J’ai déjà dit, dans les colonnes de Polémia, tout le mal que je pensais du dernier livre de Michel Onfray Cosmos, pour une anthologie matérialiste. Mais son auteur fait maintenant l’objet d’attaques injustes. Si l’État islamique a pu reprendre de façon captieuse, pour les besoins de sa propagande, la critique de M. Onfray contre les bombardements français en Irak et en Syrie (*), il faut cependant souligner quelques évidences.
Les commentateurs répètent en chœur derrière le président Hollande qu’avec les abjects attentats du vendredi 13, « Daech » nous a déclaré la guerre. Or, c’est bel et bien la République française qui, en vassal empressé des Etats-Unis, participe depuis des mois à des bombardements contre des objectifs, souvent urbains, désignés par les Américains. Comment peut-on faire confiance à ces champions du monde du bombardement terroriste, qui nous avaient pourtant bien menti sur les armes de destruction massive irakiennes en 2003 ? Leur force : on les croit toujours ! Depuis 1945, ils procèdent du bien…
Il faut rappeler que l’islamisme guerrier actuel a été produit par des Occidentaux, la République y ayant elle-même participé en 1990 (première guerre d’Irak), avec Mitterrand, et surtout en détruisant la Libye, avec la paire humaniste Sarkozy/BHL.
Vive Bachar el-Assad ?
Hé non, il ne fallait pas détruire les régimes arabes profanes, car un pays comme la France, qui n’a pas les mêmes intérêts que l’Etat d’Israël – n’en déplaise à Laurent Fabius – ne pouvait y trouver le moindre avantage.
Certes, on ne peut pas accepter qu’un régime anarcho-théocratique, tel que l’Etat islamique, parvienne à s’établir sur les côtes méditerranéennes, mais il est imprudent de se fier en aveugles aux principaux responsables du chaos au Moyen-Orient. La solution la plus raisonnable est de soutenir enfin le régime laïc syrien, détesté pour sa modernité. Nous aurions dû même précéder les Russes et sortir à ce jeu des Américains sur un fond de compromissions douteuses avec l’islamisme turc, le despotisme saoudien et le Katar (Qatar en anglais) qui pue la corruption.
Mais cela ne peut pas néanmoins nous mettre à l’abri du front intérieur et des attentats sur notre sol. En s’opposant à l’Etat islamique, même à bon escient, nous permettons à celui-ci de recruter chez nous sa cinquième colonne.
Danger du second front
En raison de l’immigration massive qu’a connue la France depuis Giscard d’Estaing, un engagement militaire en pays arabe et musulman est devenu à haut risque pour notre sécurité intérieure. Du temps de nos aventures coloniales, la France était ethniquement homogène. « Nous [étions] quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne », selon le propos de De Gaulle (1959) tant reproché à Nadine Morano par les soi-disant héritiers du Général.
Aujourd’hui notre politique au Moyen-Orient est devenue à haut risque pour notre société de plus en plus libanisée car de plus en plus peuplée de Français de papier peu enclins à s’assimiler.
Les récents attentats ont fait dire à certains qu’il fallait rétablir le service national… Mais, compte tenu de la pyramide des âges, avec 30% de musulmans dans les rangs de l’armée, ils déchanteraient très vite.
Tous les musulmans en France ne rallieront pas tel ou tel parti islamiste, mais, par la force des choses, c’est en son sein que se trouve la cinquième colonne.
Je préfère une idée juste de Michel Onfray à une politique incohérente de François Hollande.
Éric Delcroix
26/11/2015
Note de la rédaction
* « Le philosophe Michel Onfray ne publiera pas en France son essai critique sur l’Islam.… Le groupe État islamique a utilisé les propos du philosophe dans une vidéo de propagande. » Source : lefigaro.fr
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