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Le voile islamique, signe visible de la transformation de la société française

Le voile islamique, signe visible de la transformation de la société française

par | 16 juillet 2021 | Politique, Société

Le voile islamique, signe visible de la transformation de la société française

Par Paul Tormenen, juriste et spécialiste des questions migratoires ♦ Lors de la convention de la droite à l’automne 2019, Éric Zemmour a fait quelques déclarations tonitruantes qui lui ont valu d’être condamné l’année suivante. Parmi celles-ci figure « l’islamisation de la rue ». Cette suite judiciaire a détourné l’attention d’un phénomène bien réel, que chacun peut pourtant constater : de plus en plus de femmes musulmanes portent le voile islamique et des tenues « ethniques ». Pour paraphraser Charles Péguy, en la matière comme dans d’autres, il faut autant essayer de voir ce que l’on voit que de dire ce que l’on voit, en tentant d’échapper aux foudres des ligues de vertu. Que nous dit ce phénomène sur l’évolution de la société française et la transformation de notre pays ?

Le voile un phénomène massif

Quiconque vit en agglomération le constate : les tenues de nombreuses femmes musulmanes que l’on croise dans la rue ont changé ces dernières années. Beaucoup d’entre elles ont remisé les vêtements occidentaux pour porter des tenues « pudiques ». Elles sont également de plus en plus nombreuses à exhiber le voile islamique. Les travaux de recherche sur ce phénomène en pleine expansion sont étonnement rares et l’abordent souvent sous l’angle de la victimisation.

Une évolution quantitative au diapason de l’évolution de la société française

Les dernières statistiques disponibles sur l’évolution du port du voile parmi les femmes musulmanes dans la société française remontent à cinq ans, soit avant l’extension considérable que l’on a pu constater dans les dernières années. Dans un rapport publié en 2016, l’Institut Montaigne soulignait que la proportion de femmes musulmanes portant le voile était passée de 24 % en 2003 à 35 % en 2016 (1).

Au-delà de cette évolution en pourcentage, il faut également prendre en compte l’évolution du nombre absolu de musulmans vivant en France. Notre pays compte la communauté musulmane la plus importante d’Europe. Trois pays du Maghreb, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, fournissent chaque année les plus gros contingents de nouveaux immigrés. Ces trois nationalités sont également en tête pour le nombre de personnes acquérant la nationalité française (2). L’islamisation de la société française n’est pas un jugement de valeur ni une opinion : c’est une réalité.

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Le voile, une tradition ancienne qui revient avec force

Si le port du voile n’est, dans l’histoire, pas resté cantonné au monde islamique et a des origines très anciennes, la prescription aux femmes musulmanes de porter le voile islamique est dans la période récente revenue en force dans les années 1970 (3). Les prédicateurs qui en font la promotion s’appuient sur trois versets du Coran. Cette interprétation a dans le passé été rejetée par nombre de musulmans.

La récente extension du port du voile dans les rues de France, comme dans d’autres pays, montre l’influence grandissante des fondamentalistes – Frères musulmans, salafistes – promus par les pétromonarchies dans la communauté musulmane. Quelques événements ont marqué l’histoire récente de l’essor du voile islamique.

La révolution islamique en Iran en 1979 : « le foulard ou la raclée »

Certains intellectuels de gauche estiment que le port du voile relève de la liberté de choix. La révolution iranienne qui a porté l’ayatollah Khomeini au pouvoir en Iran illustre de façon éclatante le contraire. L’une des premières mesures prises par le gouvernement islamique a été de rendre obligatoire le port du voile. Des milliers d’Iraniennes ont manifesté le 9 mars 1979 pour n’avoir pas le choix entre « le foulard ou la raclée » (4). Peine perdue, les Gardiens de la révolution veillent depuis cette époque de façon intransigeante à son port par toutes les femmes. La résistance d’une partie de la jeunesse iranienne ne parvient pas à desserrer l’étau. Ici, on se couvre ; là-bas, on risque sa liberté pour se découvrir… Là-bas, la loi islamique ; ici, la pression sociale et le mimétisme.

L’importance du voile dans l’islamisation de la société s’est également illustrée en Algérie. La guerre civile menée par les islamistes dans les années 1990 a commencé par l’exécution d’une jeune femme de 17 ans, en raison de son refus de porter le voile islamique (5).

Un grand reporter a souligné, dans un essai paru récemment, le rôle des autorités iraniennes dans la diffusion du voile islamique dans le monde. Après avoir parcouru une dizaine de pays, la journaliste se rend à l’évidence que ce morceau de tissu est tout sauf anodin. Celle qui a vu les changements de mœurs au Maghreb souligne que « le voile [entre autres fonctions, NDLR] est promu dans le monde pour affirmer une visibilité anti-occidentale » (6). La France n’a pas été épargnée par la stratégie d’influence des islamistes.

1985, l’épisode du collège de Créteil

Le 4 octobre 1985, deux jeunes collégiennes sont allées en classe la tête couverte d’un voile et, selon les termes du principal du collège, « revêtues de costumes type musulmans intégristes». Cet épisode, suivi notamment par ladite affaire de Creil en 1989, allait aboutir à la loi adoptée en 2004 prohibant les signes religieux à l’école. Mais il a aussi été l’occasion pour l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) d’affirmer avec force : « Le livre sacré des musulmans […] ne laisse aucun doute sur le devoir de chaque musulmane de porter le voile » (7). Si la loi de 2004 a permis d’interdire le port du voile dans les écoles, elle n’a aucunement freiné sa propagation dans le reste de la société.

Assimilation, séparation ou remigration ?

