Voici un document clé, écrit voilà 30 ans, émanant du Club de l’Horloge.
♦ C’est l’intégrale du chapitre 3 de l’ouvrage La préférence nationale : réponse à l’immigration consacré au « Choc de l’Islam ». Il a été publié en 1985 : c’est tout son intérêt. Car il montre que les dangers de l’islamisation dans les mœurs comme le risque terroriste étaient discernables – et discernés – il y a trente ans. Et que la situation actuelle n’est pas le fruit du malheur des temps mais l’expression logique d’un islam conquérant.
Le texte – écrit il y a plus de 30 ans – exprime aussi son grand scepticisme quant à la possibilité d’assimilation des populations musulmanes. Aujourd’hui les faits sont là : le doute n’est plus permis. Il est urgent d’interrompre tout flux migratoire en provenance des pays musulmans et de bloquer le processus d’islamisation (voile islamique, halal, ramadan, aïd, enseignement scolaire).
De manière prémonitoire le texte de 1985 rappelle que les bons musulmans ne respectent un pouvoir qu’à l’une ou l’autre condition : qu’il leur paraisse légitime (ce qui suppose qu’il soit musulman) ; ou qu’il soit fort. Le temps des courbettes est révolu. L’édition originale du livre est consultable en version numérique :
Polémia
Nul ne peut aujourd’hui ignorer cette réalité inimaginable voici seulement vingt ans : l’Islam est la seconde communauté religieuse en France. Il y a 400 mosquées à Paris, I 000 dans toute la France.
Les combats d’opinion autour de la construction d’édifices religieux démontrent avec clarté les besoins croissants de la communauté musulmane. Pourtant l’absence d’églises et surtout de clergé, tragique pour un catholique, placé alors devant un vide sacramentel, n’est pas aussi redoutable pour un musulman ; elle n’empêche pas la perpétuation et l’extension de la communauté islamique.
L’Ummah, ou communauté des croyants, est une des réalités capitales de l’Islam. Y entrer n’exige que de faire la profession de foi, l’un des piliers de l’Islam, qui tient en deux formules solidaires : « II n’y a pas de divinité en dehors de la divinité » et « Mahomet est l’envoyé de Dieu ». Enonciations d’une clarté et d’une simplicité frappantes. L’Islam attache à l’unité une importance qui ne s’arrête pas à la proclamation de l’unité de Dieu mais trouve son effet dans toutes les manifestations de ce monde. Ainsi, tout chef de famille, puisqu’il est musulman, est l’imam, le prêtre dans sa maison, et sa famille apparaît comme un raccourci de l’Ummah tout entière. L’homme, vicaire – khalifat – et image de Dieu, la famille unie autour du patriarche, la société soumise à l’autorité d’un chef politique et religieux, ne sont que des projections d’une même réalité.
Toutes sont constituées à partir du dogme intransgressable de l’Unité. Dieu ne vient pas sous forme humaine racheter le monde de ses péchés ; il l’aborde dans l’Islam qui se reflète dans le monde et participe de la nature divine. L’Islam est un bloc spirituel, religieux, juridique et social dont rien n’est exclu.
L’Islam au-delà des nations et des Etats
Le musulman, du seul fait qu’il appartient à l’Ummah, ne peut en être détaché. Peu importe le lieu où il vit. L’Islam est partout où il est et où il mène la vie d’un croyant.
Au-delà du fait national, l’Islam peut unir sans distinction d’origine les croyants réunis sur un sol, et ce d’autant mieux que la religion musulmane implique un mode de vie qui peut être vécu partout sans structures d’accueil particulières.
Au-delà du fait étatique, l’Islam peut imposer son appréhension du monde : les chefs d’Etat du monde musulman qui ont tenté de moderniser à l’occidentale leur pays, sans respect suffisant de la tradition islamique, ont été contestés, sinon renversés : l’Iran, la Tunisie, l’Égypte, le Soudan en ont fait l’expérience. Dans certains pays d’Afrique noire comme le Sénégal et le Nigeria, la communauté musulmane qui forme un véritable État dans l’État réclame une islamisation des institutions et de la société, mettant ainsi en péril les libertés des autres communautés religieuses, chrétiennes notamment.
