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Le Grand Malaise : Quo vadis Francisco ? (« Eglise et Immigration / Le Grand Malaise », de Laurent Dandrieu)

Le Grand Malaise : Quo vadis Francisco ? (« Eglise et Immigration / Le Grand Malaise », de Laurent Dandrieu)

par | 15 février 2017 | Médiathèque

Le Grand Malaise : Quo vadis Francisco ? (« Eglise et Immigration / Le Grand Malaise », de Laurent Dandrieu)

Camille Galic, journaliste

♦ Laurent Dandrieu a raison de pointer, dans son livre Eglise et immigration / Le Grand Malaise, les « trois erreurs politiques historiques » de la papauté que furent le ralliement de Léon XIII incitant en 1892 les fidèles français à devenir de bons et loyaux sujets de la République (maçonnique), la condamnation de L’Action française par Pie XI en 1926 et l’abandon par le même des Cristeros mexicains en 1929 – alors qu’il avait institué quatre ans plus tôt le règne du Christ-Roi.

La quatrième erreur historique et politique fut, après la Seconde Guerre mondiale, la primauté accordée à « l’Eglise des pauvres », celle-ci, s’incarnant de plus en plus nettement dans les colonisés puis les immigrés – souvent les mêmes, du reste – au point que, « de Lépante à Lesbos », où le pape François se précipita pour ramener à Rome des migrants tous musulmans, cette dérive suicidaire inquiète de plus en plus de catholiques.


« Je dois d’abord la charité à ma famille et à mes compatriotes ; je ne vois pas ce qui, spirituellement, m’interdit de développer mes idées et je suis, comme beaucoup de chrétiens, désarçonnée par les initiatives du Pape François, avec des choses contradictoires dans les discours et les gestes. Le pape est un guide spirituel. Je ne suis pas sûre qu’il soit là pour faire de la politique », déclarait Marion Maréchal-Le Pen le 9 février sur la chaîne KTO. La jeune élue du Vaucluse traduisait ainsi le « grand malaise » qui s’est instauré entre Rome et la catholicité, surtout depuis la crise des migrants que, tout en se défendant de « vilipender l’Eglise », Laurent Dandrieu, dont les termes sont en effet toujours mesurés, a magistralement analysé dans son livre déjà largement commenté sur notre site (1) (2).

Le mépris des victimes

Il faut dire que le pape François y va très fort quand, le 8 juillet 2013 à Lampedusa, il serre sur son cœur ses « chers immigrés musulmans qui commencent, ce soir, le jeûne du Ramadan » et qu’il les assure de son « affection », face aux « odieuses généralisations » dont ils sont la cible, alors que « le véritable islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence ».

François Fillon à RTL le 23-10-2016

François Fillon à RTL le 23-10-2016

D’ailleurs, les autorités coraniques « cherchent la paix, le dialogue », soutiendra-t-il encore à l’issue d’une rencontre avec l’imam de l’Université Al-Azhar du Caire, qui, lui, s’est bien gardé de dialoguer, laissant soliloquer son illustre visiteur. Ce dernier accorde évidemment le bénéfice de sa vision irénique de l’islam à l’ensemble des migrants présents et futurs, les fameux réfugiés climatiques dont le déferlement est annoncé. Car « le chrétien laisse venir tout le monde », répétait-il lors de l’audience pontificale du 22 juin 2016, y compris si, dans ces hordes innombrables, se sont glissés des terroristes.

Mais quoi, rétorque fin juillet le pape, « je n’aime pas parler de violence islamique car tous les jours, quand je feuillette les journaux, je vois des violences, ici, en Italie : celui-ci qui tue sa fiancée, un autre qui tue sa belle-mère… Et il s’agit de catholiques baptisés… Si je devais parler de violence islamique, je devrais également parler de violence catholique. »

De la part de celui qui s’avoue un po’ furbo (un peu rusé), la démonstration est imparable.et totalement spécieuse. « Padamalgam ! » a-t-on envie de s’exclamer. Cette démonstration est de plus méprisante à l’égard des victimes de l’attentat commis quelques jours plus tôt par un immigré tunisien à Nice, où il fit 86 morts et un demi-millier de blessés, et à l’égard de Jacques Hamel, prêtre octogénaire décapité par deux Français de papiers le 26 juillet 2016 dans son église de Saint-Etienne-de-Rouvray, alors qu’il célébrait la messe.

Le ver dans le fruit avant même Vatican II : le Prado allié du FLN

Si le premier pontife non originaire d’Europe ou du Bassin méditerranéen assigne clairement à l’Europe, dût-elle en crever, le rôle de déversoir de toute la misère du monde, il n’est pas le premier sur le trône de Pierre à anathémiser notre « égoïsme ».

