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« Le vrai visage de Manuel Valls » : entretien avec Emmanuel Ratier

« Le vrai visage de Manuel Valls » : entretien avec Emmanuel Ratier

par | 27 avril 2014 | Médiathèque

« Le vrai visage de Manuel Valls » : entretien avec Emmanuel Ratier

Un dynamythage en règle : en raison de sa détermination (de façade) à sévir contre les voyous, Manuel Valls était depuis sa nomination au ministère de l’Intérieur l’incontestable chouchou des sondés, de droite et même d’extrême droite, et c’est à peine si sa répression (réelle, cette fois) des Manifs pour tous avait écorné cette popularité. Sa récente nomination à Matignon, saluée par 58% d’opinions favorables – quand le chef de l’État dégringolait à 18% – inversera-t-elle la tendance ? On peut l’espérer, d’autant que quelques semaines après cette promotion éclatait une véritable bombe : Le Vrai Visage de Manuel Valls, le dernier livre d’Emmanuel Ratier, auteur de L’Encyclopédie politique française et de Au cœur du pouvoir (sur le cercle d’influence Le Siècle), également directeur de la lettre confidentielle Faits & Documents.
Alors que, depuis sa jeunesse et son opportune encore que tardive accession à la nationalité française, l’apparatchik et surtout communicant devenu ministre n’avait cessé de peaufiner sa storytelling de pauvre immigré méritant, fils d’opposants au franquisme, Emmanuel Ratier déconstruit totalement le mythe, analyse les réseaux d’influence dont bénéficie son sujet, rétablit les faits appuyés sur des photos signifiantes et de précieuses annexes. Au terme de ce dynamitage reste en effet le véritable visage de Manuel Valls, ni très joli ni très sympathique. Sur les origines et les orientations réelles du nouveau premier ministre, l’auteur a bien voulu répondre à nos questions. Qu’il en soit remercié.
C.G.

Emmanuel Ratier, d’abord une mise au point sur le père catalan et la mère helvète, réputés d’origine très modeste, de Manuel Valls. Est-ce exact ?
En fait, il descend par son père Xavier, peintre très coté, ami de Chagall et de Jankélévitch mais aussi de Montherlant, d’une dynastie de banquiers et, par sa mère, de Suisses enrichis dans le commerce, les plantations et l’exploitation de l’or colonial en Sierra-Leone.

Selon la légende, Xavier Valls senior aurait fui l’Espagne franquiste. Là encore, une affabulation ?
Xavier Valls a multiplié, durant toute l’ère franquiste, les expositions dans l’Espagne franquiste où Manuel est d’ailleurs né, en 1962, dans une clinique barcelonaise où exerçait son oncle, un gynécologue très réputé. Comme « proscrits », on fait mieux ! Ils n’avaient d’ailleurs aucune raison de l’être puisque le grand-père de Manuel avait fondé un quotidien catholique ultra-conservateur interdit par les Rouges en 1936 et que la famille avait caché des objets de culte et même des prêtres pendant la guerre civile. Ce qui n’empêchera pas le ministre de déclarer en 2011 à propos de son père : « Il était artiste et anti-franquiste. Dans ces deux qualités, tout est dit. Ma première figure d’autorité fut donc celle d’un homme qui s’érigea contre un ordre perverti. »

Bien que Valls soit un patronyme répandu parmi les marranes majorquins (votre Annexe 1), vous montrez en effet qu’en Catalogne, la famille avait été très impliquée dans la vie et la défense de l’Église. Comment expliquez-vous qu’élevé dans la religion, Manuel Valls ait manifesté une telle hargne à l’encontre des opposants au Mariage pour tous, qu’il estime la Gestation pour autrui (GPA) « acceptable » et même « incontournable » et que, selon Valeurs actuelles du 10 avril, il ait refusé la nomination comme évêque de Metz de Mgr Batut, ancien curé de Saint-Eugène jugé trop proche des traditionalistes ?
N’oubliez pas que l’un de ses premiers actes politiques fut dès 1989 de se faire initier au Grand Orient, grâce à un dignitaire également trésorier de la LICRA. Il s’agissait pour lui de gommer cette image de fils de famille bourgeoise et catholique, logée dans l’un des endroits les plus agréables de Paris, face à Notre-Dame, où elle occupait un appartement « social » de trois étages conservé grâce à l’entremise, entre autres, de Maurice Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères puis premier ministre de Charles De Gaulle.