Dans l’Islam, en effet, tout pouvoir vient de Dieu. Dès lors, se dessine une alternative : ou bien le pouvoir politique est un pouvoir légitime, c’est-à-dire régulier d’un point de vue traditionnel ; ou bien, et nous serons en France dans ce cas si nous n’y sommes pas déjà, il se présente sous la forme d’une puissance illégitime, mais irrésistible et contraignante, devant laquelle la communauté se met en sommeil, se soumet, sans reconnaître pour autant sa légitimité jusqu’à ce qu’un changement du rapport des forces manifeste la volonté divine de rendre le pouvoir à ses légitimes détenteurs. En tout cas, un musulman ne peut que mépriser un gouvernement qui ne dispose ni de la légitimité, ni de la force.
« En dehors de la révélation du Prophète, déclare un immigré musulman, il n’y a que mensonges et illusions. Et si je travaille en France, je considère que c’est une traversée du désert dont je n’ai rien à apprendre, ni à attendre… et je le répète, hors de l’Islam, il n’y a rien… Vous, vous avez pu tricher sur la Bible, nous, nous ne tricherons pas sur le Coran. »
Cohérent avec lui-même et sa foi, un musulman ne respectera donc au mieux, dans un Etat laïc et étranger, que la force. Il bâtira par ailleurs sa vie, à partir des très précises indications que lui fournissent le Coran et la Sunna, c’est-à-dire la tradition issue des enseignements du Prophète.
Islam et Occident : deux mondes incompatibles ?
Un musulman peut, s’il le désire, trouver dans sa religion un guide dans presque toutes les circonstances. La Sunna concerne tout, vie morale, sociale, spiritualité, soins d’hygiène. On peut s’arrêter sur les prescriptions qui organisent la vie familiale, dans la mesure où, comme on le sait, les conceptions de l’Islam sont, en la matière, assez étrangères aux nôtres. Elles assujettissent la femme aux privilèges masculins. Les contestations récentes qui ont opposé des Européennes divorcées de musulmans se plaignant de s’être vu enlever leur enfant illustrent bien l’incompatibilité dramatique de deux conceptions différentes. L’attitude des pères s’explique dans une société où la lignée l’emporte sur l’individu, et les droits de l’homme sur ceux de la femme. La tolérance, ici, consiste à ne pas être critique mais à admettre la réalité des différences : « Les hommes, dit la sourate IV du Coran, ont autorité sur les femmes… Celles dont vous craignez l’indocilité, admonestez-les ! Si elles vous obéissent, ne cherchez plus à les contraindre, Allah est auguste et grand. »
Ces simples exemples illustrent les abîmes qui séparent les conceptions et le mode de vie musulmans des nôtres. La bonne volonté ne saurait suffire. On peut bâtir des logements aux immigrés pour rétablir leur environnement, mais une cour intérieure, qui dans le Maghreb est un lieu de vie, ne sera, aux alentours de Clermont-Ferrand, qu’un réceptacle pour les averses six mois l’an. « Pour un Occidental, écrit Gilles Kepel, dans le magazine L’Histoire, imprégné de laïcité ou de notions chrétiennes (rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu), les manifestations contemporaines de l’Islam posent un problème : une religion, une foi font irruption dans le domaine politique et prétendent déposséder les hommes de la gestion de leur société pour la remettre entre les mains de Dieu. D’autant que la volonté de Dieu est exprimée par le Coran, révélée au prophète Mahomet par l’archange Gabriel. Si pour les musulmans, le livre est indépassable et fournit un » système total et complet « , pour les non-musulmans, il ne constitue qu’une prophétie codifiée dans l’Arabie tribale et chamelière du VIIe siècle, c’est-à-dire un texte bien incapable de dire le droit à l’âge des ordinateurs, des missiles et des navettes spatiales. »
La confrontation culturelle évoquée par l’auteur, en admettant qu’elle se fasse dans les meilleures conditions possibles – ce qui est d’ores et déjà exclu -, ne pourra qu’engendrer incompréhension et méfiance dans les gestes du quotidien, là où l’on juge aux actes et non aux intentions. La relation multicommunautaire, on l’oublie trop souvent, n’est pas l’affaire d’intellectuels : elle se vit, et l’actualité nous apprend qu’elle ne se vit pas toujours dans la paix.
Reniement ou société à la carte ?
