L’idéologie du genre, qui envahit les enseignements scolaires, universitaires, les séries télévisées et les slogans publicitaires avec la puissance due au rang de ses propagandistes actifs dans les arènes du pouvoir (milieux financiers, médiatiques et politiques) qui en font l’apologie tout en jurant qu’elle n’existe pas, vise à nous convaincre qu’il n’y a pas de différence originelle entre les hommes et les femmes. Mais comment se fait-il que la répartition des tâches se soit effectuée de façon relativement similaire (les femmes : le foyer et l’intime ; les hommes : la cité et la sphère publique) sous toutes les latitudes (ou presque) et à toutes les époques (sauf à de rares exceptions) s’il n’y a aucune différence initiale, « naturelle » entre l’homme et la femme ?
« Il n’est pas bon de résister à la grande globalisation du monde et au rouleau compresseur, déracineur du passé ».
La toute-puissance factice de l’homme moderne se fonde sur l’oubli de son passé et du mélange subtil de nature et de culture qui le façonne
Cette organisation de la société, « au début du début » partait « de rien ». « La culture », vilaine raideur du passé pour les apologistes du progrès qui la désacralisent sous l’étiquette de « stéréotype », n’existait pas encore. Le commencement de l’humanité fut, inévitablement, une soupe initiale vierge de mémoire et d’une culture complexe et structurée. Alors, comment se fait-il qu’il n’y ait pas eu autant d’hommes que de femmes chasseurs de gros gibiers chez les Cro-Magnon ? Plus généralement, pourquoi les attributions des hommes et des femmes se sont-elles différenciées de façon si nette au cours des siècles, dans un monde où le sexe est censé n’avoir aucune influence sur la psyché de l’individu et dans sa relation aux autres, comme l’affirment Mme Edith Butler et ses adeptes ?
Face à cette question une réponse évidente s’impose : la gestation et les soins nécessaires à l’enfant donnent à la femme un rôle jugé inférieur par ceux qui distinguent mal ce qui ne se mesure pas. L’incommensurable, qui, par son mystère, fait la beauté du monde réel, est éjecté par la pathologie égalitariste des prosélytes du progrès qui abhorrent ce qui ne peut pas être mesuré, donc, a fortiori, comparé.
Dans l’attente des progrès scientifiques qui permettront la mise en place de ventres artificiels dans des maternités d’un nouvel âge, il existe, dès à présent, des alternatives pour éviter que la femme soit exclue trop longtemps de la sphère du travail et pour la soustraire à l’intimité où elle risquerait de faire prospérer des îlots de singularité bannis par la globalisation « idéologico-financière » en marche. Les recours se multiplient sous nos yeux : la banalisation de l’avortement, la congélation des ovules aux bons soins de l’endomètre Google, les mères porteuses qui seront les ancêtres à peau humaine des futurs utérus artificiels. Bref, les obsédés de l’égalité peuvent se frotter les mains : bientôt les femmes seront débarrassées de la gestation et l’enfant sera le fruit des équipes scientifiques qui le mettront au monde et, à travers elles, celui des instances politiques qui piloteront et financeront leurs prouesses ! M. Peillon sera un homme comblé : il ne sera même plus nécessaire « d’extraire l’enfant de son milieu familial », source de particularités redoutées ; la méiose initiale se fera dans les tuyaux de l’État.
N’est-il pas légitime de se demander pourquoi les sciences et les technologies, la mode, la politique, l’enseignement, les arts, l’air du temps poursuivent, en parfaite convergence, le vœu qui devient obsessionnel d’éradiquer toutes singularités, notamment celles liées au sexe ?
Ne pas reconnaître les différences sexuelles détruit la notion même de « sexe »
C’est une évidence qui montre le sexisme outrancier, agressif et radical des défenseurs de l’idéologie du genre qui se targuent de lutter contre le sexisme…
Il nous faut oublier le masculin et le féminin, le yin et le yang, et, par extension, le haut et le bas, le bon et le mauvais, le beau et le laid… Le meilleur des mondes apocalyptiques de la grande globalisation qui se met en place doit être absolument plat ; il ne supporte pas la deuxième dimension ; la perspective est abolie dans le règne de l’immédiateté qui a le bon goût de faire oublier à « l’homo festivus » (1) la réalité de la mort.
L’égalitarisme ne relève pas du domaine de la « mesure » mais de celui des armes tranchantes. Il ne toise pas mais guillotine en persécutant le noyau central de la vie : « la diversité ».
Privilégiée, dès la loterie génétique, elle est la base même de toute existence et en assure la pérennité. Sa suite logique, « la discrimination », est tout aussi honnie. On lutte contre… Et encore une fois, il s’agit d’un combat contre la vie elle-même, car la marche, la vue, les gestes quotidiens et l’ensemble des dédales de l’intelligence s’élaborent grâce à la discrimination.
« Les p’tits, on les mettra sur l’escabeau ! Les grands, on leur coupera le ciboulot ! Y faut qu’tout l’monde, y soit égaux ! » (2)
Parmi les mots mis à mal, le plus menacé est certainement « la diversité » car on ne fait pas que l’occulter ou l’écharper, on le passe au tourment de la manipulation paradoxale. En effet, la diversité est mise en vedette (version Benetton) mais dans le but unique de favoriser la mixité pour noyer les disparités. Son apologie vise donc à la faire disparaître. Le diktat de la peau « arc-en-ciel » finira par dissoudre toutes les singularités ethniques.
L’androgénie, le refus de reconnaître les particularités des races et des cultures sont les ruisseaux d’un même fleuve, un mouvement mondial, huilé par les enseignes puissantes, parfaitement sexistes et racistes, car leur seul objectif est de détruire les richesses spécifiques des sexes et des races.
Ceux qui défendent ces particularités, comme Bernard Lugan, fidèle à la France, à l’Afrique et à ses habitants, sont réduits à être mis au ban d’une certaine société et à porter l’étoile multicolore du racisme. Il n’est pas bon de résister à la grande globalisation du monde et au rouleau compresseur, déracineur du passé.
Pour être comme les autres, il suffit de regarder devant soi la route identique, bordée des mêmes enseignes partout dans le monde. La contagion prolifère. Pour étayer l’égalité il faut veiller à ne pas poser les yeux sur le rétroviseur. Tout peut s’oublier : la gauche a bien occulté Marx et la lutte des classes et défend « l’égalitarisme » qui sert les grands groupes financiers globalisés du CAC 40 et leurs patrons évanescents.
Amnésiques, nous ne serons plus rien, ni homme, ni femme, ni français, ni kényan, ni américain… mais enfin tous égaux. (Rien = rien.)
Est-ce bien certain ? La nature reprend toujours ses droits. Parmi ceux-là, la discrimination en est un fondamental. Il nous faut espérer que, brimée, elle ne revienne pas en force dans la barbarie.
Laurence Maugest
20/05/2015
Notes
- Philippe Muray
- Slogan babouviste