB de 0,6%/an, apparaît intenable ;
-La baisse d’un tiers de l’énergie nucléaire représenterait l’arrêt en 10 ans de 23 des 58 réacteurs existants, ce qui est complètement irréaliste ;
-Il serait absurde de vouloir réduire drastiquement les émissions de CO2 de la France qui n’en représente que 1%. M. Gay rappelle que grâce au nucléaire et à l’hydroélectricité notre électricité est produite à 90% sans CO2.

Transition énergétique, ENR et éolien industriel sont inséparables

Si l’on persiste à vouloir diminuer les émissions de CO2, il est clair qu’aujourd’hui le nucléaire étant diabolisé et l’hydroélectricité ayant atteint ses limites de développement, le solaire étant encore largement en phase de R&D, les pouvoirs publics sont conduits à faire le choix de l’éolien par idéologie et par nécessité..

L’ADEME, organisme étatique, est devenu selon M.Gay, un organisme militant de propagande en faveur des ENR et en particulier de l’éolien industriel. C’est ainsi que dans son rapport : «Vers un mix électrique 100% renouvelable en 2050 » elle prévoit de multiplier par dix l’implantation d’éoliennes en 2050 pour représenter 63% de la production nationale d’électricité au lieu de 3 ou 4% ce qui représenterait 80 GW soit environ 40 000 éoliennes de 2MW, c’est-à-dire 1 éolienne tous les 13 km2 du sol national.

Et pourtant écologie et éolien industriel sont incompatibles

Si l’on en croit l’écologiquement correct, l’éolien est un moyen de production propre et écologique sans production de CO2.

Rien n’est plus faux et l’éolien est un gros producteur de CO2 et de pollution.

J.L. Butré et M. Gay montrent le volume de béton – qui restera éternellement dans le sol français – et d’acier (entre 1000 et 1500 tonnes) qu’exige la construction d’éoliennes. Des composites entrent dans la fabrication des pales. Des métaux et des « terres rares » particulièrement radioactives et polluantes composent la nacelle.

Gay démontre que la totalité de la filière nucléaire nécessite huit fois moins de béton et environ quatre fois moins d’acier que l’éolien pour produire une même quantité d’énergie.

Mais surtout, comme le souligne J.L. Butré, le faible taux de charge de l’éolien, l’intermittence et le caractère aléatoire de cette production d’électricité conduisent à compenser les baisses de production par l’utilisation de centrales thermiques au gaz et, en Allemagne, au charbon et même au lignite hautement polluantes.

L’éolien industriel est néfaste à notre économie

L’éolien n’est pas une énergie à haut rendement

Si l’on écoute le lobby éolien, le vent est une énergie inépuisable et gratuite et l’éolien terrestre est donc une énergie rentable. En réalité, la production d’électricité éolienne dépend du vent qui souffle de manière intermittente, aléatoire et largement imprévisible. C’est ce qui explique que le rendement moyen ou taux de charge de l’éolien terrestre en France ne dépasse pas 24% contre parfois plus de 80% pour une centrale nucléaire.

Notons au passage que l’électricité éolienne est une énergie fatale, c’est-à-dire qu’il faut la prendre lorsqu’elle est produite et non quand on en a besoin. En cas de poussée excessive de production elle se déverse dans les réseaux nationaux et ceux des pays voisins dans lesquels elle cause de graves désordres. C’est le cas de l’électricité verte allemande.

Le surcoût de l’éolien terrestre

Surtout ce faible rendement explique le surcoût de l’éolien terrestre sans parler de l’éolien off-shore. Les promoteurs affirment que le coût du KWh éolien est concurrentiel avec celui du nucléaire estimé par le rapport de la Cour des comptes de 2014 autour de 60€/MWh, peut-être appelé à augmenter.

En réalité, comme le montrent J.L. Butré, Alban d’Arguin, sur la base du rapport Montaigne de 2008, et une remarquable et récente étude de l’IFRAP, le véritable coût complet du MWh de l’éolien terrestre pourrait être évalué entre 160 et 180€. En effet, il faut tenir compte du coût des centrales thermiques qui suppléent les fluctuations du vent, des réseaux de distribution, des réseaux intelligents et enfin du stockage de l’énergie, éléments bien entendu oubliés par les groupes de pression éoliens.

L’éolien : une technologie mature dont l’efficience n’est pas appelée à augmenter        

Il faut ajouter, comme le note J.L. Butré, que l’éolien n’a pas fondamentalement évolué depuis 30 ans et qu’il s’agit d’une technologie mature en fin d’amélioration qui marque la fin d’une époque. Rien ne permet de penser que l’efficience de l’éolien industriel augmentera sensiblement dans l’avenir.

Les menaces sur notre secteur électrique et l’économie française

La France a longtemps été à la pointe du secteur de l’énergie, notamment nucléaire, et EDF est encore le premier producteur mondial. Aujourd’hui, comme insiste J.L. Butré, EDF est en crise et son existence menacée.

Il faut souligner les deux décisions que prit Bruxelles vers 1990 :

-libéraliser le marché de l’électricité pour avoir celle-ci à bon marché ;
-favoriser les énergies renouvelables (ENR) grâce à des aides publiques.

Il en résulta des distorsions de concurrence et la coexistence d’un secteur concurrentiel avec un secteur administré (solaire et éolien) qui bénéficie d’aides publiques et d’une priorité d’accès au réseau et notamment la baisse des prix de gros du marché sur lequel EDF vend son électricité nucléaire.

Les énergies subventionnées ont déstabilisé celles qui ne le sont pas et constituent une des principales causes de la crise du secteur énergétique français, pourtant un de nos rares points forts économiques.