Parce que l’Islam ne se cantonne pas dans le domaine religieux mais tisse des liens très étroits entre le spirituel et le temporel, l’immigration qui en provient pose des problèmes radicalement nouveaux aux pays d’accueil.
Comme le reconnaissait Pierre Emmanuel dans La France Catholique du 16 septembre 1983 : « Aux yeux d’un gouvernement français laïc, en 1983…, l’intégration des musulmans passe par leur renoncement à la loi coranique « , loi qui aujourd’hui, observera l’auteur, ne saurait s’appliquer dans le cadre de la société française.
L’assimilation de musulmans ne saurait être que particulièrement difficile à conduire et à justifier. L’immigré européen devra apprendre une langue nouvelle, mais les fondements intellectuels et moraux de son univers et de celui où il va vivre ne connaissent que des différences de degré. L’immigré musulman, au contraire, va connaître une désidentification totale. Il deviendra, qu’il appartienne à la première ou à la seconde génération, un complet étranger pour les siens.
Admettons la possibilité de la métamorphose, mais qu’en est-il de sa légitimité, sauf dans le cas de choix individuels nettement exprimés ? Le reste aura lieu sous la pression de besoins immédiats et passagers. Les prétendus avocats des immigrés peuvent-ils considérer ce reniement même inconscient, comme une victoire ?
Ce reniement est-il même envisageable ? Un des quarante hadiths fondamentaux prévoit qu’ « il n’est permis de verser légalement le sang que dans trois cas : celui de l’homme marié qui commet l’adultère, celui de l’assassin qui légalement mérite la mort, celui de l’homme qui renie sa religion et se sépare de sa communauté ». Car l’allégeance à l’Islam ne saurait être interrompue par une conversion : elle est perpétuelle, sauf à s’exposer à la mort.
A contrario, la reconnaissance de l’Islam en France, comme composante du paysage social français, exigerait qu’il soit tenu compte de sa nature et de ses lois particulières. Les premiers Mérovingiens confrontés à une situation de ce genre avaient adopté dans leurs Etats le principe du droit personnel. Il y aurait donc, en France, un droit personnel, lequel serait l’indispensable corollaire de la reconnaissance de l’identité musulmane.
Ce droit applicable aux seuls musulmans (quid des conflits entre musulmans et non-musulmans ?) aurait la particularité d’être en parfaite contradiction avec le droit français issu du droit romain. Mais, imagine-t-on de nos jours une société à la carte où ce qui est crime pour le voisin est acte de piété pour soi ?
A supposer qu’il soit possible de mettre en place cette société multiculturelle, peut-on croire que la situation serait stable ? C’est douteux.
Intégrisme et djihad
« L’Islam dans les conditions normales, écrit Frithjof Schuon , frappe par le caractère inébranlable de sa conviction et la combativité de sa foi ; ces deux aspects complémentaires (sont) représentés l’un par la Kaaba, qui est le centre, et l’autre par l’épée de la guerre sainte, qui marque la périphérie ». Le centre, dans la vie du monde, et sur un certain plan, correspond à l’ummah ; nous relèverions plutôt de la périphérie.
On ne peut ignorer le danger que porte avec elle, aujourd’hui, et presque à son corps défendant, toute communauté islamique : l’explosion, la renaissance intégriste de l’Islam, le fondamentalisme. Dans les pays musulmans, il est facteur de troubles ; en France et en Europe, il évoque l’ombre du djihad, fût-ce sous la forme épisodique du terrorisme.
L’affrontement entre partisans intégristes et politiques modérés, épris de modernisme a donné lieu à des batailles sanglantes et acharnées : en Iran, bien sûr, mais aussi en Arabie Saoudite (assaut de la grande mosquée de La Mecque le 20 novembre 1979), sans oublier les attentats au Liban, l’assassinat de Sadate en 1981, et l’insurrection de Hama, en Syrie, en février 1982, qui se solda par des milliers de morts.
Or l’intégrisme rencontre en Europe tous les encouragements propres à favoriser son extension : une masse de coreligionnaires déstabilisée, un pouvoir faible, et un peuple d’infidèles. Déjà on peut voir dans nos villes se promener des « sœurs musulmanes » voilées de noir.