Laurent Dandrieu cite des textes accablants de ses prédécesseurs Jean XXIII, Paul VI, Jean Paul II et Benoît XVI, en datant ce retournement du concile Vatican II, bien que Pie XII ait amorcé la pompe aspirante dès 1952. A ceci près que, même si les déplacements de populations avaient été considérables en Inde après l’éclatement du Raj britannique et la fondation du Pakistan, Pie XII se préoccupait avant tout des millions d’exilés européens ayant fui l’avance de l’Armée rouge, de la reconfiguration de l’Europe orientale dans des frontières totalement modifiées et de l’instauration de sanguinaires régimes communistes – tel celui de la fanatique Ana Pauker, née Hannah Rabinsohn et que Time magazine présenta en 1948 comme « la femme la plus puissante d’aujourd’hui », qui, bien avant Ceausescu, transforma la Roumanie en univers concentrationnaire.

Comme on l’a vu en début de cet article, le ver était depuis plus longtemps dans le fruit. Laurent Dandrieu a raison de pointer les « trois erreurs politiques historiques » d’une papauté toujours plus tentée par le modernisme que furent le ralliement de Léon XIII incitant en 1892 les fidèles français à devenir de bons et loyaux sujets de la République (maçonnique), la condamnation de L’Action française par Pie XI en 1926 et l’abandon par le même des Cristeros mexicains en 1929 – alors qu’il avait institué quatre ans plus tôt le règne du Christ-Roi. La quatrième erreur historique et politique fut, après la Seconde Guerre mondiale, la primauté accordée à « l’Eglise des pauvres », celle-ci s’incarnant dans les colonisés puis les immigrés (souvent les mêmes, du reste).

Cela explique la bienveillance de Rome envers la très activiste communauté lyonnaise des prêtres du Prado, dont l’un des fleurons fut le Père Albert Carteron (1912-1992), célébré sous son nom de guerre Robert Carlier par le site algérien Djezairess et que le musée du diocèse de Lyon présente très flatteusement :

 « En 1948, il est nommé à la paroisse du Saint-Sacrement à Lyon. Dans le quartier vivent environ 3.000 travailleurs algériens […]. Les prêtres de la paroisse décident de leur venir en aide. […] En 1950, le cardinal Gerlier lui demande de se pencher sur les problèmes d’accueil des 30.000 travailleurs nord-africains du diocèse. Il obtient pour ce faire deux années de formation et part en Algérie apprendre l’arabe et partager la vie des Algériens en travaillant dans une entreprise de nettoyage. En 1952 il est expulsé par les autorités françaises qui le jugent trop proche des Algériens et revient à Lyon. Il se donne alors un double objectif : informer l’Eglise (évêques, prêtres, laïcs) de la situation concrète des émigrés, en restant proche d’eux, et susciter des liens de fraternité entre ces émigrés sans débattre de leurs options religieuses ou politiques (intégration ou assimilation, FLN ou MNA, etc.). Il partage avec deux autres prêtres envoyés comme lui en mission auprès des populations émigrées […] un appartement rue Villeroy qui devient un lieu où se rencontrent séminaristes, travailleurs algériens, prêtres, laïcs chrétiens […] En 1958 il constitue un dossier sur des faits de torture à l’encontre de détenus algériens […]. Il obtient du Prado qu’une chambre du Noviciat de Saint-Fons (chambre 22) soit affectée à cette activité. Après l’arrestation en octobre 1958 de membres de ce groupe, il quitte clandestinement Lyon pour ne pas être à son tour arrêté et “questionné” jusqu’à livrer des noms. C’est ce qu’on nomme “l’affaire du Prado”. Ses amis algériens le surnomment “El-bi’r”, c’est-à-dire “le puits”, qui garde enfouis les secrets. »

Les métastases du Prado ont infecté toute l’Eglise de France. En Algérie, des terroristes FLN trouvèrent refuge dans certains monastères de Pères blancs avec l’aval du futur cardinal Duval nommé par Pie XII archevêque d’Alger en 1954 (et qui devait prendre en 1962 la nationalité algérienne) ; et le fameux « curé des Minguettes » Christian Delorme, participant vedette de la « marche des Beurs » en 1983, expliquait sans détours, le 12 janvier 2007, les raisons de son engagement :

« Les interventions musclées des forces de l’ordre et les arrestations de jeunes travailleurs algériens d’emblée suspects ont marqué pour toujours ma sensibilité adolescente. Dans le même temps, […] je découvrais Martin Luther King qui guidait les Noirs américains dans leur lutte non violente pour les droits civiques. Je rencontrais aussi dans ma paroisse Saint-André des prêtres du Prado que je devinais solidaires de la lutte pour l’indépendance des Algériens, et surtout qui véhiculaient un message de paix et de fraternité. […] J’ai voulu rester fidèle au message de Martin Luther King et de Gandhi… Après le Christ, Martin Luther King et Gandhi sont devenus, dès mon adolescence, les phares de ma vie… Dès l’enfance, le Maghrébin a représenté pour moi la figure du bafoué, de l’opprimé, du banni, de l’exclu dont parle l’Evangile… C’est mon héritage pradosien. »

