Synthèse du livre par Ivan Blot
♦ Donald Trump commence par une profession de foi populiste : « Il est temps de rendre l’Amérique à ses vrais propriétaires : le peuple américain ». Ses ennemis sont les lobbies et l’Establishment.
Introduction
Pour lui, « Les oligarques des lobbies ont pris le pouvoir mais on ne peut pas m’acheter donc je peux dire la vérité. Les lobbyistes politiciens sont des bavards inefficaces et des perdants. Ils mettent leurs mains dans nos poches. Ils confondent les faits et leurs opinions. Ils défendent les immigrants illégaux et ruinent 45 millions de gens des classes moyennes. Les juges prennent la place des politiques qui sont incompétents. »
Il affirme : « En politique étrangère, le président Poutine est le seul leader efficace. Il a réussi avec ses alliés, dont l’Iran, là où Obama a échoué. On a dépensé des milliards au Proche-Orient, on s’est aliéné notre meilleur allié, Israël, et on a capitulé devant l’Iran. »
Nos politiciens manquent du bon sens et de l’intuition propres au businessman que je suis.
« C’est en parlant d’immigration que le peuple a commencé à me suivre car je fus un des seuls à dire la vérité. Je veux arrêter l’immigration illégale, réformer l’impôt pour les classes moyennes, renforcer l’armée, supprimer l’Obamacare en créant la concurrence dans le domaine des assurances sociales, créer la concurrence dans l’éducation, remettre nos infrastructures à niveau. Il faut un chef passionné et plein de bon sens. Le peuple est plein de talents qui ne demandent qu’à s’exprimer. »
Gagner contre les perdants
Les politiciens sont des « ATNA » : « All talks, no actions » : ils parlent et ne font rien. Moi, j’ai construit des immeubles et des golfs, j’ai créé des emplois pour tous et je me moque du politiquement correct. Je sais ce qu’il faut faire pour gagner. J’ai l’expérience, non du politicien mais du gagneur.
La malhonnêteté des médias politiques
En disant la vérité, je dis ce que les gens veulent entendre et méritent d’entendre. Je n’ai pas d’expérience politique, paraît-il ? J’ai l’expérience de quelqu’un qui gagne et qui parle vrai. Je ne supporte pas la malhonnêteté médiatique : les journalistes politiques ne veulent pas informer mais « piéger » leurs lecteurs (« gotcha »). Ils se moquent de nos vrais problèmes : l’immigration illégale, le chômage, la stagnation, le vieillissement de notre arsenal militaire et le terrorisme islamique. Les Mexicains nous envoient leurs gens à problèmes pour qu’on ait les problèmes à leur place ; je n’ai rien contre les Hispaniques et j’en embauche beaucoup mais ils doivent être en règle et travailler.
Les journalistes veulent manipuler pour faire gagner leurs candidats aux élections. Je me limite à connaître ce qui est utile mais dans le détail. Mais les journalistes se fichent des noms des terroristes ; ce qui importe, comme les politiciens, c’est leur nom à eux.
L’immigration : les bons murs font les bons voisins
Trump plaide le bon sens : un pays qui ne contrôle pas ses frontières ne peut survivre. On ne peut pas accepter que des pays nous envoient uniquement des immigrés à problèmes. Beaucoup de gens pensent que l’immigration illégale va tuer l’Amérique : on va perdre notre pays au profit d’étrangers. Il y a des immigrants de qualité et travailleurs, comme ma mère, écossaise, et mon grand-père, allemand.
L’Office statistique montre que nos prisons contiennent 351.000 criminels qui sont entrés illégalement. Les entretenir en prison revient à 1 milliard de dollars. On ne doit pas favoriser les étrangers au détriment de nos concitoyens. Fidel Castro en 1980 a vidé ses prisons et ses asiles d’aliénés et nous a envoyé ces personnes à problèmes. Le Mexique fait un peu cela. Il faut donc construire un mur à la frontière. Personne ne construit de murs mieux que moi : c’est mon métier !
Quand un étranger commet un délit, il faut faire respecter la loi, donc l’expulser, plutôt que de le mettre en prison à la charge du contribuable. Je vais faire tripler la police des frontières : 5000 hommes, alors que New York a 35.000 policiers. Et on a 11 millions d’étrangers illégaux. Un illégal arrêté n’a pas de sanctions : or il doit payer de l’argent ! Il faut rendre l’illégalité non rentable : c’est simple ! Les politiciens qui parlent sans agir (All talks, no actions : ATNA) doivent s’en aller. Nos concitoyens ont droit à la sécurité et la prospérité. Nos priorités : le pays, notre peuple et nos lois.
