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Législatives : le mode de scrutin a sauvé le système

Législatives : le mode de scrutin a sauvé le système

par | 11 juillet 2024 | Politique

Législatives : le mode de scrutin a sauvé le système

Si Jordan Bardella avait été anglais, il serait Premier ministre. S’il avait été italien, il serait président du Conseil. Mais Jordan Bardella est français et il a donc été écarté par un mode de scrutin qui a toujours été utilisé en faveur du système.

Le « front républicain » toujours puissant

On pouvait en douter, mais on avait tort, le front républicain fonctionne encore. Présenté comme rempart des démocrates face à un retour du fascisme, ça marche encore.
La magouille politicienne a permis au parti ayant reçu le plus grand nombre de suffrages de n’être que troisième en nombre d’élus.
Les désistements sont, bien sûr, imposés aux électeurs, mais ceux-ci ne sont pas obligés de suivre et ils ont largement suivi.

Le premier succès est celui des médias dominants qui ont diabolisé et stigmatisé le RN pendant toute la semaine. Leur haine de la France française présentée comme de la xénophobie blanche a fonctionné.

Des journalistes de BFM appellent à la grève contre le RN : les masques tombent

Une Assemblée nationale ingouvernable ?

Mélenchon a gagné son pari, son nouveau peuple immigré et gauchiste a imposé sa lecture de la société et l’a imposée aux idiots utiles de la Macronie.
Le président est vainqueur, il a évité Bardella à Matignon et le RN au pouvoir. L’éclatement du Parlement lui laisse de plus la possibilité de tenter des combinaisons, notamment avec les LR anti-Ciotti.
On comprend donc l’immense soulagement de la caste dominante, journalistes, sportifs et artistes : le peuple qui pense mal a été rendu sans voix malgré toutes celles exprimées.
On notera que la Bourse a plutôt bien réagi, elle parie sur un pouvoir sans pouvoir et la continuation des petites et grandes affaires.
Mais c’est bien sûr une victoire à la Pyrrhus où les forces engagées se retrouvent exsangues et privées de toute stratégie efficace.

La défaite inévitable est au bout de la forfaiture et d’une bataille gagnée prélude d’une guerre perdue. « Qui pour gouverner ce gloubi-boulga ? », s’interroge Aurélien Viers dans La Provence.
Dans Midi Libre, Olivier Biscaye insiste : « On voit mal comment la grande coalition, certes contre-nature à bien des égards, pourrait se construire. » Pour lui, « la tentative de clarification du président de la République ouvre essentiellement la voie à l’instabilité chronique et aux incertitudes ».
La « clarification » promise par le président Emmanuel Macron après la dissolution surprise de l’Assemblée a accouché d’un hémicycle fragmenté en trois blocs, plongeant le pays dans la plus grande « confusion », selon la presse.« La clarification qu’il appelait de ses vœux précipite la France, et sans doute pour longtemps, dans la plus grande confusion », relève Alexis Brézet dans Le Figaro.

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Malgré un revers, la belle performance du RN

Pour le quotidien suisse Le Temps, « le grand jour de l’extrême droite n’est pas encore arrivé ». « Le Front républicain, bâti entre les deux tours de ce scrutin pour limiter la vague RN qui devait déferler dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, semble donc avoir porté ses fruits, après 210 désistements de candidats du camp présidentiel ou de gauche. » Mais la défaite du RN est souvent relativisée. De nombreux titres relèvent que le RN reste en embuscade. « Marine Le Pen et Jordan Bardella espéraient remporter une victoire à la fois spectaculaire et historique », détaille la BBC, précisant que « le RN a considérablement renforcé sa présence au Parlement ». En Espagne, El Pais met en garde : « La satisfaction d’avoir esquivé la balle ne doit pas brouiller les chiffres » : « Dans bon nombre des 577 circonscriptions électorales qui composent [notre] pays voisin, l’extrême droite n’était qu’à quelques voix d’obtenir un député. » Le New York Times relève que « même avec moins de sièges que prévu, le RN a désormais pris une place dans la politique française qui efface un paysage politique d’après-guerre… »

Pour le RN tout est donc perdu, sauf l’honneur et l’avenir.

Pierre Boisguilbert
11/07/2024

Pierre Boisguilbert

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