 Les catholiques face à « l’absolutisme de l’Accueil »

Ethnomasochisme et « vertus chrétiennes devenues folles » au point de basculer dans l’apostasie… Qu’on ne s’étonne donc pas si, comme l’écrit Laurent Dandrieu, « à la Vieille Europe, autrefois forteresse de la Chrétienté, passée par pertes et profits, l’Eglise oppose désormais l’immigration conçue comme une voie nécessaire pour l’édification d’un monde réconcilié » (Jean Paul II), « une préfiguration anticipée de la Cité sans frontières de Dieu » (Benoît XVI), voire « une nouvelle humanité pour laquelle toute terre étrangère est une patrie et toute patrie une terre étrangère » (François) ».

Une différence toutefois entre les papes polonais et allemand et leur successeur argentin. Tout en exposant nos pays à l’invasion, les deux premiers reconnaissaient la grandeur et l’unicité de la civilisation européenne et les droits des indigènes que nous sommes à préserver leurs racines helléno-chrétiennes comme leur patrie. Jean Paul II conseillait aux immigrés de « ne pas se laisser assimiler » et il considérait que « l’appartenance à la famille humaine confère à toute personne une sorte de citoyenneté mondiale », d’où la nécessaire « condamnation du racisme », mais il admit en 1979 – à Varsovie il est vrai – qu’ « on ne peut comprendre l’homme en dehors de cette communauté qu’est la nation », « la plus importante pour l’histoire spirituelle de l’homme ». Ce qui signifie que « la paix et le rapprochement entre les peuples ne peuvent se construire que sur le principe du respect des droits objectifs de la nation ». Quant à Benoît XVI, sa conférence de Ratisbonne tant décriée est largement une défense et illustration de notre civilisation qu’il place tacitement « über alles ».

Rien de semblable avec Jorge Bergoglio, pourtant d’origine italienne mais venu d’un pays du Cône Sud (3) à l’histoire certes agitée, mais peuplé très majoritairement d’Européens et donc épargné par les affrontements raciaux découlant des melting-pots que sont les Etats-Unis ou le Brésil. D’où sa détermination à nous faire accepter la submersion par des allogènes, essentiellement musulmans, qu’il n’est d’ailleurs pas question d’évangéliser puisque le pape exclut toute conversion.

Comment, devant « « l’absolutisme de l’accueil » à l’Autre sans cesse pratiqué par l’Eglise (voir la mobilisation des évêques de Nice, de Monaco et de Vintimille pour aider les « réfugiés de Vintimille »), les catholiques ne se sentiraient-ils pas négligés, voire trahis ? Et d’autant plus que l’Autre, qu’il leur est intimé de secourir, héberger et combler d’aides sociales au détriment de nos huit millions de pauvres, n’est pas obligatoirement le bon sauvage cher à Rousseau. En effet, l’accélération des migrations a entraîné l’explosion des crimes et délits commis par des allogènes comme le montre Laurent Dandrieu qui cite des chiffres éclairants puisés à la source la plus officielle, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales : en France, la part des étrangers auteurs de vols avec violence a augmenté de 75% entre 2008 et 2013 et 30% des homicides commis à Paris et dans la petite couronne sont le fait d’individus de nationalité étrangère.

Aussi le fossé se creuse-t-il entre Rome et les fidèles, sans que le pape, conforté par son succès médiatique, semble s’en émouvoir. Comme il le confiait le 9 février au Corriere della Sera, sa « paix intérieure » est totale et il « dort bien, toujours six heures » par nuit sans anxiolytiques. Sa recette : « Pour vivre en paix, il faut une certaine dose de je-m’en-foutisme ».

Il se pourrait tout de même que le poignant cri d’alarme de Laurent Dandrieu et le débat que le livre de celui-ci a suscité en France comme à l’étranger tirent le pontife de Rome de son nirvana et le ramènent à la réalité. C’est toute la grâce que l’on peut souhaiter à notre malheureux continent.

Camille Galic
14/02/2017

Laurent Dandrieu, Eglise et Immigration / Le Grand Malaise, Presse de la Renaissance, 12 janvier 2017, 288 pages.

Notes :

(1) https://www.polemia.com/eglise-et-immigration-le-grand-malaise-le-pape-et-le-suicide-de-la-civilisation-europeenne-de-laurent-dandrieu/
(2) https://www.polemia.com/le-pape-et-le-suicide-de-la-civilisation-europeenne-sous-titre-de-eglise-et-immigration-le-grand-malaise-de-laurent-dandrieu/
(3) Le cône Sud (cono Sur en espagnol ; cone Sul en portugais) est une expression apparue dans les années 1960 et qui désigne la zone d’Amérique du Sud la plus australe du continent.

Correspondance Polémia – 15/02/2017

Image : 1re de couverture

Camille Galic

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