Polémia a fréquemment signalé à ses lecteurs l’importance qu’exerce en France « la tyrannie médiatique ». Dans nos études consacrées à l’élection présidentielle de 2007, nous avons souligné le biais imposé à la campagne par les médias audiovisuels dominants : les batailles d’images, d’émotions et de symboles supplantant souvent les débats d’idées. Pour autant, une campagne électorale ne saurait se réduire à la présence dans les médias. La stratégie médiatique doit rester subordonnée à la stratégie politique. C’est en restructurant l’opposition droite/gauche, à travers la sélection de leurs thèmes, de leurs mots et de leurs « coups » que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se sont qualifiés pour le second tour en retrouvant, pour l’un, le score de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, pour l’autre, celui de François Mitterrand en 1981. C’est notamment parce qu’il a oublié cette règle, sous l’influence de la directrice stratégique de sa campagne, Marine Le Pen, que le président du FN a enregistré un revers important. C’est en tout cas la thèse qu’expose l’un de nos correspondants qui nous a fait parvenir le texte ci-joint.
Polémia
1. Un contexte politico-électoral très favorable
Rarement le contexte politico-électoral n’avait paru aussi favorable à Jean-Marie Le Pen qu’à l’élection présidentielle du 22 avril 2007 :
- d’abord, par la grande visibilité de ses thématiques traditionnelles et l’impossibilité pour l’opinion d’évacuer de ses préoccupations les problèmes d’immigration et d’insécurité ; d’autant plus que le souvenir des émeutes de l’automne 2005 a été ravivé par les violences de la Gare du Nord du 27 mars et celles de la Foire du trône, le 9 avril, directement attribuables aux bandes ethniques ;
- ensuite, parce que Jean-Marie Le Pen a bénéficié d’une très bonne couverture médiatique : à la différence de 1988, 1995 ou 2002, il a constamment été présenté comme l’un des quatre finalistes possibles du second tour ;
- enfin, parce que le « vote utile », à droite en tout cas, n’avait pas de raison technique d’exister puisque la qualification pour le 2e tour de Nicolas Sarkozy était présentée comme certaine ; un vote Le Pen au premier tour ne risquait pas de priver l’électeur de sa capacité d’arbitrer le 2e tour en faveur de son premier ou deuxième choix.
2. Un échec manifeste aux causes profondes
Or, non seulement Jean-Marie Le Pen n’a pas accédé au deuxième tour, mais il a dû se contenter de la quatrième place, sans faire le plein des voix de son courant (19,3% avec Bruno Mégret qui l’avait rejoint, en 2002) ni même de ses voix personnelles (16,9%) ; il ne retrouve d’ailleurs pas ses résultats de 1995 (15%) ni ceux de 1988 (14,2%) ; tout juste parvient-il avec 10,44% à atteindre un score à deux chiffres.
À quoi bon ?
Cet échec s’explique sans doute par des causes profondes tenant à la fois au démantèlement de tout appareil militant de relais entre la direction du Front national et les électeurs et aussi à une certaine lassitude de ces derniers sur le thème du « A quoi bon ? » A quoi bon voter pour un candidat qui a de moins en moins de représentants locaux crédibles ? A quoi bon voter pour un candidat qui de toute façon ne pourra pas être élu ? Le souvenir cuisant du deuxième tour de 2002 où Jean-Marie Le Pen fit avec 17,79% moins bien que son résultat du premier tour cumulé avec celui de Bruno Mégret qui le soutenait (19,30%) a sûrement pesé très lourd sur la présidentielle de 2007. Il est significatif que dans « les déterminants du choix », à la question : « Qu’est-ce qui a le plus compté dans votre vote ? » ce soit « La volonté de voter utile pour que votre candidat soit présent au deuxième tour » qui pèse le plus pour 31% des électeurs de Royal, 25% pour ceux de Sarkozy, 22% pour ceux de Bayrou, 13% pour l’ensemble des candidats de la gauche « antilibérale » (dont les chances de qualification étaient pourtant nulles !)… et seulement 10% pour Le Pen (que beaucoup d’observateurs croyaient pourtant dans la course). Toujours selon le même sondage, réalisé le 22 avril par TNS-SOFRES, 77% des électeurs de Le Pen avaient des motivations négatives (mécontentement ou rejet des politiques et des autres candidats) et seulement 8% un vote d’adhésion au candidat (4%) ou au programme (4%).