Jusqu’à quel point est-il judicieux, dans ces conditions, d’importer et de laisser se développer chez nous une querelle qui ravage le monde arabe?
Pourtant, ce n’est pas le principal danger de l’intégrisme en milieu européen. Les divisions de l’Islam ne nous concernent après tout que par leurs retombées. Il est, par contre, permis, devant les vagues terroristes déclenchées par ces mouvements, de s’interroger sur la manière dont la communauté musulmane s’acquittera de l’obligation qu’a tout bon croyant de faire sa djihad.
L’idéal, comme la doctrine du djihad, a sa grandeur, mais aussi, nonobstant les propos apaisants de certains, ses dangers. Le djihad n’est ni la marque de reconnaissance exclusive de l’Islam caractérisé alors par sa seule intolérance, ni une simple voie pacifique et intérieure qui n’agite que l’âme des paisibles sous. Elle est bien un pilier de l’Islam, un des fondements doctrinaux de son rapport au monde. Le même terme, djihad, désigne à la fois « guerre sainte » et « voie de Dieu » – les deux étant, en l’espèce, synonymes. La guerre, en effet, peut être intérieure : c’est la Grande Guerre sainte que mènent ascètes et autres contemplatifs, combat qui, par les exceptionnelles qualités humaines qu’il exige, limite ipso facto l’usage extensif du mot dans cette acception.
Aussi le djihad est-il surtout compris par le musulman comme la participation à la guerre pour la conversion des infidèles, la défense et l’expansion de l’Islam. Ils ne manquent pas d’encouragements à remplir leurs obligations. Un célèbre hadith ne déclare-t-il pas : « Le sang des héros est plus près du Seigneur que l’encre des sages et les prières des dévots. » Par l’action, le musulman assume un dépassement intérieur comparable aux peines de l’ascèse, et se délivre de l’incertitude, de l’obscurité, de la peur de la mort. Sans même remonter jusqu’à la conquête arabe, force est de constater que le sort des populations chrétiennes en milieu musulman n’est pas enviable : les Turcs ont massacré les Arméniens à deux reprises (1894-1896 et 1915-1918) et la minorité copte d’Egypte est en butte à une persécution continue : son patriarche est aujourd’hui en exil sur ordre du président Sadate. Jean-Pierre Péroncel-Hugoz cite cet extrait d’une lettre d’étudiants coptes : « Nous ne voulons pas être tolérés sur une terre où nous étions chez nous, où nous étions chrétiens, plusieurs siècles avant l’invasion musulmane, nous voulons y avoir l’égalité des droits avec nos compatriotes musulmans. » Aujourd’hui, on peut se demander, en toute sérénité, quel devoir dicterait, à une communauté musulmane importante et solidement implantée en France, la conscience de sa force.
Or, les intégristes se considèrent comme en état de légitime défense ; ils ont conscience du pouvoir dissolvant sur les masses de toutes origines de la civilisation occidentale. Pour eux, la guerre est commencée et l’Occident a porté le premier coup en dissolvant les mœurs et le mode de vie, ce qui met en danger l’identité musulmane. Comment réagiront-ils devant une communauté où se résument tous les caractères sataniques : incrédulité, matérialisme, licence ? D’abord, sans doute en exigeant de restaurer le respect de leur mode de vie que tout, du Ciel à la Terre, leur confirme comme étant le bon face à la dégénérescence occidentale. Famille, habitudes vestimentaires, restauration de l’enseignement coranique, tout peut être envisagé. Nous ne disons pas que ces exigences seront le fait d’une majorité, ni qu’elles seront satisfaites, mais, si elles ne le sont pas, le terrorisme d’Allah s’instaurera, et si la minorité a ses martyrs, la majorité ne la désavouera pas.
L’intégrisme a pour lui la simplicité sans frontières du message coranique. Sur des masses abandonnées à elles-mêmes, sans véritable patrie, et pour qui l’Islam pourra être cette patrie retrouvée, son influence ne peut que grandir.
Collectif du club de l’Horloge dirigé par Jean-Yves Le Gallou
Février 1985
Reprise par Polémia le 5/09/2016 du chapitre 3 de l’ouvrage La préférence nationale : réponse à l’immigration consacré au « Choc de l’Islam ». Editions Albin Michel, 1985.
Image : Le Coran
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