La priorité est de construire un mur sur la frontière mexicaine. « Personne ne sait mieux que moi construire des murs », dit le propriétaire de la « Tour Trump » à New York. Le pape François a répondu sans beaucoup réfléchir : il faut construire des ponts et non des murs. Lui qui semble n’avoir guère lu de livres d’histoire ignore qu’il défend là le programme mis en œuvre par Hitler en 1940 : construire des ponts partout pour faire passer ses chars d’assaut ! Quant au mur, la France avait édifié la ligne Maginot en Alsace et en Lorraine mais les Belges n’ont pas voulu qu’on construise de mur face à eux : ils trouvaient cela inamical, comme le pape François. Hitler nous a alors envahis par la Belgique où il n’y avait pas de mur ! Beau résultat de nos politiciens pusillanimes !
La politique étrangère : se battre pour la paix
« Je n’ai pas d’expérience en politique étrangère, dit-on ? Ce que je constate c’est que les diplomates, qui sont des bureaucrates, nous font faire des bourdes en série. Si nous jouons le rôle de policiers du monde, il faut au moins se faire payer pour cela ! Il faut aussi renforcer l’armée : la paix a un prix ! L’Allemagne, le Japon et la Corée du Sud sont riches et ne paient rien ! C’est un scandale ! Quand Saddam Hussein a attaqué le Koweit, toute l’élite de ce pays était dans des hôtels de luxe à Paris pendant que nos soldats se battaient pour eux ! C’est une honte mais cela ne dérangeait pas les soi-disant « experts ».
L’Irak ne nous a jamais menacés et on l’a attaqué avec le mensonge des armes de destruction massive ! C’est absurde ! Ce fut une guerre voulue par une petite oligarchie de « néo-conservateurs ».
L’Etat Islamique, voilà un ennemi, et qui utilise des armes chimiques. Il faut bombarder leurs puits de pétrole et envoyer des troupes au sol. Ce sont des barbares mais ils ne sont pas plus de 50.000 : on peut les vaincre. Par ailleurs, notre allié principal est Israël et l’Iran ne doit pas menacer cet allié.
La question centrale de notre politique étrangère pour l’avenir sera de négocier avec la Russie et la Chine. La Chine dévalue sa monnaie et envahit nos marchés. Mais ils ont aussi besoin de nous. La Chine est un adversaire. Je négocierai dur avec eux comme le businessman que je suis. J’ai loué des étages de ma Trump Tower à leurs banques. On s’est mis d’accord. Je sais parler aux Chnois.
Mais il faut arrêter de parler : comme dans les affaires, il faut cacher ses atouts et être imprévisible (comme Poutine sait le faire). Les politiciens bavards ne connaissent rien aux secrets. Ce sont souvent des avocats et non des anciens des services secrets.
« L’armée, ce sont nos héros, il faut bien les payer. Quant aux alliés, y compris les Anglais, ils doivent payer leur sécurité : on n’est pas une vache à lait ! »
L’éducation : la baisse du niveau
Mon père sans diplôme m’a appris deux choses : la valeur du travail et celle d’une bonne éducation.
Le ministère de l’Education doit être réduit au minimum. C’est une affaire à gérer localement.
« Ma meilleure école a été l’Académie militaire de New York. J’y ai appris l’histoire de mon pays et à avoir de la tenue dans mon habillement. La règle était : « Fais-le bien ou refais-le ». On apprend la responsabilité et à être honnête. Je déteste les malhonnêtes et les menteurs, c’est pourquoi je n’ai jamais fait de politique jusqu’à présent. »
Ce qui fait du bien à un enfant, c’est de réussir : il faut des standards élevés et ils auront l’estime d’eux-mêmes. Aujourd’hui, on abaisse le niveau pour faire plaisir aux enfants et aux parents. On détruit l’esprit de compétition. Il faut tout organiser en vue de la compétition, y compris le chèque scolaire. Il faut choisir son école librement. L’obstacle ? Les syndicats d’enseignants. Il vaut mieux bien payer les enseignants mais virer les mauvais éléments, comme dans une entreprise. Il faut restaurer la discipline. Il faut aider les jeunes pauvres avec des bourses. Tout cela doit se faire au niveau local et non fédéral. L’Asie donne des exemples à suivre.
Le débat sur l’énergie : du vent, toujours du vent !
Dans ce court chapitre, Trump critique Obama qui dit que le changement de climat est la plus grande menace sur la planète. Pour Donald Trump, le terrorisme islamique, l’endettement des propriétaires de maison, les 40 millions d’Américains vivant dans la pauvreté sont des problèmes réels et plus graves. Trump ne croit pas que le changement de climat vienne des hommes. C’est un prétexte à taxes et réglementations. Il pense que le gaz de schiste rendra l’Amérique autonome et plaide pour l’industrie du pétrole. Il veut réduire la dépendance pétrolière envers l’Arabie Saoudite qui abrite certains terroristes. Les panneaux solaires et les éoliennes subventionnés sont un gaspillage.