Autre révélation-choc de votre livre : le long compagnonnage de Valls à partir de 1988 avec les mouvements pro-palestiniens et sa dénonciation du « criminel Ariel Sharon », au point qu’il jumela sa ville d’Évry – où il reçut en grande pompe Leïla Shahid alors déléguée de l’OLP en Europe – avec le camp de réfugiés de Khan Younis dans la bande de Gaza, où lui-même se rendit. Or, à partir de 2009, plus de subventions à Évry-Palestine mais au contraire une tentative de jumelage avec une ville israélienne des territoires occupés. Pourquoi ce virage radical ?
D’un premier mariage avec Nathalie Soulié, Manuel Valls a eu quatre enfants. Il convola en justes noces le 1er juillet 2010 avec la violoniste Anne Gravoin. Invité au mariage avec Tony Dreyfus, Claude Bartolone, Alain Bauer ou encore le journaliste Claude Askolovitch, Marek Halter précise que « Anne, d’origine juive, avait invité une branche de sa famille, des juifs orthodoxes » et qu’il y avait « des kippas partout ».
De son côté, Valeurs actuelles écrivait le 30 janvier 2014 que « de nombreuses sources, place Beauvau, attestent du “jusqu’au-boutisme” d’Anne Gravoin » contre Dieudonné. Incommodée par les Roms contre lesquels elle a demandé à son ministre de mari de faire intervenir la police, la violoniste aurait en effet joué un rôle moteur dans la persécution de l’humoriste, contre lequel Valls multiplia les communiqués de presse et pondit une hallucinante circulaire aux préfets, reproduite in extenso dans mon livre ainsi que les jugements très sévères de nombreux juristes sur l’ordonnance rendue le 9 janvier 2014 par un seul juge du Conseil d’État interdisant préventivement les spectacles de Dieudonné. Ce qui équivalait à mettre en place les principes d’une quasi-dictature.

C’est peut-être faire preuve de mauvais esprit mais, compte tenu de la folle ambition du personnage, ce mariage est-il l’œuvre du seul Cupidon, même si Anne Gravoin s’estime elle-même très « glamour », ou répond-il à un plan de carrière longuement mûri, dans la perspective de la présidentielle de 2017 ?
Je vous laisse la responsabilité de cette interrogation. Ce qui est sûr, c’est que, depuis, Manuel Valls a enchaîné les déclarations d’amour et d’allégeance à « la communauté qui n’existe pas » : « Par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël » (17 juin 2011) ; « Quand un juif de France est attaqué, c’est la République elle-même qui est attaquée » (21 mai 2012) ; « La communauté juive, c’est la France et la France sans la communauté juive, ce n’est plus tout à fait la France » (28 novembre 2012); « La Shoah est un sanctuaire, on ne peut pas le profaner » (21 janvier 2014) etc. Le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) s’est d’ailleurs officiellement réjoui de la nomination de Valls à Matignon.

Manuel Valls est indissociable de Alain Bauer et Stéphane Fouks, ses deux camarades de fac et complices en arrivisme. Ancien Grand Maître du Grand Orient et inspirateur de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy, Alain Bauer est connu du grand public. Mais ce n’est pas le cas de Fouks, même si le chapitre XVI des Médias en servitude, édité par Polémia, lui est largement consacré. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce « roi des communicants » dont vous présentez la biographie en annexe ?
Issu en 1960 d’un père natif d’Odessa et d’une mère polonaise militants communistes et pratiquant tous deux un « judaïsme œcuménique et laïc », il débuta en montant les concerts de SOS-Racisme. Fils spirituel de Jacques Séguéla, il a conseillé d’innombrables élus de tous bords (Jack Lang et Valérie Pécresse, Nicolas Sarkozy entre les deux tours de la présidentielle de 2007 puis Strauss-Kahn avant le crash de ce dernier) ; il bénéficie également de nombreux budgets institutionnels ou assimilés (campagne du PS aux élections européennes de 1999, BNP Paribas, EDF, qui sera accusée d’avoir financé la campagne de Lionel Jospin en 2002, Airbus, qui sera accusé d’avoir financé le PS en 2002, Danone, Lagardère, Alcatel, LVMH, Cap Gemini, Microsoft…). Aujourd’hui millionnaire et membre depuis 2013 du Comité directeur du CRIF, c’est un parfait agent du mondialisme international : il intervient régulièrement auprès de la French American Foundation, la dernière fois lors de la convention des Young Leaders à New York. Mais – et on est ici en pleine actualité – il est aussi le vice-président du très cosmopolite Yalta European Meeting financé par la plus grosse fortune ukrainienne, l’oligarque Viktor Pintchuk.

En conclusion, quels sont selon vous les éléments objectifs qui feraient d’un président de la République nommé Valls une désastreuse malchance pour la France ?
Eh bien je citerai Fouks, justement, qui déclarait il y a quelques années (rapporté par Challenges, 3 avril 2014) : « Avec Manuel [Valls] au PS et Alain [Bauer] au Grand Orient, on tient la France pour trente ans. » Qui peut sérieusement penser que cette troïka ferait le bonheur des Français et la grandeur de la France ? Pour finir, sachez que d’autres vidéos, dans le même genre que celle dévoilant le passé pro-palestinien de Manuel Valls, vont suivre sur internet, afin d’éclairer son double discours permanent. Elles aussi devraient faire pas mal de bruit.

Propos recueillis par Camille Galic
25/04/2014

 

Emmanuel Ratier, Le Vrai Visage de Manuel Valls, Éditions Facta, 25 avril 2014, 120 pages

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Camille Galic

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