Une campagne de second tour au premier
La campagne de Jean-Marie Le Pen axée, dès son origine, sur le second tour a donc été en décalage complet avec la réalité des aspirations de ses électeurs. D’autant plus qu’elle ne permettait pas de combattre l’efficace stratégie de séduction de l’électorat lepéniste entreprise par le candidat de l’UMP. Conquête qui s’est manifestée dans les chiffres du premier tour puisque, selon les chiffres TNS-SOFRES, 28% des électeurs de Le Pen de 2002 ont voté Sarkozy en 2007. Cette force d’attraction s’est même exercée sur les électeurs restés fidèles à Jean-Marie Le Pen puisqu’à la question : « Y a-t-il un autre candidat que celui que vous avez choisi pour lequel vous avez sérieusement envisagé de voter ? Si oui, lequel » 40% des électeurs de Le Pen répondent : Sarkozy !
L’échec de Jean-Marie Le Pen s’explique aussi et surtout par la conséquence d’une série d’erreurs stratégiques dont les deux principales ont été de tout baser sur la séduction des médias tout en ménageant Nicolas Sarkozy sur le fond.
3. Une série d’erreurs stratégiques
a) Première erreur stratégique : avoir cherché avant tout à plaire aux médias
La « directrice stratégique » de la campagne de Jean-Marie Le Pen, sa fille Marine, a imposé une ligne claire à la campagne : se dédiaboliser en se banalisant ; plaire aux médias en normalisant le discours par rapport à l’idéologie dominante. Ainsi le site symbolique habituel de lancement de campagne (en 1988, 1995, 2002), le Mont Saint-Michel, a été délaissé au profit de Valmy : lieu républicain abstrait où fut prononcé un discours classique sur la République et la nation comme tous les dirigeants politiques peuvent en tenir. Puis l’affiche-clé de la campagne représenta une Beurette libérée. La justification qu’apporta Marine Le Pen de ce choix iconographique fut la suivante : « La candidature de rassemblement du peuple français débarrassé de ses spécificités ethniques, religieuses et même politiques, c’est la candidature de Jean-Marie Le Pen. » Mais en quoi un peuple français débarrassé de toute spécificité aurait il encore besoin d’une candidature Le Pen ? Dans la défense d’une France républicaine purement abstraite, d’autres que lui sont à la fois plus crédibles et plus performants. Enfin, le dernier « coup » de la campagne se passa sur la dalle d’Argenteuil où Jean-Marie Le Pen expliqua devant un parterre de femmes voilées que les Beurs et les Africains étaient « des branches de l’arbre France ». Discours que Bayrou, Royal ou Sarkozy auraient pu, eux aussi, tout aussi bien tenir.
Reconnaissons à cet ensemble de choix le mérite de la cohérence : viser à rallier le Front national à la conception aujourd’hui dominante d’une nation française ouverte au monde et désincarnée à laquelle on appartiendrait par simple localisation géographique et adhésion idéologique minimaliste ; conception qui se heurte pourtant à cette double réalité que sont la persistance des problèmes de banlieues et l’échec des politiques d’intégration.
Jean-Marie Le Pen a longtemps ironisé sur ses concurrents qui le copiaient affirmant que les électeurs préfèrent toujours l’original à la copie. Cette fois c’est Jean-Marie Le Pen qui a copié les autres… que les électeurs ont finalement préférés. Une entreprise soumise à la concurrence gagne souvent à moderniser sa ligne de produits pour garder une longueur d’avance mais sûrement pas à changer de métier. Le FN a cru se renouveler en changeant de « ligne » mais il est allé « à contreflots » de ses électeurs.
b) Deuxième erreur stratégique : restreindre socialement et géographiquement la cible électorale
Jean-Marie Le Pen et le Front national ont longtemps tenu un discours global s’adressant à toutes les catégories de la population. Et leur électorat, quoi qu’on en pense, a toujours été divers sociologiquement : Neuilly et Nanterre donnant souvent des scores comparables !