Notre sécurité sociale nous rend malades
Trump dit qu’il a négocié de bons contrats d’assurance maladie et vieillesse pour ses salariés et il veut que tout le monde bénéficie d’un minimum de sécurité sociale. Mais il considère que l’Obamacare est une escroquerie coûteuse et inefficace. 40 millions d’Américains sans assurance sociale, c’est un scandale. Mais il ne faut pas créer un système bureaucratique centralisé pour autant. Il accuse le lobby des assurances qui paie des politiciens. Seule la compétition libre fera baisser les coûts. C’est possible pour un homme politique libéré de l’influence des lobbies.
Les crétins ne comprennent pas que l’économie est essentielle
Les députés n’arrivent même pas à voter un budget car ils se battent entre eux. Obama joue bien au golf avec ses copains mais il ferait mieux de fréquenter des gens qui connaissent l’économie véritable. Si je suis riche, ce n’est pas par hasard.
D’abord, il faut dire la vérité au cœur des Américains et ils adorent cela. Cela les change du politiquement correct qu’ils détestent.
« Quand je parle d’économie, c’est du vécu, pas de la théorie de bureaucrate : mon discours est le produit du bon sens et du réalisme que j’ai acquis en prenant des coups dans la gueule. J’ai souffert et eu des dettes mais je m’en suis sorti plus fort qu’avant. J’ai survécu aux difficultés ; je suis un combattant. Assommez-moi et je reviendrai plus fort et j’adore cela. »
« Le libre marché fonctionne ; il a besoin de chefs mais pas de dictature. Ma priorité va aux 45 millions de pauvres, aux gens de la classe moyenne qui ne peuvent pas acheter leur maison et qui ne peuvent pas payer pour l’éducation de leurs enfants parce que notre système financier est biaisé en faveur des riches. Je connais la valeur d’un milliard de dollars mais aussi la valeur d’un seul dollar !
Tout mon argent vient de mon travail, des projets que j’ai créés dans un métier de construction dur et dangereux. Ceux qui se crèvent au travail ne doivent pas ne pas pouvoir dormir tranquillement. Vers 1990 on a tué la construction avec des taxes et des réglementations absurdes.
On va vers une dette nationale de 20 milliards avec des charges croissantes. Or, il faut faciliter la vie aux petites entreprises car elles créent des emplois. Il faut sauvegarder les retraites des cotisants, sinon c’est du vol ! Il faut s’opposer aux dévaluations des pays étrangers comme la Chine. Je suis un réaliste et je vise la compétitivité. »
Ce sont les gens honnêtes qui gagnent en définitive
« Je dis la vérité car je suis loyal et non payé par des lobbies. Il faut rassembler le peuple autour de la réalité : Washington ne fonctionne pas ; ce sont les businessmen qui créent les emplois ; l’Establishment m’attaque. Moi, je représente les valeurs traditionnelles conservatrices. Je suis par nature conservateur : je crois dans l’éthique du travail et les valeurs traditionnelles, je suis assez économe et je suis pour l’agressivité en politique étrangère et de défense. Je suis contre le gouvernement des juges qui viole l’esprit de la constitution. »
« Je suis pour un mur contre l’immigration, je suis contre le droit du sol, je refuse que l’Iran ait des armes nucléaires. Je suis pour les armes en vente libre pour les citoyens honnêtes (Deuxième Amendement). Je suis fier d’être conservateur et je me distingue des politiciens bavards qui parlent en ne faisant rien, les bavards incompétents. »
Heureux d’être américain
« Je suis né aux USA avec le droit de progresser, à égalité de droit avec les autres, avec le droit de libre parole que je prends au sérieux, le droit de choisir ma religion, le droit de réussir en travaillant dur, le droit de vivre en sécurité.
Je défends les vétérans et les soldats. J’ai organisé et financé une grande parade des anciens soldats à New York avec le maire Giuliani. Je suis scandalisé par l’échec du ministère des Anciens Combattants : des immigrés illégaux ont parfois plus de droits sociaux que nos anciens combattants ; nous avons une dette envers ceux qui nous protègent militairement. »
Le droit de porter des armes
Les deux premiers Amendements sont : la liberté de parole et le droit de porter des armes. Les deux sont inséparables.
La violence criminelle en ville se déchaîne. Ce n’est pas de la faute des armes mais des criminels dangereux. Ils se procurent les armes illégalement. Les criminels ont des droits jusqu’au moment où ils deviennent dangereux pour autrui ; les causes du crime ne sont pas les armes et la réglementation restrictive a échoué. « Je suis fier avec mes fils d’être membre de la NRA (National Rifle Association). »
Nos infrastructures s’effondrent
L’aéroport de New York La Guardia est digne du tiers-monde. Nous sommes les 12e du monde pour l’infrastructure, derrière l’Espagne car nous dépensons trop peu (9% du PIB en Europe et en Chine ; 2,4% chez nous). « Je suis prêt à réparer cela comme je l’ai fait dans mes projets privés ».
