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Le Suicide français, d’Éric Zemmour

Le Suicide français, d’Éric Zemmour

par | 13 octobre 2014 | Médiathèque

Le Suicide français, d’Éric Zemmour

Deuxième note de lecture sur Le Suicide français, cette fois de Maxime Tandonnet, qui revient sur la relation ambiguë qu’Éric Zemmour entretient avec les médias.

Maxime Tandonnet décrypte chaque semaine l’exercice de l’État pour FigaroVox. Il est haut fonctionnaire, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République et auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire des présidents de la République, Perrin, 2013. Son dernier livre, Au Cœur du Volcan, carnet de l’Élysée, est paru le 27 août. Découvrez également ses chroniques sur son blog. (Figaro Vox)

Depuis une semaine environ, Éric Zemmour est omniprésent dans le monde médiatique pour parler de son livre, Le Suicide français (Albin Michel). Ouvrage brillant et passionnant, mais là n’est pas mon propos. Ce qui me sidère, dans le phénomène médiatique en cours, c’est le contraste entre l’extraordinaire couverture qui lui est offerte et la haine et la violence qui s’expriment à son égard. Outre les insultes de base, l’accusation pavlovienne et mensongère de « lepénisme » voire « d’extrémisme », on entend des choses totalement hallucinantes, invraisemblables qui dépassent largement le niveau des habituelles violences verbales : des allusions à sa religion, venues tout droit d’un autre âge, qui font froid dans le dos, et même l’invocation de sa famille, de son épouse. Et nul ne relève l’abomination de tels propos. Le débat de fond se voit ainsi noyé dans les attaques personnelles, les procès en inquisition et la déferlante des injures.

Éric Zemmour parle, en creusant dans l’histoire, du déclin de la France depuis le départ du général de Gaulle : un constat évident mais insupportable au monde médiatique, ébloui par les paillettes de l’immédiat. Sa nostalgie est intolérable pour les maîtres à penser d’une époque qui sublime la table rase. Le monde médiatique aurait le moyen commode de tuer un livre qui lui répugne : l’ignorer tout simplement. Eh bien non, il fait le contraire, lui assurant une fulgurante promotion… Comment interpréter cette apparente contradiction ? Voilà ce qui m’intrigue.

Le monde médiatique joue un jeu sordide, ambigu. Il exhibe Éric Zemmour sur les plateaux et les studios dans l’objectif, à travers lui, d’écraser à coups de masse le dernier vestige d’un univers idéologique que l’on pensait définitivement mort, éteint à jamais, en particulier sur les valeurs traditionnelles, débusquer l’intolérable, l’inadmissible, afin d’en finir une fois pour toutes. Mais lui résiste, et seul contre tous, dans la position de la victime, du taureau de la corrida, du gibier de potence traqué – qu’il est réellement – seul contre la meute de ses détracteurs, parfaite antithèse du conformisme médiatique, miroir inversé du politiquement correct, retourne la situation en sa faveur et la sympathie de l’opinion, bien au-delà des clivages partisans. D’où son extraordinaire succès de librairie qui dépasse celui de Merci pour ce moment… Nous ne partageons pas forcément sa philosophie générale, sa vision du monde, de la société et de l’économie. Nous ne sommes pas d’accord avec l’idée d’une France qui pourrait se soustraire à l’impératif d’une adaptation douloureuse et profonde à la réalité de la globalisation, ni avec sa vision des rapports hommes/femmes. N’empêche: les politiques et les intellectuels, de droite ou de gauche, seraient bien inspirés de se pencher sur un phénomène qui les dépasse…

Maxime Tandonnet
Source : Figaro Vox
11/10/2014

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