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Agenda : Le retour de la Russie, huitième conférence le 13 avril 2015

Agenda : Le retour de la Russie, huitième conférence le 13 avril 2015

par | 8 avril 2015 | Géopolitique

Agenda : Le retour de la Russie, huitième conférence le 13 avril 2015

Agir pour la démocratie directe et l’Institut néo-socratique vous invitent à leur prochaine conférence qui se tiendra le lundi 13 avril à 19 heures précises, à l’association « Dialogue Franco-Russe » 120, Champs-Élysées 75008 Paris.

L’Église et l’État dans la Russie nouvelle

La Fédération de Russie est un État laïc. Toutefois, on reconnait en Russie l’existence de quatre religions dites « traditionnelles » car elles s’enracinent dans un lointain passé : c’est l’orthodoxie, l’islam, le bouddhisme et le judaïsme par ordre décroissant en nombre de personnes concernées.

Le patriarche de toute la Russie, Cyrille 1er, dit que la collaboration entre l’État et les religions doit tenir compte de trois principes en même temps :

  • la liberté religieuse ;
  • la proportionnalité qui tient compte de l’importance démographique plus ou moins grande de chaque religion (l’orthodoxie à elle seule fait 80% à 85% du total) : les aides financières éventuelles de l’État doivent tenir compte de ce principe ;
  • le souci de préserver l’identité culturelle de la Russie, et donc la reconnaissance de la place de la religion dans l’histoire russe plus que millénaire.

Dans les faits, la place de la religion, et notamment de l’Église orthodoxe russe, n’a pas d’équivalent en France. La laïcité notamment est ressentie différemment, car, pendant 70 ans, elle a servi de prétexte idéologique pour la répression anti-religieuse la plus féroce. Le propre père du patriarche Cyrille a été arrêté et envoyé trois ans en Sibérie dans la région de la Kolyma pour un prétexte futile (on avait découvert des notes de lui où Dieu était écrit avec une majuscule !) Les persécutions ont finalement renforcé l’Église qui s’est tout d’un coup épanouie avec la disparition de l’URSS.

Le nombre d’évêchés est passé de 92 en 1993 à 142 en 2007, avec 28 000 paroisses (dont 13 000 en Russie même, les autres étant en Ukraine, au Kazakhstan, en Biélorussie, etc). Il y a 236 évêchés en 2013. L’église dispose de cinq académies théologiques et deux universités orthodoxes et 32 séminaires. C’est donc une organisation considérable.

Selon le patriarche Cyrille, l’Occident semble croire que l’homme est bon par nature et qu’il suffit de lui accorder la liberté la plus grande. Mais l’anthropologie rejoint la théologie pour montrer que l’homme peut faire le mal volontairement. De plus, le mal, si rien ne l’arrête, a tendance à se propager, il est dynamique. Cela expliquerait la montée de la criminalité avec la sécularisation en Occident à partir des années 1970.

Le sens moral n’a rien à voir avec l’instruction : on peut être à la fois intelligent, cultivé et criminel. L’Église orthodoxe russe lie la liberté au respect des valeurs morales traditionnelles (c’était aussi le point de vue des libéraux traditionalistes comme Burke ou Hayek). Il observe notamment que les droits de l’homme, bons en soi, sont instrumentalisés pour défendre toutes sortes d’immoralités ou de déviations, et se retournent alors contre la dignité de l’homme. Le patriarche dans les relations internationales cherche à se rapprocher de l’Église catholique pour lutter contre ce sécularisme matérialiste (voir l’accord qu’il a passé avec l’Église catholique polonaise le 6 septembre 2012).

Dans le domaine des relations intérieures avec l’État, l’Église prône une collaboration dans tous les domaines, notamment éducatifs ou sociaux où elle estime pouvoir faire du bien à la société russe.

Elle s’investit dans le maintien de la paix, l’éducation, le social, le patrimoine historique, la pastorale de l’armée, la police et les prisons, les médias, la santé, la science, l’environnement, la politique familiale, la préparation des lois ayant des conséquences éthiques.

L’église veut préserver l’esprit d’amour et de sacrifice dans un monde tenté par l’utilitarisme et le matérialisme : elle récuse les quatre idoles du « Gestell » (société utilitaire) dénoncées par Heidegger : l’ego, l’argent, les masses et la technique. Ces quatre choses ont leur utilité mais ne doivent pas être objet d’idolâtrie comme trop souvent en Occident.

De plus, on construit des églises dans tout le pays et à Moscou, un programme de construction de 200 églises est mis en œuvre pour compléter les 350 existantes. (il y a par ailleurs cinq synagogues, quatre mosquées et deux églises catholiques). Au moins 1000 églises ont été détruites pendant la période soviétique à Moscou.

Beaucoup d’observateurs se demandent si la Russie ne sera pas le lieu privilégié d’un réveil mondial du christianisme et des valeurs bimillénaires qu’il porte. En tous cas, la politique de laïcité positive a permis une coopération dense entre l’État et l’Église qui porte beaucoup de fruits dans le redressement moral, familial et patriotique de la Russie nouvelle.

Bien cordialement,

Ivan Blot
04/04/2015

Programme des conférences 2014-2015

  • 15 septembre. Mille ans d’histoire russe. Résistance, survie et mission historique
  • 27 octobre. La chute définitive du communisme : un épisode de l’histoire de l’être (Heidegger)
  • 17 novembre. Vladimir Poutine et le rétablissement de la hiérarchie des trois fonctions (Dumézil). Aristote et le régime mixte
  • 8 décembre. L’armée, la sécurité intérieure et les autres formes de sécurité (Mc Lean)
  • 19 janvier. La nouvelle économie : croissance et liberté (Hayek)
  • 9 février. Le renouveau familial et démographique
  • 16 mars. Culture et éducation : réappropriation de l’héritage de la civilisation (Gehlen, Hayek)
  • 13 avril. Traditions religieuses et matérialisme : l’homme chez Dostoïevski
  • 11 mai. L’échelle sainte de Jean Climaque : l’héritage spirituel de la Russie
  • 15 juin. L’avenir se lève à l’Est : l’inversion des pôles
Ivan Blot

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