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Le prix du temps – Ras les robots ! Par Jean-Yves Le Gallou

Le prix du temps – Ras les robots ! Par Jean-Yves Le Gallou

par | 9 janvier 2023 | Société

Le prix du temps – Ras les robots ! Par Jean-Yves Le Gallou

Par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia ♦ L’inflation des procédures – administratives et privées – est une cause d’irritation permanente mais aussi d’appauvrissement bien réel. Car les procédures ont un coût : le prix du temps.

On l’oublie trop souvent mais les économistes considèrent que le temps a un coût et un prix. Le prix Nobel (1992) Gary Becker a placé l’étude du prix du temps au cœur de son œuvre. Et, à la suite des économistes de l’école des mines de Paris, les projets d’infrastructures de transports sont évalués au prix du temps qu’elles font gagner.

Or depuis 20 ans la multiplication des procédures émanant du secteur public comme des entreprises privées a représenté un véritable hold-up sur le temps libre des citoyens et des consommateurs. Tout en contribuant à l’effondrement des services publics et au renchérissement (indirect) du prix des services.

L’hôpital ne souffre pas seulement des 35h mais aussi de la multiplication des opérations de « reporting » qui diminuent le temps disponible des médecins, infirmières et aides-soignants. Dans une ampleur – 10% ? 20% ? 30% ? – qui n’a jamais été ni anticipée ni même évaluée. Il en va de même pour les médecins libéraux devenus des collaborateurs administratifs de la sécurité sociale. Qui a pris cela en compte dans la programmation de la démographie médicale?

L’éducation nationale n’a pas échappé à une dérive comparable : les activités inutiles, sinon nuisibles, polluant les emplois du temps des professeurs comme des élèves.

L’inefficacité judiciaire est aussi la conséquence de la prolifération des textes. Le code pénal et le code de procédure pénale ont doublé de volume en 30-40 ans. Mais à aucun moment les conséquences en termes d’effectifs de policiers et de juges n’ont été prises en considération. C’est l’une des causes de la quasi disparition des patrouilles de terrain de la police nationale comme de l’absence de réponse judiciaire à de nombreux délits sans même parler des bavures judiciaires…

Les grandes entreprises n’ont pas échappé à cette dérive. Le traitement des demandes des consommateurs à travers des sites internet n’offre pas seulement des facilités d’accès aux clients mais aussi un transfert de taches : le client ayant à se substituer à l’entreprise dans le traitement des tâches administratives. Certes les opérateurs téléphoniques peuvent faire valoir que c’est la contrepartie de l’accès à des services nouveaux à moindre coût. Les opérateurs téléphoniques, peut-être, mais quid des banques ? Les contacts avec la clientèle se sont robotisés et raréfiés, pour autant les frais bancaires ne semblent pas avoir diminué.

Le paradoxe est encore plus grand chez les opérateurs de transport, comme la SNCF. Certes les lignes TGV – financées avec l’argent public – raccourcissent la durée de trajets (de métropole à métropole, en tout cas) mais le temps bureaucratique s’allonge : accès aux trains 5 minutes, voire plus longtemps à l’avance, avant le départ, impossibilité de voyager avec le train d’avant ou celui d’après sans de longues procédures bureaucratiques.

En bref, si l’on ose dire, citoyens et consommateurs consacrent de plus en plus de temps à « dialoguer » (!) avec des robots.
Reste à savoir comment cela est pris en compte dans la comptabilité nationale et l’indice des prix sur la consommation. Sans même parler de la grande fatigue des victimes des robots dont les logiciels sont rigides, les interfaces pas toujours « conviviales » et les bugs fréquents !

La numérisation est devenue un enfer pavé de bonnes intentions.

Jean-Yves Le Gallou
09/01/2023

Jean-Yves Le Gallou

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