Zamane est un mensuel marocain qui, dans sa version francophone, fait honneur à la liberté de la presse dans la recherche de la vérité historique, serait-elle dérangeante. Certes, de nombreux articles sont très marocco-marocains avec l’éloge des dynasties, une forte connotation liée à la civilisation musulmane, mais jamais sans excès. Cela donne au journal sans doute la possibilité d’explorer courageusement d’autres horizons et des sujets peu conformes aux versions officielles. Zamane a publié un dossier par exemple sur l’esclavage au Maroc et sur le racisme régnant dans ce pays.
Le Maroc avant l’islam
Le numéro de janvier est particulièrement significatif. Le dossier est consacré au Maroc Romain et son premier article est titré avec humour « Nos ancêtres les Romains ».
Le lien avec le protectorat français est évoqué au nom d’une continuité civilisationnelle occidentale et on comprend mieux pourquoi les Français dans l’empire chérifien sont souvent appelés les «roumis ». La religion des Romains au Maroc y est étudiée, comme les dirigeants de l’Afrique du nord sous Rome, aussi méconnus que Massinissa, premier roi de la Numidie unifiée. Un bel article sur Volubilis l’incomparable et l’accès des Maures et Berbères à la citoyenneté romaine complète ce passionnant dossier. Un Maroc où Rome gouvernait comme le ferait plus tard Lyautey, en laissant le pouvoir aux souverains locaux romanisés. Il y a donc eu un Maroc avant l’islam, le magnifier, notamment dans sa civilisation marocco- romaine comme il y eut une civilisation gallo-romaine, est un acte de courage journalistique dans ce pays. Une belle leçon pour ceux qui veulent avec une obstination imbécile faire commencer l’histoire de France en 1789. L’histoire n’a pas de fin et son commencement va jusqu’aux limites de nos plus longues mémoires.
La page noire des soldats marocains en Allemagne »
Mais il y a encore plus iconoclaste avec l’article sur « La page noire des soldats marocains en Allemagne ». Adnan Sebti qui signe cette enquête écrit : « Quand l’armée française a pénétré dans le sud de l’Allemagne, les soldats marocains ont été utilisés comme arme de terreur dans plusieurs villes et villages du Bade-Wurtemberg avec des viols collectif, des enlèvements et des meurtres. » Voilà détaillés les crimes de guerre des soldats coloniaux de la 1er armée française de Jean de Lattre de Tassigny. Quel journal français reconnaîtrait ces crimes d’une armée française ? L’utilisation de blédards, guerriers implacables par nature et pratiquant une impitoyable cruauté tribale, a été dénoncée également en Italie. Mais elle l’a été par la presse italienne, surtout celle qui garde de la sympathie pour la période mussolinienne, et par quelques rares journaux, situés à « l’extrême droite bien sûr ». Il ferait beau voir que l’on entrave la victimisation de nos indigénistes et le manichéisme de l’historiquement correct.
Cette cruauté était connue du commandement français qui l’a donc utilisée sans véritables états d’âme, même si elle provoqua alors l’écoeurement de beaucoup d’officiers et sous-officiers. Elle fait partie d’une longue tradition, la juger est inutile, l’exploiter est criminelle.
Dans son dernier numéro, l’hebdomadaire Valeurs Actuelles revient sur la guerre entre les Italiens et les Turcs en Libye, où ces derniers utilisèrent eux aussi les tribus du pays. Ainsi, en octobre 1911 à Shar al-Shatt, près de Tripoli, les soldats italiens submergés se rendent. Ils seront empalés, châtrés vifs, éviscérés, les yeux crevés ou cousus. D’autres seront crucifiés aux palmiers, 503 soldats au total. Les représailles seront à la hauteur de l’horreur. Dans une oasis voisine, comme à Tripoli même, des milliers d’hommes de femmes et d’enfants seront massacrés.
Macron et la « Shoah algérienne »
Le carnage de Shar al-Shatt fait penser au Livre vert des atrocités du FLN en Algérie sur les populations arabes et berbères civiles, fidèles à la France ou réfractaires à l’endoctrinement des terroristes massacreurs. Et l’on ne parle pas du sort réservé à nos harkis abandonnés par lâcheté gaullienne. Mais que sait de tout cela le jeune Macron. Il aime, paraît-il l’histoire (Philippe de Villiers s’y est presque laissé prendre) comme il aime les Français, mais le problème c’est qu’il ne comprend ni l’une ni les autres. Il veut, semble-t-il maintenant faire son Chirac mémoriel et, après sa ridicule prestation à Jérusalem, le voici qui pense à faire des Aurès son Vel’ d’Hiv’ mémoriel en donnant à ce sujet « à peu près le même statut que ce qu’avait la Shoah pour Chirac en 1995 », a-t-il déclaré le 23 janvier dans l’avion qui le ramenait d’Israël.
Il devrait éviter de se mêler d’une histoire qui décidément lui échappe dans sa complexité et surtout, devant la haine irrationnelle qu’il suscite souvent, se garder d’humilier une autre mémoire de France. On sait maintenant que, pendant les journées les plus chaudes des Gilets jaunes, son entourage avait préparé un hélicoptère pour l’évacuer ainsi qu’un itinéraire de fuite par les égouts, c’est dire.
Lui et les siens devraient pourtant savoir qu’il n’y a plus de général Massu à Baden-Baden pour réconforter et soutenir un président en panique.
Pierre Boisguilbert
27/01/2020
Source : Correspondance Polémia
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