« Et qu’on ne me parle pas de gauchisme ! »
Au risque de choquer, nous produisons aujourd’hui un texte peu orthodoxe, comme nous l’avons déjà fait il y a trois ans et demi, sous le titre Vote d’adhésion. En réalité, l’auteur pousse le lecteur à la réflexion, comme il en a le talent si l’on en croit les nombreux sites non conventionnels qui se partagent ses articles.
Polémia
Bruno Le Maire, le traître satisfait qui se prend pour Hermès, lors de sa prestation devant les pontes de Wall Street a affirmé que son ennemi n’était, bien évidemment, pas « la finance », mais « le chômage ». Cette déclaration se voudrait en accord avec l’une des préoccupations et craintes principales des Français.
Ce n’est pas exact. C’est même totalement faux.
Ce qui « préoccupe » les Français, ce qui les inquiète, les angoisse même, c’est la précarité économique et sociale, pas le « chômage ». La nuance est de taille, car, dans cette optique, le « travail » – le « non-chômage », si l’on veut – n’est qu’un moyen d’éviter cette précarité, ou d’en sortir. Ce n’est aucunement une finalité en soi. Et encore moins un absolu. Or, nos doctes politiques du nouveau gouvernement Macron Ier considèrent quant à eux que, pour faire baisser le chômage, voire atteindre le plein emploi, tous les moyens sont bons, toutes les conditions sont acceptables… D’où les mirifiques réformes qu’ils nous promettent : détricotage du Code du travail, accords d’entreprise permettant des remises en cause du Smic, fin du CDI, « bénévolat » en cas de difficultés, augmentation des horaires sans hausse de salaire…
Or le Français « moyen », avoir un « travail » qui ne lui assure pas un salaire décent, ne lui permet pas de se loger convenablement, lui et sa famille, ni de mener une vie digne et correcte, il s’en contrefout ! Et il a bien raison. Le « plein emploi » au prix de la multiplication des contrats précaires, des salaires misérables, des situations instables et des mini-« jobs » cumulés, cela n’intéresse personne ! A part les exploiteurs capitalistes, bien entendu.
Contrairement à ce que l’oligarchie voudrait à toute force nous faire croire, agitant le spectre des « parasites » qui refuseraient l’honneur et l’avantage de « travailler » – pour que l’on soit « déjà bien content d’avoir un boulot » et que l’on ferme bien nos gueules sur les conditions de celui-ci –, le travail n’est pas une valeur en soi. Comme le rappelle avec justesse Alain de Benoist :
« Il n’y a strictement rien de “moral” à travailler (c’est même l’idée inverse qui a prévalu pendant des siècles), le travail ne se confond pas avec l’activité. Très peu de gens aspirent à ne rien faire, mais beaucoup aimeraient faire autre chose que ce qu’ils sont obligés de faire. »
La politique du « travail à tout prix » est une aberration qui n’a d’autre objectif que de précariser (et donc de soumettre) un peu plus les salariés, pour le plus grand profit de patrons du Medef et de leurs actionnaires. Le « travail » n’a de sens que s’il permet, matériellement et spirituellement, une vie « bonne », s’il a une utilité et un profit à la fois pour la personne qui le met en œuvre et pour son environnement social et sociétal. En dehors de cela, tout n’est que phraséologie de néo-négriers qui rêvent d’une population d’employés intérimaires perpétuels, anonymes et interchangeables, pions économiques sans identité, étranglés par des salaires misérables, écrasés par le « crédit » qui en est le diabolique corollaire et n’ayant d’autres ambitions et espoirs dans la vie que de parvenir à « boucler les fins de mois ».
Source : A moy que chault
04/07/2017