La gauchisation de la campagne
Or, sous l’influence du brillant essayiste marxiste, le très séduisant Alain Soral, Jean-Marie Le Pen a procédé à la gauchisation de son discours et à la recherche préférentielle du vote des « banlieues ». Cela revenait à ignorer que les banlieues de l’immigration ne sont pas (ou plus) un bon réservoir de voix pour le Front national : parce que les Français qui souffrent le plus de l’excès d’immigration en sont partis ; parce que, même s’il y a des Français d’origine immigrée qui votent pour le FN, ceux-ci restent très minoritaires ; enfin, parce que les bénéficiaires de la société d’assistance, quand ils votent, le font plutôt pour les partis de gauche qui les clientélisent.
A contrario, certains accents de démagogie ouvriériste ont pu contribuer à écarter des travailleurs sensibles à l’évocation de la valeur travail par Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Notons d’ailleurs au passage que sociologiquement la classe ouvrière est en voie de disparition et que les catégories socioprofessionnelles en voie d’expansion sont celles des employés et des professions intermédiaires qui ne sont pas sensibles à la même liturgie idéologique et politique. Parvenir à réunir 26% du vote ouvrier, selon le sondage TNS-SOFRES, c’est bien ; mais cela ne suffit pas à compenser un maigre apport de 6% chez les professions intermédiaires et les employés. Ne perdre, dans le Pas-de-Calais, sur le total des voix Le Pen+Mégret de 2002 que 20% des suffrages en régressant seulement de 20,62% à 16,2% est peut-être un motif (relatif) de satisfaction. Mais c’est cher payer l’effondrement des suffrages en Haute-Savoie dont les scores tombent de 22,13% à 9,74%. Or les voix ne se pèsent pas, elles se comptent : les suffrages des régions prospères valent autant que ceux des régions en déclin et même peut-être plus car ils sont davantage porteurs d’avenir. L’analyse en terme de classes n’est pas forcément toujours dénuée de sens : encore faut-il qu’elle soit actualisée !
2007 voit se reproduire les erreurs du deuxième tour de 2002
La direction stratégique du FN a eu d’autant plus tort de « gauchiser » à outrance la campagne de 2007 qu’elle disposait déjà d’une expérience montrant que cette démarche ne fonctionnait pas : entre les deux tours de 2002, Jean-Marie Le Pen avait cherché à capter les électeurs de gauche qui n’avaient plus de candidat en course et pourtant les électeurs avaient préféré voter Chirac. Pour une raison simple : les électeurs populaires qui viennent au FN viennent y chercher d’abord une réponse à leurs préoccupations d’ordre beaucoup plus qu’à leurs revendications sociales. Selon le sondage TNS-SOFRES déjà cité, à la question suivante sur leur « motivation de vote » : « Parmi les thèmes suivants, quels sont ceux qui ont eu le plus d’importance pour vous au premier tour de l’élection présidentielle ? » les électeurs résiduels de Le Pen, lors du scrutin du 22 avril, ont répondu à 60% « La lutte contre l’immigration clandestine » et à 53% « La lutte contre l’insécurité » ; chiffres 3 à 4 fois plus forts que les réponses obtenues pour « La lutte contre les inégalités et les injustices » (17%), « La lutte contre la pauvreté (18%) ou « L’intégration des minorités dans la société française » (4%). Bien sûr, ce sondage n’était pas connu avant le vote mais ses résultats sont dans la droite ligne de ceux observés en 2002.
c) troisième erreur stratégique : ménager Nicolas Sarkozy
Jean-Marie Le Pen a donc donné l’impression d’abandonner ses thèmes de prédilection au moment même où ses principaux adversaires s’en emparaient au moins dans la forme : Ségolène Royal lançant à Vitrolles une campagne de rassemblement « du social et du national » puis revendiquant Jeanne d’Arc, le drapeau tricolore et la Marseillaise ; Nicolas Sarkozy présentant sa visite au Mont Saint-Michel comme un temps fort de sa campagne avant de préconiser la création d’ « un ministère de l’immigration et de l’identité nationale ».
