« Dans la presse subventionnée et les gros médias audiovisuels, nous avons affaire non pas à des médias d’information, mais à des médias de propagande ».
Bobards d’Or, Polémia, 10/03/2015
En guise de « service public » (payé par nos impôts), France 5 s’est livrée mardi soir à une véritable opération de propagande européiste.
France 5 a diffusé mardi dernier [17 février 2015] un « docu-fiction » intitulé « Bye-bye l’euro », imaginant les conséquences de la fin de la monnaie unique. La réalisatrice présente ce reportage comme une contribution au débat démocratique : « [Nous] considérons qu’il est important que les citoyens soient informés. C’est vraiment une mission du service public » (source : france5.fr).
Mais, loin d’être nuancé et contradictoire, « Bye-bye l’euro » est un documentaire partisan, ouvertement hostile à la fin de la monnaie unique.
Un seul scénario est présenté au téléspectateur : une catastrophe économique et sociale sans précédent.
Cette émission militante reprend à son compte tous les clichés éculés sur la fin de l’euro : fuite des capitaux et des entreprises, augmentation des taux d’intérêts, isolement diplomatique de la France, effondrement du pouvoir d’achat, inflation incontrôlée, crise du financement de l’État, austérité…
Pour accréditer cette vision apocalyptique, un panel de personnalités européistes se prêtent au jeu et expliquent les mécanismes du désastre à venir. Par exemple, Jacques Attali affirme que la fin de l’euro serait une « absurdité, un suicide, une déchéance absolue ».
Rappelons que cet expert nous avait annoncé en 1997 que la monnaie unique serait « une chance pour la France » et un gage de « gestion saine des finances publiques » (source : le Monde Économie, 28 octobre 1997).
Michel-Édouard Leclerc va plus loin, en mentant ouvertement à propos des prix du carburant : il affirme, de manière éhontée, qu’une dévaluation du franc de 20 % entraînerait une augmentation équivalente des prix à la pompe (ce qui est totalement faux car les prix des carburants dépendent à 85 % des taxes et non du coût du pétrole).
Face à cette déferlante d’arguments plus ou moins mensongers, le documentaire ne laisse presque aucune place aux partisans des monnaies nationales.
Nicolas Dupont-Aignan fait une apparition furtive et Jacques Sapir se retrouve isolé parmi une dizaine d’autres experts (tous européistes convaincus).
Ce parti pris évident rappelle le « docu-fiction » diffusé en février 2012 par M6 sur le même sujet. D’ailleurs, les aspects positifs d’une restauration du franc sont systématiquement minimisés. La relance du tourisme est le seul avantage que le reportage souligne dans son scénario catastrophe.
En guise de « service public » (payé par nos impôts), France 5 s’est donc livrée mardi soir à une véritable opération de propagande européiste. L’objectif n’est évidemment pas de permettre le débat, mais au contraire de l’éviter par un reportage anxiogène.
Cette fiction vient occuper l’espace médiatique car la réalité est trop gênante pour les partisans de l’intégration européenne. En effet, l’euro est un échec économique majeur ; il n’a tenu aucune de ses promesses (voir l’article de 1997 cité ci-dessus) : la croissance et l’emploi sont au point mort, la divergence des économies de la zone s’est aggravée, la gestion des finances publiques s’est avérée une gabegie.
Pour masquer le bilan calamiteux et bien réel de l’Union européenne, le système médiatique tente d’hystériser le débat en suscitant la peur dans l’opinion publique. Il ne s’agit plus de vendre « l’Europe sociale » ou « l’Europe qui protège », mais de terroriser les peuples en leur annonçant une catastrophe parfaitement imaginaire. Les médias britanniques multiplient ce type de fiction à propos d’une éventuelle victoire de UKIP aux élections de mars prochain. En somme, quand la réalité dérange, le docu-fiction permet de recadrer les mauvais citoyens en leur inculquant une peur panique du changement.
Gilles Ardinat
Source : Boulevard Voltaire
Février 2015
Gilles Ardinat, professeur agrégé et docteur en géographie, enseigne aux lycées Henri IV (classes préparatoires) et Jean Moulin de Béziers ainsi qu’à l’université Paul Valéry de Montpellier.