L’offensive réussie des fondamentalistes

Un écrivain d’origine algérienne qui a eu maille à partir avec les islamistes dresse dans l’ouvrage collectif paru en 2017, intitulé Une France soumise, un constat implacable de la cécité d’une large part de la population française et de nos dirigeants sur la stratégie de conquête et de domination des islamistes :

« Cette soi-disant exigence de pudeur des femmes qui passe par une prétendue “invisibilité” dans l’espace public a en réalité pour but de produire l’effet exactement contraire : une excessive visibilité. “Plus vous serez nombreuses à porter le voile islamique, plus on s’habituera à vos voiles”, explique Tarik Ramadan à de jeunes militantes. Il faut voir dans cette obsession de la visibilité une volonté de se démarquer du reste de la société, voire de provoquer une rupture culturelle définitive avec la majorité. Cette rupture précède une normalisation qui n’est qu’une question de temps » (8). Chacun appréciera de quelle « normalisation » il s’agit…

La visibilité croissante du voile dans nos rues devrait amener les progressistes à prendre acte d’un échec cinglant : l’assimilation et l’adhésion aux valeurs occidentales reculent parmi les populations d’origine musulmane. Or il n’en est rien, comme en témoigne la folle politique migratoire du gouvernement.

La place de la femme dans la société : le choc des civilisations

De nombreux auteurs ont souligné la dimension clivante du voile islamique : il assigne les femmes qui le portent à leur communauté. Il est en rupture avec le rôle et la place que les femmes occidentales ont acquis au fil des siècles. Il conditionne les comportements tant de celles qui le portent que de celles qui ne le portent pas et contribue à des conflits incessants à l’école, au travail, en entreprise, etc. Il donne à l’islamisme une visibilité croissante et aux autochtones un sentiment d’étrangeté dans leur propre pays. C’est aussi et surtout un signe de l’appartenance à la communauté des croyants en l’islam, l’oumma.

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Uns stratégie d’influence et d’intimidation

Les islamistes ont repris la stratégie d’« entrisme » et d’influence jadis si prisée par les trotskistes : il s’agit de faire sauter les digues les unes après les autres. Dans les entreprises, l’islam est de loin (à 73 %) la première religion des salariés exprimant leur religiosité au travail (9). Comme le souligne Djemila Benhabib, les islamistes nous imposent également leur agenda politique avec la version « balnéaire » du voile islamique qu’est le burkini, un accoutrement toléré dans certaines piscines en dépit de la prohibition des bermudas pour des raisons d’hygiène !

Les exemples sont nombreux de ceux qui ont eu les pires ennuis pour avoir dénoncé la tentative de mainmise des islamistes sur la communauté musulmane, qui passe notamment par la prescription du port du voile.

L’enseignante Fatiha Agag-Boudjahlat, fermement engagée contre le voile en particulier des fillettes, a récemment fait l’objet d’une campagne de « harcèlement implacable, motivée politiquement », selon ses propres termes (10). En Belgique également, une enseignante est en butte aux mêmes attaques pour les mêmes raisons (11). En Haute-Garonne, à Muret, en 2019, c’est un professeur d’éducation civique qui a été menacé par plusieurs élèves pour avoir abordé la question du port du voile en France (12). Des sénateurs qui ont voté l’interdiction des signes religieux pour les accompagnateurs de sorties scolaires ont été visés par des propos injurieux et des menaces (13). Etc. Quelle sera l’étape suivante, après les intimidations ?

Emmanuel Macron s’est inquiété récemment que la France « se racialise ». Il a également indiqué qu’il ne se reconnaissait pas dans un combat qui renvoie chacun à son particularisme (14). Une nouvelle fois, le président de la République s’afflige des maux qu’il ne fait que susciter en accélérant avec l’immigration la grande transformation de la population française. Un politologue égyptien soulignait récemment que la loi contre le séparatisme adoptée en début d’année n’était pas suffisante pour lutter contre la stratégie de domination engagée par les Frères musulmans en France (15). La visibilité croissante du voile islamique dans nos rues n’en est qu’une illustration supplémentaire.

Paul Tormenen
16/07/2021

Notes

(1) « Un islam français est possible ». Institut Montaigne. Septembre 2016.
(2) Chiffres clés de l’immigration. Ministère de l’Intérieur.
(3) « Le voile, 5 000 ans de soumission ». Le Temps. 21 novembre 2006.
(4) Histoire de l’islamisation de la France. Collectif anonyme. Éd. L’Artilleur. 2019.
(5) « Voiler les femmes : l’arme la plus puissante des islamistes ». Gatestone Institute. 30 avril 2016.
(6) « Le voile est promu dans le monde pour afficher une visibilité anti-occidentale ». Interview de Chantal de Rudder au sujet de son livre Un voile sur le monde. Le Figaro. 29 janvier 2021.
(7) Cf. (4)
(8) Une France soumise – Les voix du refus. Ouvrage collectif. Éd. Albin Michel. 2017.
(9) « Religion au travail : croire au dialogue ». Institut Montaigne. Mai 2016.
(10) « Sous la pression de collègues et syndicats de gauche, l’enseignante Fatiha Agag-Boudjahlat ne fera pas sa rentrée ». Valeurs actuelles. 8 juillet 2021.
(11) « L’affaire Nadia Geerts et le flou autour du voile à l’école ». LN24.be. 2 février 2021.
(12) « Haute Garonne : une enseignante menacée pour ses propos sur le voile islamique, sept élèves en garde à vue ». La Dépêche. 21 octobre 2020.
(13) « Port du voile : des sénateurs visés des “propos injurieux” et des menaces ». Paris Match. 8 novembre 2019.
(14) « Emmanuel Macron : l’universalisme à la carte ? ». Front populaire. 1er juillet 2021.
(15) « Démantèlement des Frères musulmans : pourquoi la France ne peut se contenter de la loi contre le séparatisme ». Valeurs actuelles. 26 janvier 2021.

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