Or, si le leader du Front national a attaqué Ségolène Royal sur le registre un peu machiste de Bécassine, il a semblé se réjouir de l’arrivée de Nicolas Sarkozy sur ses thèmes de prédilection : il a sans doute cru que cela le « recentrerait » comme il avait pensé être « recentré » par Bruno Mégret en 2002 et Philippe de Villiers en 2006, lorsque ceux-ci avaient occupé le créneau de la « lutte contre l’islamisation ». C’était sous-estimer la capacité de Sarkozy à se faire suffisamment comprendre tout en échappant à la sur-diabolisation ! Dans la ligne de cette analyse erronée, Jean-Marie Le Pen a donc ménagé Nicolas Sarkozy, allant jusqu’à faire un pas de deux avec le président de l’UMP en laissant même entendre que des accords avec lui seraient possibles… ce qui revenait à autoriser ses électeurs à voter pour lui dès le premier tour !
Nicolas Sarkozy a tiré un avantage considérable de cette attitude ambiguë : se voir épargner toute critique un peu charpentée de son bilan et toute dénonciation de ses contradictions et de ses postures. A partir de là, l’ancien ministre de l’intérieur qui a dénoncé « la racaille » et qui a subi des attaques fortement diabolisantes de ses adversaires a pu devenir pour certains électeurs du Front national une option de vote intéressante fondée sur l’hypothèse que Sarkozy ferait demain ce que Chirac l’avait empêché de faire hier… alors que de toute façon Le Pen ne serait pas en capacité d’agir. En ménageant Nicolas Sarkozy, les dirigeants du Front national ont déroulé pour lui le tapis rouge du « vote utile ».
Jean-Marie Le Pen a d’ailleurs senti grossir le danger dans les derniers jours de la campagne et a choisi tardivement d’attaquer Nicolas Sarkozy, moins sur sa politique, d’ailleurs, que sur ses origines hongroises et grecques, au risque de passer pour incohérent après avoir expliqué et répété que les Français issus de l’immigration (arabe et africaine) étaient des Français comme les autres !
d) quatrième erreur stratégique : la quasi-absence de toute campagne de terrain
Historiquement le Front national a toujours existé sur deux registres : le terrain, à travers son appareil militant ; les médias, à travers la présence charismatique de son président. Aujourd’hui, l’appareil conduit et construit par Jean-Pierre Stirbois, Bruno Mégret et Carl Lang a quasiment disparu. Certains ont pu croire un temps que l’ « Union patriotique » permettrait de recoller des morceaux d’appareils aujourd’hui épars et de faire revivre un certain enthousiasme militant.
Marine Le Pen y a vu – à juste titre, d’ailleurs, de son point de vue – un danger pour sa stratégie de normalisation médiatique : car on est moins libre de sa parole lorsqu’on a autour de soi un grand nombre d’hommes et de femmes engagés que lorsqu’on est seul. D’où la multiplication des propos blessants vis-à-vis de ceux qui étaient prêts à se rallier et une attitude générale souvent méprisante vis-à-vis des cadres et élus du Front national.
