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Le mirage de la menace russe

Le mirage de la menace russe

par | 11 août 2014 | Géopolitique

Le mirage de la menace russe

Dans un article consacré à la vente des bateaux Mistral par la France à la Russie, madame Isabelle Lasserre écrit dans Le Figaro du 5 août 2014 : « La Russie de Vladimir Poutine fait peser une menace sur la sécurité en Europe ».

Quelle menace ? Elle est bien incapable de le dire mais elle évoque la possibilité de l’utilisation du Mistral pour « attaquer depuis la mer Noire, un partenaire de l’OTAN » ! Concrètement, pour cette journaliste la Russie serait censée attaquer la Roumanie, la Bulgarie ou la Turquie, pays avec lesquels la Russie a pourtant des relations diplomatiques tout à fait normales.

Pourtant, un pays de l’OTAN, la Turquie, a bien attaqué un petit pays neutre qui est aujourd’hui membre de l’Union européenne, Chypre : 40.000 soldats turcs ont envahi ce pays en 1974. 200.000 Chypriotes grecs ont dû quitter leur patrie et se réfugier en zone grecque. La Turquie a envoyé des colons pour repeupler l’île. Depuis, la situation est inchangée et personne ne dit rien.

Actuellement, devant l’assaut de l’armée ukrainienne contre les fédéralistes ukrainiens de l’Est, 500.000 réfugiés selon l’ONU se sont réfugiés en Russie. Mais cette agression laisse la presse occidentale de marbre.

On devrait pourtant s’interroger sur la direction que prennent les réfugiés : ceux-ci ne vont pas vers le pays menaçant, que l’on sache !

On va nous dire que la Russie a annexé la Crimée comme le souhaitaient les habitants de la presqu’île et sans qu’il y ait eu de victimes. Or changer une frontière serait inadmissible même si c’est pour appliquer le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mais alors, la disparition de la frontière entre les deux Allemagne, sans référendum, n’est-elle pas analogue au cas de la Crimée ? La Crimée a été rattachée de force à l’Ukraine en 1954 par la dictature de Khrouchtchev : j’ignorais que l’Occident attachait une telle importance à une frontière tracée par le pouvoir soviétique à l’intérieur de l’URSS sans consulter personne.

Pire encore, la Pologne est condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour avoir accepté des camps secrets de la CIA sur son territoire où l’on torture des gens : ce n’est pas un viol des « valeurs » prétendument menacées par la Russie ? Et quand les services secrets américains nous espionnent jusqu’à écouter le téléphone de la chancelière allemande Angela Merkel, ce n’est pas une menace, voire une forme d’agression ?

L’opinion mondiale ne se trompe pas : un sondage Gallup relaté par Le Monde en janvier dernier a posé la question : « D’après vous, quel pays représente la plus grande menace pour la paix mondiale ? » La question a été posée à un énorme échantillon de 66.806 personnes de 65 pays. Pour 24%, les États-Unis sont la première menace, pour 8% c’est le Pakistan, pour 6% la Chine, pour 5% l’Afghanistan et 5% pour l’Iran. La Russie ne figure pas du tout dans les premiers pays considérés comme « menaçants ».

Certains journalistes vivent dans une bulle idéologique qui les isole du monde extérieur, ou bien ils savent ce qu’il en est mais préfèrent se consacrer à la propagande antirusse pour satisfaire des commanditaires d’outre-Atlantique. La réalité ressentie par beaucoup de peuples est qu’il n’y a pas de menace russe mais une réelle menace américaine, pays qui déclenche à volonté des guerres un peu partout dans le monde.

 Ivan Blot
06/08/2014

Ivan Blot

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