Par Laurence Maugest, essayiste ♦ Nous avons pu noter que la mort de Samuel Paty a été considérablement plus médiatisée que le triple assassinat de la basilique de Nice. On peut légitimement s’interroger sur les raisons d’une telle différence de traitement.
Le prestige « du professeur » mais pas seulement
Même si l’enseignant a perdu de son prestige depuis l’époque où l’instituteur, le médecin et le curé faisaient office de maîtres éclairés dans les villes et les villages de France, il garde une certaine influence, malheureusement davantage liée à son rôle « d’éducateur » qu’à celui d’érudit.
Les tristes raisons de la décapitation de Samuel Paty en témoignent. Ce n’est pas pour avoir fait un cours d’histoire ou de géographie que cet homme a été lâchement assassiné. Non, c’est pour avoir tenté d’inculquer à ses élèves le « droit au blasphème ».
Un droit au blasphème tyrannique
Le droit au blasphème séduit de façon évidente les médias et les responsables politiques. Il est même revendiqué au plus haut niveau de l’état au risque d’aiguiser l’agressivité des populations musulmanes à travers le monde qui n’ont certes pas besoin de cela.
Un regard ironique, jusqu’à la caricature, posé sur des éléments essentiels de notre société est parfaitement légitime. Nous pouvons même admettre qu’il s’agit là d’une preuve de la bonne santé démocratique de notre pays, qui en d’autres époques a toujours connu des coups de crayons féroces (Marie-Antoinette, Louis-Philippe, etc. en ont subi les conséquences).
Cependant, nous constatons que ce droit au blasphème devient à la fois un étendard, une mode et un signe de reconnaissance. Jusqu’au Président de la République lui-même, qui, en invitant des danseurs à moitié nus à l’Élysée, dénigre la fonction et le lieu présidentiel.
C’est ainsi l’invasion du blasphème par «le haut », relayée par les médias, imprime « l’air du temps ». Il ne s’agit plus véritablement « d’un droit » mais d’une « obligation » au blasphème qui s’attaque aux sphères les plus enracinées et symboliques de notre histoire.
Si le « nouveau monde », dans sa vocation évidente de tourner en dérision les fondements intrinsèques de l’ancien, s’accommode fort du blasphème, ses acteurs politico-médiatiques sont de moins en moins tolérants face à certaines informations et pensées du monde actuel.
Une liberté d’expression bâillonnée
Observons le sort réservé à Eric Zemmour lorsqu’il présente l’origine ethnique de la population carcérale dominante, origine bien connue des personnes informées. Ou encore, l’itinéraire des Identitaires qui subissent des inculpations lorsqu’ils défendent l’identité souveraine de la France alors que les blacks blocs et « les petits jeunes » des banlieues qui souillent, entre autres, l’Arc de Triomphe sont fort peu inquiétés.
Ces exemples sont multiples. Ils nous amènent à constater que le droit au blasphème est bien mieux défendu que la liberté d’expression des personnes qui ne sont pas dans la pensée dominante.
La vision multi culturaliste, libertaire, arc en ciel, est bien mieux protégée que les croyances religieuses. Il semble même que l’encouragement au blasphème serve cette nouvelle religion laïque qui célèbre l’Homme.
Salir Dieu, aucun souci – S’attaquer à l’homme est un sacrilège
Depuis la mort du professeur Samuel Paty, c’est véritablement un hommage au blasphème que nous avons entendu. Charlie Hebdo a encore été encensé pour son œuvre lorsque celle-ci s’évertue à trainer dans la fange Mahomet mais encore Dieu, Jésus, Moïse … L’ensemble du panthéon des hommes.
Le sacré peut être démoli mais il est interdit de s’en prendre à celui-ci lorsqu’il « s’humanise » dans des comportements ou des rituels ; on peut railler Mahomet mais il est banni, par exemple, d’ironiser une femme en burqa.
Voilà le véritable sacrilège car ce qui est définitivement « sacré », pour ceux qui détiennent le pouvoir d’endoctriner la société, c’est l’Homme.
Le droit de blasphémer s’arrête à la nouvelle religion antiraciste
Salir Dieu, aucun souci – S’attaquer aux chrétiens, aucun souci aussi
Il y a une exception de taille dans cette balance entre l’apologie du blasphème et la tolérance envers certains signes religieux (le voile par exemple). En effet, on peut constater que les humoristes ne s’arrêtent pas à ridiculiser Dieu ou Jésus à la une de Charlie Hebdo, sur des scènes de théâtre où sur les ondes mais ils ironisent aussi à cœur joie les chrétiens et leurs rites (*) sans craindre les condamnations de la bien-pensance, qui protège les musulmans.
Lorsque l’on quitte le champ humoristique pour celui de la violence, cela s’aggrave encore. L’Observatoire de la christianophobie (*) (*) témoigne tous les jours du silence qui accompagne les violations d’églises et de cimetières. Il semble que lorsque « ces attaques » touchent les chrétiens, les médias et la société réagissent peu ou pas du tout. Ce qui signifie que le chrétien ne profite pas autant que d’autres « du culte de l’individu » propre à notre société.
Les chrétiens d’Orient le savent bien ainsi que les proches de ces trois personnes tuées dans l’église de Nice. Ce triple meurtre odieux a eu des retentissements politiques et médiatiques bien moindre, nous l’avons vu, que le meurtre du professeur qui lui défendait le droit au blasphème du sacré car celui-ci est une composante importante de la religion du temps : la désacralisation – la négation de la transcendance.
Du vide de sens à la dictature
Il semblerait que nous sommes dans la suite logique de l’obsession révolutionnaire qui fut de faire « table rase du passé » certes, mais aussi de faire mainmise sur l’avenir en tenant le peuple par des mesures liberticides qui allèrent jusqu’à la terreur.
Nous en sommes bien là, entre un droit au blasphème tyrannique qui fragilise les fondamentaux de notre passé et l’amenuisement de notre liberté d’expression (*) (*) (*) déterminante pour notre présent et notre futur.
Si notre société était encore forte de croyances existentielles, bien au-dessus des hommes, il est probable que le blasphème serait marginal et se régulerait naturellement.
Dans le domaine de la liberté d’expression, une lourde inquiétude s’impose. En effet, le vide eschatologique de la nouvelle religion basée sur les tables de la loi des droits de l’Homme, entraine sa solitude spirituelle source de peur et d’atonie propices aux dictatures de la pensée.
La peur est le meilleur des despotes, la peur asservie les foules, nos gouvernants l’ont bien compris, ils se dépassent actuellement en l’utilisant à fond à travers les astreintes absurdes liées au coronavirus.
Laurence Maugest
01/12/2020
(*) Yann Barthès est en cela inépuisable https://www.tf1.fr/tmc/quotidien-avec-yann-barthes/videos/mardi-canap-le-quiz-du-chretien-en-marche-de-kto-nous-avait-manque-89915701.html
(*)(*)https://www.christianophobie.fr/
(*) (*) (*) La loi Avia ou consort prête à surgir