Ces choix et ces comportements ont finalement été lourds de conséquence :
– d’abord parce qu’ils ont conduit à aller toujours plus loin dans le sens d’un discours qui plaisait davantage aux élites des salles de rédaction que dans les profondeurs de l’opinion. Ce qui a fini par être perçu par certains électeurs ;
– ensuite parce qu’ils ont contribué à décourager les bonnes volontés qui auraient pu relayer la campagne lepéniste sur le terrain traditionnel mais aussi et surtout sur Internet. Or, dans une campagne marquée par l’incertitude, ce sont les actions individuelles des convaincus auprès de leurs parents ou amis qui font basculer les indécis.
e) cinquième erreur stratégique : le faible intérêt porté aux nouvelles technologies
Internet, vecteur nouveau et fort, est loin d’avoir pris dans la campagne de Jean-Marie Le Pen la même ampleur que dans celle de Ségolène Royal (qui a beaucoup misé sur son blog desirdavenir.org et sur ses bloggeurs) ou de Nicolas Sarkozy (qui n’a pas hésité à faire harceler les internautes de messages en sa faveur).
Dans « Le Monde » du 28 avril, un intéressant article dénombre la présence des noms des candidats dans les flux d’information Internet et les blogs : c’est Sarkozy qui arrive en tête, avec 30,16%, suivi de Royal avec 24,85%, puis de Bayrou avec 20,45% ; Le Pen arrive loin derrière avec 7,83%, ce qui, contrairement à ses grands concurrents, est nettement inférieur à sa marque finale.
Cette faiblesse de la campagne Internet de Jean-Marie Le Pen s’explique doublement.
D’abord, les pesanteurs sociologiques et administratives du Front national, comme les intérêts des grands barons chargés des grandes manifestations et de la propagande, ont conduit à effectuer des arbitrages financiers davantage en faveur des méthodes habituelles que des méthodes nouvelles. L’usage du mèlbombing ou de youtube a donc été marginal. Par ailleurs, et c’est sans doute là l’essentiel : Internet est un outil décentralisé et militant animé par des faiseurs d’opinion qui n’agissent que s’ils sont motivés. Or la centralisation médiatique de la campagne était plutôt démobilisante, alors même que le choix des thèmes et des symboles mis en avant ne pouvait que susciter le trouble dans les rangs des bloggeurs nationaux ou identitaires. La directrice stratégique, Marine Le Pen, qui a déjà enregistré un score très médiocre aux élections régionales d’Ile-de-France en 2004, ignorait manifestement que la première règle d’une élection, surtout au premier tour, c’est d’abord la mobilisation de ses partisans !
4. Le Front national : du phare à la sirène ?
L’échec de Jean-Marie Le Pen va rouvrir les spéculations sur sa succession. Aux yeux des médias qui influencent l’opinion, la cause paraît entendue : Marine Le Pen aurait fait mieux que son père. Or c’est un paradoxe, car c’est justement sa stratégie, suivie de bout en bout, qui explique le calamiteux résultat obtenu. Encore convient-il de noter que, indépendamment des stratégies suivies par les candidats, il y a une grande inertie des phénomènes, politiques et électoraux. C’est pour cela que le score n’est pas encore pire que celui finalement observé : le poids et la vitesse acquise dans les élections antérieures expliquent que le candidat du FN soit parvenu à rester au-dessus de la barre des 10%. Malgré les fautes stratégiques de sa fille, l’hystérésis électorale a joué en faveur de Jean-Marie Le Pen.
Quoi qu’il en soit, dans le casting médiatico‑politique de demain l’établissement dirigeant a déjà dévolu à Marine Le Pen son rôle : faire progresser l’idéologie dominante dans le secteur de l’opinion qui lui est resté le plus rétif.
Avec ses qualités et ses défauts, avec son tempérament, Jean-Marie Le Pen a longtemps joué sur la partie la plus nationale de l’opinion, et même au-delà, le rôle d’un phare : pôle de référence pour les uns, source d’éclairage pour les autres. Au point que chacun, même parmi ses adversaires, reconnaît aujourd’hui, comme Laurent Fabius il y a plus de vingt ans, qu’il a posé de « vrais problèmes ».
Aujourd’hui sa fille Marine est en passe de lui ravir la vedette : elle plaît beaucoup… à ceux qui ne votent pas Front national et qui vont l’aider à jouer le rôle pour lequel ils la destinent : celui de la sirène dont la petite musique trompeuse précipite les marins sur les récifs.
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