Non, il ne s’agit pas d’un publi-reportage. Mais de l’analyse d’un phénomène étonnant. Loin de tout, mal relié, protégé par ses frontières naturelles, l’Aveyron évolue à rebours du reste de la France : en économie il frise le plein emploi ; en politique, il privilégie l’enracinement et l’identité locale. L’Aveyron, un département post moderne ? J.H. d’Avirac fait le point pour Polémia.
« À deux heures de rien »
Certains territoires peuplés d’irréductibles gaulois n’en finissent pas de nous étonner…Le Monde (dans la « France qui rit » du 7 Fevrier) et Canal + dans la foulée avaient dès le début de cette année consacré une large place au miracle économique aveyronnais qui depuis Rodez (pourtant « à 2 heures de rien ») permettait au département de franchir assez sereinement la crise et de « flirter avec les 5% de chômeurs ».
Au plan politique, paradoxalement, tout laissait penser que le dernier département de droite en Midi Pyrénées allait basculer à gauche… eh bien les cantonales sont venues au contraire conforter l’exception aveyronnaise ! Malgré la vaguelette nationale rose bonbon et une offensive de la gauche locale conduite par Guy Durand (Maire de Millau socialiste) accompagné par Anne Marie Escoffier (Sénatrice, logée au PRG), la droite aveyronnaise non seulement garde la majorité mais consolide de 2 sièges sa position !
Proximité, identité, sincérité
Tout cela bien entendu sans l’étendard UMP et son indissociable épouvantail Sarkozy. On pouvait du reste craindre le pire dans la posture mollassonne du « de droite ou de gauche c’est l’Aveyron qui nous rassemble.. » eh bien ce fut le meilleur : une victoire de la proximité, de l’identité, de la sincérité et du travail en profondeur sur les éternels donneurs de leçons moustachus de la Gauche Larzac ou sur l’arrogance façon collier de perles et foulard de soie de la gauche caviard parachutée.
En bref le bon vieux fond Indépendant et Paysan de l’ancien Rouergue est de retour et cela ravive indiscutablement un côté bien sympathique de l’aveyronnais de souche.
« Il ne faut pas oublier d’où l’on vient »
Bien sûr le Président du conseil Général Jean Claude Luche n’est pas l’aveyronnais Louis de Bonald et il est d’ores et déjà bien clair que ses thèses ne resteront pas dans les livres d’histoire politique. Mais entre Bonald (qui demeurera fidèle à ses idées et les exprimera bien après la Révolution), Luche (qui bouda explicitement J.F. Coppé venu UMPiser la campagne aveyronnaise) et même Bové (l’anti- et non l’alter-mondialiste devenu trop conformiste !) il est un point commun : un esprit rebelle typiquement rouergat.
Ici plus que partout ailleurs on sait que pour aller plus loin, « il ne faut pas oublier d’où l’on vient ».
Ce superbe îlot au milieu des terres, aux frontières inaltérées depuis plus de 3000 ans est décidément bien mûr pour s’inscrire dans la postmodernité : le plus beau viaduc du monde, le 1er département écologique de France grâce notamment à ses énergies renouvelables, une terre et un peuple remarquablement organisé qui rayonnent jusqu’aux terrasses parisiennes les mieux fréquentées.
Aujourd’hui plus que jamais, il est temps de franchir les périphériques encombrés de nos métropoles, nos provinces regorgent d’un potentiel vital exceptionnel dont l’Aveyron est une remarquable expression et une vraie source d’inspiration.
J.H. d’Avirac
03/05/2011
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