Avec une épreuve de mathématiques notée jusqu’à… 24 sur 20, le baccalauréat prend des allures de bateau ivre. Cette redoutable dérive ne date pas d’hier.
Celle-ci est le fruit de plusieurs décennies de démagogie des uns et de démission des autres : gouvernants, syndicats d’enseignants, associations de parents d’élèves et organisations de lycéens ont trop souvent rivalisé dans la fuite en avant vers la dégradation généralisée de ce diplôme devenu un simple assignat scolaire dévalué au point d’être devenu presque inutile.
Depuis quelques années, le ministère de l’Éducation nationale, enfant abâtardi de l’Instruction publique des « Hussards noirs » de la IIIe République, donne aux correcteurs l’étrange consigne de relever systématiquement les notes des candidats dans de nombreuses disciplines.
Un « rouleau compresseur pédagogique »
Plus inspiré quand il parlait d’enseigner à nouveau à « lire, écrire et compter » correctement, Jean-Pierre Chevènement avait cependant jugé bon de fixer l’objectif absurde de «80% d’une classe d’âge» titulaire du bac, comme si c’était une norme industrielle avec obligation de résultat, comme pour fabriquer des voitures ou des petits pains. Pourquoi pas des classes de 100% de perroquets au langage cloné par les utopistes de la pédagogie ? Le rouleau compresseur démagogique assomme les meilleurs et anesthésie les plus faibles : il n’est utile à personne.
Demain, peut-être en viendra-t-on à remplacer le 110 mètres-haie des compétitions sportives par un 50 mètres sans haie à sauter, affaire d’éviter les claquages musculaires, de ne pas traumatiser les candidats lymphatiques et de ne pas handicaper les asthmatiques… En attendant, la France devient la lanterne rouge de l’Europe dans le domaine scolaire, comme dans d’autres domaines. Et en aval, au nom du vieux slogan soixante-huitard « A bas la sélection », trop d’universités deviennent des parkings à futurs chômeurs, dans une ambiance de suicide collectif…
Source : Liberté politique
04/07/2014