Les valeurs
« On me demande comment devenir riche, ce qui veut dire heureux. Les riches ne sont pas nécessairement heureux ni bien moralement. La famille et la religion rendent heureux. L’éthique du travail aussi et ce n’est pas lié à l’argent. J’étais un enfant dur et mes parents m’ont mis à l’Académie militaire de New York : j’y ai appris la discipline de soi. Mon curé à l’église presbytérienne m’a appris à avoir confiance en moi et dans le monde. La Bible est le meilleur livre. Je vais à l’église quand je peux. »
« Nos traditions religieuses ont fait la grandeur de l’Amérique. C’est notre tradition et on s’en détourne : on n’ose même pas dire “Joyeux Noël”. Respecter les croyances des autres, c’est bien mais il faut aussi respecter sa propre identité. On prétend que je suis misogyne. C’est faux et j’exige autant de mes employés hommes ou femmes : je récompense le succès et pénalise l’échec. »
Un nouveau jeu dans la ville
Je n’ai pas peur de regarder mes adversaires dans les yeux. Il faut être fier de ce qu’on vend : je mets mon nom sur mes buildings. Liberté et courage vont de pair. Si vos ennemis n’ont pas peur de vous et si vos alliés n’ont pas confiance, votre crédibilité est de zéro ! C’est le cas d’Obama que Poutine ignore. Je ne fais pas de promesses et mes menaces sont toujours suivies d’effet. Ma parole vaut un contrat. Mon inspiration ce sont les héros de notre passé. Les politiciens ont mauvaise réputation : leur bureaucratie est inefficace. Il faut être un chef : si vous êtes un chef, vos salariés vous suivront.
Le gouvernement doit soutenir la police et l’armée et la justice doit rester à sa place. Il faut restaurer l’autorité du président. La tenue est aussi importante que les actes. Il faut se libérer des milieux financiers et écouter le peuple.
Apprendre aux médias à gagner des dollars avec du sens
Il faut être honnête financièrement et moralement : cela va ensemble.
Un code fiscal intelligent
74.608 pages ! On frappe les classes moyennes et on exempte les riches. Il faut simplifier et ne pas pénaliser le succès. Il faut aider les classes moyennes et les petites entreprises qui créent 60% des nouveaux emplois. Il faut réduire le gaspillage public.
Rendre sa grandeur à l’Amérique
J’ai toujours voulu faire de grandes choses, et de qualité. Mon nom est synonyme de qualité. Washington est inactif et la Cour suprême veut faire de la politique sociale. Créons des emplois, arrêtons l’immigration avec un mur et supprimons le droit du sol. Redonner aux gens leur argent. Regardez ce que j’ai fait par mon travail. L’avenir est à nous grâce à notre peuple.
Qui est Donald Trump à travers son livre ?
Le livre de Donald Trump n’est pas un programme détaillé mais il témoigne de son état d’esprit.
C’est un combattant, formé à l’armée, adorateur de l’armée, ce que l’on ne dit jamais. Pour lui, un chef d’entreprise est un combattant ; en politique, il estime qu’il doit dire la vérité au peuple et considère les politiciens habituels comme des bavards malhonnêtes et inefficaces.
C’est un homme d’origine modeste qui a, on ne le dit jamais, une grande sensibilité sociale, d’où les critiques d’une partie de l’Establishment républicain, libertariens acharnés qui l’accusent de ne pas être un conservateur authentique.
C’est un homme très attaché aux valeurs traditionnelles : la famille dont il parle beaucoup, le goût du travail, l’honnêteté et la franchise, le patriotisme, le christianisme. Pour lui, ce sont les valeurs spirituelles et les héros qui ont fait la grandeur de l’Amérique. Il se méfie des idéologues, notamment en politique étrangère.
Enfin, il fait confiance au peuple seul et se défie des oligarques, des bureaucrates, des lobbies et notamment des médias. Ces derniers le lui rendent bien et cherchent à le déconsidérer.
Il est à tous ces égards l’inverse d’Hillary Clinton, la représentante des oligarques et des lobbies qui la financent, qui joue la carte des minorités ethniques. Trump inquiète d’ores et déjà certaines institutions internationales comme l’OTAN qu’il trouve dépassée et coûteuse pour le citoyen américain. Il n’est pas un va-t’en guerre idéologique mais veut juste défendre l’intérêt national.
Ivan Blot
8/05/2016
Donald J. Trump, Crippled America / How to Make America Great Again, The Threshold Editions, novembre 2015, 208 pages.
(A notre connaissance, ce livre n’a pas encore été traduit en français)
Correspondance Polémia – 8/05/2016
Image : Donald J. Trump