Agir pour la démocratie directe et l’Institut néo-socratique vous invitent à leur prochaine conférence qui se tiendra le lundi 19 janvier à 19 heures précises, à l’association « Dialogue Franco-Russe » 120, Champs-Élysées 75008 Paris.
L’économie de la Russie nouvelle : croissance et libertés
Il peut paraitre paradoxal de parler de croissance et de libertés économiques dans la conjoncture actuelle. Après 14 ans de forte croissance (sauf lors de la crise de 1988), celle-ci s’est arrêtée pour l’instant dans un contexte de baisse du prix du pétrole et de sanctions. Mais, comme le dit l’économiste Jacques Sapir, les « fondamentaux » de l’économie russe restent bons. Ce sont ces fondamentaux que nous allons voir, fidèles à notre méthode aristotélicienne : examen du territoire (cause matérielle), des normes juridiques et fiscales, du contexte humain et culturel et étude de l’articulation avec les causes finales, notamment politiques.
1. Le territoire de la Russie, le plus grand du monde, reste un atout essentiel, qui l’a sauvée dans ses guerres face à Napoléon et à Hitler. L’agriculture renait. Les matières premières sont abondantes, notamment le gaz et le pétrole. Le commerce extérieur a beaucoup progressé mais il n’a pas la même importance qu’en Europe. La Russie peut donc être assez indépendante, surtout en ajoutant l’Union eurasiatique (sans droits de douane), c’est-à-dire pour l’instant, la Biélorussie et le Kazakhstan. Si la Russie développe ses relations avec l’Inde et la Chine, comme c’est aussi le cas, vouloir « isoler » la Russie, comme on le dit à Washington, devient puéril. Il suffit de regarder un planisphère.
2. Les normes sont en pleine évolution. Sortant du système communiste, il a fallu tout changer et réhabiliter le droit de propriété. Selon The Heritage Foundation peu suspecte d’être favorable à la Russie, celle-ci est bien plus libérale que la France sur deux points importants, les impôts (flat tax [impôt à taux unique] de 13% sur les revenus notamment) et le droit du travail et du licenciement. Le résultat est net : le taux de chômage est de l’ordre de 5% contre plus de 10% en France et 20% en Espagne, par exemple. Le président Poutine affirme qu’il va continuer la libéralisation de l’économie, conformément aux idées venues du groupe des économistes de Saint-Pétersbourg, autrefois réunis autour de l’ancien maire Sobtchak.
3. Le contexte humain et culturel reste essentiel. Comme l’écrivait Jean Bodin, il n’est de richesses que d’hommes. Avec 156 millions d’habitants, la Russie est de loin le pays le plus important de la Grande Europe. Après vient l’Allemagne (81 millions) puis la France (64 millions). Le Produit national brut en parité de pouvoir d’achat (source FMI 2013) est le 6e du monde, après les USA, La Chine (presque à égalité), l’Inde, le Japon et l’Allemagne. D’après cette source, le PNB russe (3.491 milliards de dollars) est presque à égalité avec celui de l’Allemagne (3.512 milliards) ; la France est 8e (derrière le Brésil) avec 2.534 milliards. La croissance de ce PNB russe a été très forte jusqu’en 2012 et le niveau de vie a doublé depuis l‘arrivée du président Poutine en l’an 2000. De 2000 à 2012, le taux de croissance a été plus fort en Russie qu’aux USA (certaines années 30% de plus). La qualification de la main d’œuvre est essentielle et sa motivation aussi. Le temps de travail en 2010 était de 1981 heures annuelles en Russie, et de 1476 en France (USA : 1787). La gestion publique est saine (faible endettement, budget équilibré).
4. L’articulation avec les causes finales comme la politique, l’éthique et la spiritualité. L’économie est importante mais elle ne doit pas se développer au dépend de la démographie, de la cohésion familiale, de l’indépendance nationale, de la richesse spirituelle. C’est une question d’arbitrage entre le court et le long terme (voir Hoppe). Ici, les données statistiques font défaut, pas seulement parce que le qualitatif n’est guère mesurable mais aussi par manque d’intérêt dans des pays dominés par le Gestell matérialiste. Quid d’un pays où la croissance économique est bonne mais où la natalité s’effondre et où l’immigration prend une tournure d’invasion ? Quid d’un pays où l’économie est prospère mais où le nombre de crimes par habitant a quadruplé comme c’est le cas en France depuis 1968 ? Le niveau de vie moyen peut être élevé mais le nombre de pauvres très important comme c’est le cas aux USA (50 millions). A long terme, les facteurs non économiques au départ peuvent se retourner contre l’économie. La Russie se voit dans cette perspective mieux placée que l’Occident.
Si l’on essaie de faire la synthèse de nos quatre points de vue aristotéliciens, on peut dire que la Russie :
- conserve des atouts exceptionnels par l’immensité de son territoire, sa richesse en matière premières, sa capacité à acquérir une relative indépendance.
- ses normes sont d’ores et déjà libérales et une économie comme la France est bien plus socialisée que ne l’est la Russie (50% de prélèvements publics contre 25%)
- sa croissance a été forte et n’a pas de raison de disparaitre en longue période et la main d’œuvre est qualifiée au niveau d’un pays fort développé. La gestion est saine (faible endettement).
- ses efforts pour mettre l’économie au service de la nation et de la cohésion familiale et sociale devraient payer à terme.
Bonne année 2015 et à bientôt !
Cordialement
Ivan Blot
05/01/2015
Programme des conférences 2014-2015
- 27 octobre. La chute définitive du communisme : un épisode de l’histoire de l’être (Heidegger).
- 17 novembre. Vladimir Poutine et le rétablissement de la hiérarchie des trois fonctions (Dumézil). Aristote et le régime mixte.
- 8 décembre. L’armée, la sécurité intérieure et les autres formes de sécurité (Mc Lean).
- 19 janvier. La nouvelle économie : croissance et liberté (Hayek).
- Février. Le renouveau familial et démographique.
- Mars. Culture et éducation : réappropriation de l’héritage de la civilisation (Gehlen, Hayek).
- Avril. Traditions religieuses et matérialisme : l’homme chez Dostoïevski.
- Mai. L’échelle sainte de Jean Climaque : l’héritage spirituel de la Russie.
- Juin. L’avenir se lève à l’Est : l’inversion des pôles.
- La décadence occidentale – Le déclin économique - 12 juillet 2018
- La décadence occidentale – Le déclin de la culture - 6 juillet 2018
- La décadence occidentale – Le déclin politique - 16 juin 2018