Le poids sur notre commerce extérieur

7000 éoliennes en France dont les composants fondamentaux : pales, mat, rotor etc., sont importés de Chine, du Danemark et d’Allemagne. Cette activité de construction énergétique ne peut que peser sur notre commerce extérieur déjà en souffrance. Oui, l’éolien procure des emplois mais hors de France et notamment outre-Rhin.

« La farce tragique » des emplois verts

A. d’Arguin et M. Gay rappellent qu’en 2012 le Syndicat des énergies renouvelables a promis 90.000 créations d’emplois dans l’éolien et le photovoltaïque entre 2010 et 2020. Aujourd’hui l’éolien emploie en France à peine un peu plus de 10.000 personnes.

Les emplois verts sont éphémères. L’exploitation des installations des ENR nécessite peu de personnel. En particulier les éoliennes sont contrôlées à distance. Quant à la fabrication elle se déroule en Chine, au Danemark et en Allemagne.

Un coût financier de l’éolien terrestre dispendieux

L’éolien une affaire subventionnée

J.L. Butré se montre particulièrement éloquent sur le coût financier que représente l’éolien industriel pour les Français.

Comme nous l’avons vu, le coût de production de l’électricité éolienne est bien supérieur à celui du marché. Par nature il n’est pas rentable et, afin de l’encourager, l’éolien a été subventionné depuis le début des années 2000.

Les opérateurs ont bénéficié jusqu’à aujourd’hui du tarif de rachat obligatoire par EDF très avantageux (initialement de 82cts/KWh pendant 15 ans et indexé chaque année).

Ainsi l’éolien a été rendu artificiellement rentable grâce à cette obligation d’achat à un prix garanti.

Le coût pour le consommateur est de plus en plus lourd

Afin de compenser le coût que représente pour EDF ce tarif de rachat, l’électricien a été autorisé à facturer une « Contribution au service public de l’électricité » (CSPE) aux consommateurs qui est en réalité une taxe cachée et silencieuse. Le coût que la CSPE représente pour la collectivité nationale en un moment où la précarité énergétique est de plus en plus alarmante apparaît en croissance exponentielle.

Selon le rapport de la Cour des comptes de juillet 2013 : « A l’horizon 2020, (…) le volume global de la CSPE liée aux énergies renouvelables peut être estimé à environ 40,5Md€ pour la période 2012-2020 (9 ans) contre 3,3Md€ pour la seule période 2005-2011 (7 ans) ».

L’éolien est une affaire purement financière de subventions et de retours juteux sur investissements pour des affairistes

Il existe un mythe de création de richesse pour notre économie grâce à l’éolien. En réalité, la subvention que représentait la CSPE et l’obligation d’achat à la charge des consommateurs et d’EDF a permis aux investisseurs d’obtenir une rentabilité anormalement élevée. J.L. Butré et Alban d’Arguin citent la Commission de régulation de l’électricité qui s’est insurgée contre ce tarif d’achat qui occasionne une rentabilité des capitaux propres trop importante et des taux de rendement de 20 à 40% après impôts, garantis sur 15 ans.

J.L. Butré, dans un communiqué de la FED, a vilipendé l’éolien qui est « devenu l’activité des affairistes qui écument quotidiennement le territoire. Des milliards d’euros en provenance de fonds opaques sont investis dans ce business ».

Un coût global qui fait partie de la gabegie nationale

Nous avons vu le coût que représente la CSPE pour la collectivité nationale.

J.L. Butré estime qu’en 2030 il pourrait y avoir jusqu’à 20.000 éoliennes terrestres pour un investissement de 42Md€ auquel il faudrait ajouter 40Md€ pour le renforcement des réseaux de transport et de distribution.

Ces dépenses inutiles et dont les bénéfices sont captés par des affairistes ne peuvent que creuser davantage le trou de la gabegie publique. En revanche toutes les ressources financières qui se déversent dans l’éolien font défaut aux investissements dans les ENR du futur, ce qui handicape la recherche qui permettrait de les promouvoir.

La corruption

En juin 2014, le Service central de prévention de la corruption (SCPC) a dénoncé l’éolien industriel dans un rapport comme « un phénomène d’ampleur » et « une dérive grave ». En effet de nombreuses prises illégales d’intérêt de la part d’élus locaux soudoyés et trompés par des promoteurs ont abouti à des condamnations. C’est un combat que la FED et son président J.L. Butré ont mené et mènent sans relâche sans que l’on puisse dire que les politiques y soient très sensibles.

Il existe également des scandales financiers, notamment en Allemagne, où un grand groupe éolien qui pratiquait le financement participatif des ENR a fait faillite et spolié des épargnants.

Enfin, des fortunes immenses comme celle de Paris Moratoglou cité par M. Gay ont été bâties sur l’aubaine qu’ont représenté les débuts de l’éolien.

Conclusion

En définitive, l’éolien industriel n’est pas créateur de richesses pour la nation. Dispendieux, sans rendement, rentable pour les seuls affairistes des ENR, il pousse le prix de l’électricité, un de nos rares atouts économiques, à la hausse, pèse sur notre commerce extérieur et constitue l’une des causes principales de la crise du secteur énergétique français et d’EDF.

Il est néfaste pour l’économie française et vecteur de corruption. Cible d’une cupidité financière réfrénée par de moins en moins d’entraves, il est contraire à l’intérêt général.

André Posokhow
Consultant
28/06/2017

(A suivre)

Correspondance Polémia – 1/07/2017

Image : Les éoliennes peuvent être qualifiées d’ « équipement collectif public » (CE, 13 juillet 2012, n°343306)

 

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